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Πέμπτη 26 Ιουνίου 2014

ΜΙΑ "ΠΕΡΙΕΡΓΗ" ΣΥΜΑΧΙΑ:ΙΡΑΝ-Η.Π.Α. (Μικρή συλλογή άρθρων)

Α)Irak : Alliance USA-Iran ou accord ponctuel contre un ennemi commun ?

Aujourd’hui, 20 juin, la scène irakienne occupe « la une » de tous nos médias locaux, mais l’évènement le plus marquant de ces trois derniers jours est venu des médias occidentaux ; lesquels, après maintes tergiversations sur la complexité des négociations entre l’Iran et le groupe 5+1 [les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne], nous ont surpris par la nouvelle disant que les parties se sont entendues sur la rédaction d’un accord final concernant le dossier nucléaire iranien [1]. Les choses progresseraient donc rapidement. [...].
Que signifie cet accord ? Est-il, d’une façon ou d’une autre, en relation avec ce qui se passe en Irak ? En est-il la conséquence ou le prélude ? Autrement dit, est-ce la conscience du danger devant la situation irakienne qui a poussé les États-Unis à éliminer rapidement les obstacles qui bloquaient les négociations, ou bien y a-t-il eu entente secrète préalable avec l’Iran et, par conséquent, ce qui se passe en Irak vient opportunément concrétiser l’énorme danger que représente Al-Qaïda contrôlant plusieurs provinces irakiennes, pour servir de prétexte à deux voies possibles : réoccuper l’Irak comme le voudraient nombre de Sénateurs américains ; ou déléguer à une puissance régionale, de la taille de l’Iran, la charge de superviser le grand nettoyage de l’Irak des restes d’Al-QaÏda ? [...].
Je ne soutiens pas l’hypothèse d’une entente américano-iranienne préalable qui aurait produit ce qui se passe en Irak, et ceci parce que l’Iran ne prendrait jamais le risque de laisser Al-Qaïda occuper trois provinces irakiennes situées entre sa frontière et la frontière syrienne, abstraction faite du coût élevé politique et moral en centaines de martyrs et de blessés comme nous le constatons depuis quelques jours, pour ensuite les récupérer dans le cadre d’un accord passé avec les États-Unis. Cette explication relayée par certaines plumes à la solde de l’Arabie saoudite, du Qatar et d’autres États du Golfe vise à ternir l’image de l’Iran en suggérant qu’il est désormais « le gérant » des politiques américaines au Moyen-Orient, et qu’il aurait renoncé à ses constantes invariables. Et les voilà, qui commencent à parler d’une « alliance américano-chiite contre les sunnites » et de bien d’autres balivernes, pour brouiller les cartes et nourrir la haine derrière une façade sectaire, alors que les vraies motivations sont strictement politiques [....]
En réalité, ce à quoi nous avons assisté en Irak mérite une analyse rationnelle éloignée de toute émotion, classification, et même de toute définition. Nous sommes évidemment d’accord avec ceux qui considèrent qu’Al-Qaïda, y inclus sa branche au Moyen-Orient [Daech], est une organisation terroriste [...], lequel terrorisme est défini comme « un système de violences systématiques auquel certains mouvements politiques extrémistes ont recours pour créer un climat d’insécurité favorisant leurs desseins » [...]. Mais avec Daech, nous sommes devant un phénomène inhabituel, car la façon dont il s’est comporté au Liban, en Syrie et en Irak est sans précédent dans l’Histoire du terrorisme [...] :
1. La première caractéristique qui distingue cette organisation, de toutes les autres, est d’avoir non seulement inversé les règles du jeu, mais aussi d’en avoir établi de nouvelles. C’est pour la première fois que nous sommes face à une organisation dont les frontières sont illimitées, du moins entre la Jordanie, le Liban, la Syrie, la Palestine, et l’Irak, et qui considère cet espace comme une structure géographique et politique unique ; tous ses fronts étant soumis à un commandement unique et à un plan d’action unique.
2. La deuxième caractéristique est que c’est une organisation dont le plan financier est tout aussi inhabituel, au sens où le cerveau économique qui a choisi de dresser la citadelle de Daech à Deir ez-zor en Syrie, et non à Idleb ou dans la Ghouta de Damas, avait misé d’avance sur ses 100 000 barils de pétrole par jour, sur la possibilité de les écouler via la mafia turque, et aussi sur l’hostilité et la haine du gouvernement turc qui, sous la couverture des prétendus opposants syriens du Conseil puis de la « Coalition d’Istanbul » [CNS], lui permettrait de récupérer la moitié des revenus de la vente au minimum. Maintenant, comme l’affirment les Services de renseignement américains, et d’autres [2], Daech a pu amasser 500 millions de dollars pour sa guerre en Irak et le recrutement de 50 000 combattants.
De même en Irak, si la bataille suprême a été dirigée contre Baïji [3] -la plus grande raffinerie du pays produisant 300 000 barils de pétrole par jour et sans laquelle la crise de produits pétroliers dans la région est assurée- c’est bien parce que là aussi le marché est garanti d’avance, étant donné que les mafias en Jordanie, au Liban, en Syrie, voire dans certaines régions de l’Iran et autour de l’Irak, pèseraient de tout leur poids pour en payer le prix, quand bien même Beïji serait aux mains d’Al-Qaïda ! Nous savons tous que lorsque les États-Unis ont interdit le pétrole irakien à l’exportation, les Américains, les Britanniques, et tous porteurs de valises du marché noir logeaient dans les hôtels de Bagdad et affrétaient leurs bateaux, en pleine nuit, au nez de la prétendue surveillance. Nous savons aussi que d’autres se servaient de bateaux de pêche et d’embarcations « made in Dubaï » dont les réservoirs avaient une contenance de 1000, 5000, ou 10 000 litres pour échapper à toute surveillance [...].
3. La troisième caractéristique est le cerveau tacticien qui fait que Daech sélectionne toujours une position centrale qu’il attaque, puis occupe, et à partir de laquelle il contrôle la zone géographique environnante délimitée d’avance. C’est ainsi que nous avons vu des centaines et des milliers de véhicules chargés d’hommes armés de mitrailleuses lourdes et moyennes entrer à Alep via la frontière turque, à Al-Raqqa, à Deir ez-zor, à Tikrit, puis à Mossoul. Il ne mène pas vingt batailles à la fois mais ouvre un front après l’autre [...].
Nous sommes donc confrontés à des méthodes de travail inédites, alors que les autres organisations terroristes, telles celles d’Al-Nosra, du groupe d’Abdullah al-Azzam et d’autres, mènent des actions que l’on pourrait qualifier d’ « actes gratuits ou suicidaires » vu que leurs combattants sont envoyés sur des opérations hasardeuses qui pourraient réussir ou ne pas réussir. Que l’objectif soit atteint ou pas, s’ils ne sont pas tués, ils tuent ! Tandis que Daech est entré dans Mossoul et Tikrit sans mener une seule opération suicide. Il a neutralisé les barrages de sécurité et a occupé les casernes en un temps record grâce à la complicité de Azzat al-Douri et de son « armée naqchbandie », composée d’anciens officiers bassistes irakiens et majoritairement de confession sunnite, après lui avoir fait miroiter le poste de gouverneur intérimaire de la région centre [...].
Mais si Daech a quitté la Syrie pour se concentrer sur l’Irak, c’est bien parce qu’il a réalisé qu’il allait dans le mur devant une armée syrienne qui remportait victoire après victoire et un peuple syrien, notamment les sunnites, qui l’avait rejeté en refusant son idéologie et son mode de vie et avait décidé de rester dans le giron de l’État. Il a vu les foules de citoyens syriens se précipitant en masse pour élire leur Président, au Liban ; en Jordanie, puis en Syrie, et en a vite tiré les conséquences. Il n’a pas perdu son temps à se frapper la tête contre le mur et raconter des bobards. Réaliste, il a plié bagages et s’est contenté de garder les positions pouvant lui servir de couverture pour l’étape suivante en Irak. Reliant les fronts irakien et syrien, il a gardé Deir ez-Zor dont les puits de pétrole forment l’épine dorsale de son projet futur [...].
Le nouveau Daech « né de l’échec en Syrie » est une organisation politiquement mature, financièrement nantie, géographiquement audacieuse par sa remise en question des règles du jeu et des frontières de Sikes-Picot ; ce qui signifie que sa défaite ne sera pas chose facile et certainement pas par une réaction sectaire !
Mettre en échec le projet de Daech n’est possible que par un esprit politique et moral supérieur qui démantèlerait les sources de son pouvoir, maintenant qu’il a réussi à exploiter la position turque à travers Izzat al-Douri, aujourd’hui disparu de la circulation, et qu’il dispose de plusieurs camps d’entrainement pour des milliers de combattants en territoire turc, grâce au financement du Qatar et de l’Arabie saoudite qui lui ont permis d’occuper cette première place.
Sinon, Daech va devenir une « force populaire » soutenue par 8 millions d’habitants du centre de l’Irak et donc aux frontières de l’Iran, de la Syrie, et du Kurdistan ; les kurdes ayant des velléités séparatistes, la situation irakienne est raisonnablement d’autant plus dangereuse pour L’Irak et perturbante pour la Syrie et l’Iran. Mais l’avancée de Daech ne se limitera pas aux frontières de ces deux pays. À la moindre occasion, son objectif suivant est en Turquie car c’est le passage qui lui permettra d’avancer vers l’Ouest, et en Jordanie car c’est le « flanc mou » du monde arabe et non l’Irak [...]. Une fois en Jordanie, qui ne pourra lui résister plus que quelques heures, Daech ne retournera pas en Syrie, mais se dirigera vers l’Arabie saoudite où il dispose de forces combattantes, de cellules dormantes prêtes, d’autres sources de financement et d’extensions. À partir de là, il partagera le « jeu de la sécurité régionale » avec Israël, lequel paraîtra nécessairement menacé vu ses 680 Kms de frontières avec la Jordanie [...].
D’où les inquiétudes de l’Arabie saoudite, et aussi de l’Égypte qui se trouve face à un dilemme : soit il admet que la priorité des priorités est la lutte contre la menace terroriste, non l’acharnement contre M. Al-Maliki ; soit il s’abstient d’embarrasser l’Arabie saoudite qui a mis dix milliards de dollars sur la table pour que l’Égypte adopte ses prises de position publiques contre la Syrie [...]. Personnellement, je ne parierai pas dans un sens ou l’autre, car je ne dispose pas d’éléments indiquant combien de temps ce pays pourrait encore résister dans ces conditions [...].
Par conséquent, L’Egypte, les États-Unis et l’Europe sont fatigués parce que leur guerre est dans une impasse et qu’ils ne disposent plus de cartes susceptibles de les sortir d’affaire. À M. François Hollande qui déclare que ce qui se passe en Irak est le résultat tragique de « la guerre qu’al-Assad poursuit contre son propre peuple » [4], j’ai déjà répondu par un article bref pour lui dire : « Vous avez raison, car ce qui se passe en Syrie est le résultat de l’hypocrisie de ce que vous appelez la communauté internationale qui prétend lutter contre le terrorisme pendant qu’elle le soutient sans limites en Syrie » [5]. Ce qui se passe en Syrie est le résultat du rassemblement de tout ce que le monde compte comme serpents venimeux dans le seul objectif de détruire l’État syrien sous prétexte d’une politique justifiée par la seule « sécurité d’Israël ». Mais la Syrie ayant triomphé, où voulez-vous que cette colonie virale hautement infectieuse se dirige, sinon vers l’Irak affaibli ?
Les Services du renseignement français ont livré à l’opposition armée des  missiles antichars [6][7], dont une partie s’est retrouvée au Mali, ce qui prouve que Daech était déjà en train de s’organiser ; si bien que désormais toute cette prétendue communauté internationale est face à ses responsabilités. Les États-Unis savent parfaitement qui a utilisé les armes chimiques, qui a tenté de s’en servir comme prétexte pour intervenir en Syrie, qui les fabrique, qui sait les utiliser ; mais, lorsque les enquêteurs de l’ONU ont demandé à voir les images de leurs satellites braqués sur la Syrie, 24 heures sur 24, pour visualiser le missile tombé sur al-Ghouta, ils ont refusé de les leur remettre !
Les États-Unis savent aussi qui est Daech, comment il s’est procuré du gaz sarin, et comment il a tenté de se doter de l’arme nucléaire auprès des réseaux d’Abdul Qader Khan, le « père » de la bombe atomique pakistanaise... Ils en savent beaucoup, ce qui fait qu’ils sont encore plus inquiets que beaucoup d’autres. Ainsi, lorsqu’ils ont suggéré au premier ministre irakien, Al-Maliki, de se lancer dans une opération politique c’est parce qu’ils étaient conscients que le seul moyen de gérer politiquement et militairement cette situation complexe en Irak, passe par un État tranquille possédant les cartes nécessaires pour mener à bien cette entreprise ; ce qui est le cas de l’Iran dont il vaudrait mieux ne plus retarder les nouvelles fonctions au Moyen-Orient [...].
C’est une situation comparable à ce qui s’est passé à La « Conférence de Yalta »  entre les USA et l’URSS au lendemain de la deuxième Guerre Mondiale. Mais, comme l’après Yalta, il ne s’agit nullement d’une alliance, mais d’un accord ponctuel face à un ennemi commun, l’Iran étant la puissance régionale montante capable de gérer le processus politique en Irak et avec Al-Maliki [...]
Nasser Kandil
20/06/2014

Source : Vidéo « 60 minutes avec Nasser Kandil »
Transcription et traduction : Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca

Notes :
[1]  Nucléaire iranien : début de la rédaction d’un accord final
[2] Bourdin Direct: Laurent Fabius – 20/06
http://video-streaming.orange.fr/actu-politique/bourdin-direct-laurent…
[3] Irak : combats entre djihadistes et armée régulière pour la raffinerie de Baïji
[4] Irak, Syrie : Hollande a réuni un conseil restreint de défense
[5] صدق هولاند
[6] Les missiles antichars Milan de fabrication FRANCAISE dans les mains des mercenaires en Syrie
[7] La France a-t-elle déjà livré 
des missiles aux rebelles syriens ?
Monsieur Nasser Kandil est libanais, ancien député, Directeur de TopNews-nasser-kandil, et Rédacteur en chef du quotidien libanais Al-Binaa
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Β) Arnaque médiatique ? L’Iran et l’Amérique s’unissent pour mener la « Guerre au terrorisme » ?



Suite à l’invasion de l’Irak par les rebelles djihadistes de l’État Islamique en Irak et au Levant [EIIL] et la prise de Mossoul, deuxième grande ville du pays, des responsables américains et iraniens se seraient réunis en coulisse à Vienne où, d’après certains médias, ils seraient arrivés à un accord historique : Téhéran collaborera avec Washington pour combattre les rebelles de l’EIIL dans le contexte de la « Guerre de l’Amérique contre le terrorisme ». C’est donc un récit inédit de politique étrangère concernant les relations américano-iraniennes. Est-il vrai ? Est-il faux ? Que s’est-il passé à Vienne ce 16 Juin 2014 ?
Selon Téhéran, il ne s’est rien passé, il n’y a pas eu de négociations.
De plus, par un étrange coup de théâtre, toujours d’après les récits des médias occidentaux, Washington aurait pris la décision de « coopérer » avec Téhéran, malgré le fait que la République islamique d’Iran est classée par le département d’État des États-Unis en tant que « commanditaire du terrorisme d’État » qui héberge des hauts dirigeants d’Al-Qaïda.harbors senior al Qaeda leaders”
« Le parrainage du terrorisme dans le monde par l’État iranien est demeuré intact à travers le Corps des Gardiens de la Révolution Islamique / Force d’Al-Qods [IRGC-QF], son Ministère du Renseignement et de la Sécurité, et le Hezbollah qui est l’allié de Téhéran et qui menace sérieusement la stabilité du Liban et de toute sa région. Le gouvernement des États-Unis poursuit ses efforts pour contrer le soutien iranien aux opérations terroristes par des sanctions et d’autres moyens légaux ». [US State Department, Country Reports on Terrorism 2013]
Curieusement ce « faux » revirement, de la « lutte contre » l’Iran [présumé] soutenir Al-Qaïda à l’actuel « collaboration » avec Téhéran « pour lutter contre Al-Qaïda », n’a fait sourciller personne, ni dans les médias, ni au Congrès US. Malgré ces contradictions apparentes [voir l’analyse ci-dessous] le Secrétaire d’Etat John Kerry, a été catégorique : le gouvernement américain va « communiquer » avec Téhéran pour « contrer les terroristes islamistes ».
Ceci, alors qu’officiellement les deux gouvernements « ne travaillent pas ensemble », et que le présumé accord de Vienne exclut une relation « active » entre Washington et Téhéran, mais néanmoins établit un cadre de collaboration positive, toujours selon les rapports des médias, impliquant l’échange d’informations et de renseignements :
« Ce que j’ai dit [John Kerry] est que nous sommes intéressés à communiquer avec l’Iran pour que les Iraniens sachent ce que nous pensons, que nous sachons ce qu’ils pensent, et qu’il y’ait partage de l’information afin que les gens ne se trompent pas », [(US State Department website: Interview With John Kerry, June 16, 2014, emphase ajoutée].
En réponse à la question: « Voyez-vous une coopération militaire avec l’Iran ? », Kerry a répondu :
« … Je ne voudrais pas exclure quoi que ce soit qui serait constructif pour assurer une vraie stabilité,… Je pense que nous sommes ici ouverts à tout processus constructif qui pourrait réduire la violence, maintenir l’unité et l’intégrité de l’Irak, et éliminer les forces terroristes étrangères qui sont en train de le déchirer en morceaux. [(US State Department website: Interview With John Kerry, June 16, 2014 emphase ajoutée]
Les analystes cités par le Los Angeles Times  disent :
« Les États-Unis et l’Iran sont, au mieux, susceptibles de s’entendre sur une coopération militaire limitée, si le président Obama opte pour une action militaire directe, comme des frappes aériennes, en Irak » [emphase ajoutée].
L’ouverture des États-Unis à l’Iran lors des réunions de Vienne aurait eu lieu le lundi 16 Juin 2014, lorsque le Secrétaire d’État adjoint, William Burns, s’est joint aux négociations sur le programme nucléaire iranien. Il aurait été entendu que « des entretiens sur la menace posée par le groupe extrémiste Al-Qaïda d’inspiration sunnite » aient lieu en marge des négociations sur le nucléaire.
Le sujet ne concernait pas la coordination militaire « ou les décisions stratégiques quant à l’avenir de l’Irak par-dessus la tête du peuple irakien », a déclaré l’officiel US. Au lieu de cela, « nous allons discuter de la façon dont l’EIIL menace de nombreux pays de la région, y compris l’Iran, et de la nécessité de soutenir l’inclusion de l’Iran et de freiner la pression d’un agenda sectaire ». Les officiels américains et iraniens avaient laissé entendre depuis plusieurs jours qu’ils pourraient discuter d’une coopération limitée sur la manière d’agir avec le groupe extrémiste qui s’est emparé des villes irakiennes, Mossoul et Tikrit, la semaine dernière. [Los Angeles Times, June 16, 2014].
TÉHÉRAN NIE L’EXISTENCE D’UN ACCORD AVEC WASHINGTON
 Alors que les médias occidentaux ont concentré leur attention sur la « collaboration » USA-Iran ; de source officielle, Téhéran nie l’existence d’une entente entre les deux gouvernements. Le 16 Juin, le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian [homologue de William Burns], a catégoriquement déclaré :
« La République islamique d’Iran n’a pas eu de négociations avec les Américains concernant une coopération mutuelle en Irak ».
À son tour, le principal conseiller du chef suprême de l’Iran a déclaré :
« L’Iran ne coopèrera pas avec les États-Unis sur la crise en Irak, Téhéran et Washington poursuivent des objectifs différents pour aider la nation irakienne »... Si Washington entend réellement aider l’Irak à lutter contre la violence des Takfiris [EIIL] en cours, il faudrait qu’il commence par condamner le terrorisme et les parties qui soutiennent et financent les terroristes.
Le mercredi 18, le chef d’état-major des forces armées iraniennes, le général Hassan Firouzabadi, a démenti les allégations des médias occidentaux sur une présumée coopération de Téhéran avec les États-Unis en Irak, et a souligné aussi que l’Iran n’a pas déployé de troupes dans ce pays. « La présence de forces iraniennes en Irak n’est pas nécessaire », a-t-il précisé aux journalistes, en ajoutant : «  Il n’y aura pas de coopération entre l’Iran et les États-Unis, c’est un non-sens ». [Fars News, June 20, 2014, emphase ajoutée]
Que s’est-il passé à Vienne en Juin ? Rien ?
OUVRIR LA PORTE A UNE ESCALADE MILITAIRE. VERS UNE NOUVELLE GUERRE IRAN-IRAK?
Ces ouvertures diplomatiques à Téhéran indiquent que Washington cherche à pousser l’Iran vers une intervention militaire active en Irak, une « guerre civile » sectaire déclenchée par les États-Unis.
Quoi qu’il en soit de l’information ou de l’échange de renseignements qui auraient eu lieu entre les États-Unis et l’Iran, ce sera en tous cas soumis à manipulation et tromperie. L’agenda caché de Washington est de pousser l’Iran à s’impliquer militairement, sous son contrôle, pour finalement l’affaiblir en tant que puissance régionale.
Pourtant, il semblerait que Téhéran n’ait pas avalé l’appât. Et du côté iranien, il n’y a pas confirmation d’un quelconque accord de collaboration.
GUERRE D’AGRESSION DES ÉTATS-UNIS : PROTÉGER AL-QAÏDA
Le scénario du Pentagone n’est pas une escalade militaire contre Al-Qaïda. C’est une escalade dirigée contre la population irakienne et le mouvement de résistance en Irak.
Connu et documenté, l’EIIL est une création des Services de renseignement US. Il est soutenu par la CIA, financé par l’Arabie saoudite et le Qatar, en liaison avec Washington. Inutile de souligner que le soutien américain aux organisations d’Al-Qaïda, en Syrie et en Irak, est tout aussi connu par le gouvernement iranien.
Washington n’a pas l’intention de cibler les terroristes de l’EIIL. Bien au contraire, son objectif est d’assurer la protection de l’armée rebelle de l’EIIL soutenue secrètement par Washington. C’est dans ce contexte que Téhéran a répondu en pointant du doigt le Qatar et l’Arabie Saoudite qui financent les brigades terroristes de l’EIIL.
Actuellement, les opérateurs terroristes de l’EIIL se battent, en Syrie, contre les Forces du gouvernement de Bachar al-Assad en liaison avec des agents du Renseignement américain. De leur côté, des Forces spéciales iraniennes, y compris celles du Corps des Gardiens de la Révolution Islamique / Force d’Al-Qods, sont en Syrie dans le cadre d’un accord de coopération militaire entre Téhéran et le gouvernement de Damas.
IRAN : DU STATUT DE « COMMANDITAIRE ACTIF DU TERRORISME D’ÉTAT » VERS UNE « COOPERATION MILITAIRE LIMITÉE” AVEC WASHINGTON ?
En l’espace de 24 heures, selon les déclarations officielles des États-Unis et les rapports des médias, les principes fondamentaux de la politique étrangère des États-Unis, post 11 Septembre, auraient été [temporairement ?] abandonnés.
N’oublions pas que depuis le 11 Septembre 2001, la République islamique d’Iran est listée par Washington en tant que  « commanditaire actif du terrorisme d’État » et prétendu soutien d’Al-Qaïda, statut n’ayant pas été officiellement révoqué ; et que, d’autre part, Téhéran accuse les États-Unis de soutenir et de financer les terroristes d’Al-Qaïda en Syrie ainsi qu’en Irak, et nie l’existence d’un « accord de collaboration ».
En effet, la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice a dit en ces termes : « L’Iran est un pays qui, à bien des égards, a été une sorte de banquier central du terrorisme dans des régions importantes du Moyen-Orient comme au Liban, à travers le Hezbollah, ou dans les Territoires palestiniens, et nous avons de profondes inquiétudes sur ce qu’il fait dans le sud de Irak. »[Cité par CFR, emphase ajoutée]
En outre, en 2011, la cour fédérale d’un district de New York a jugé que l’Iran avait effectivement soutenu Al-Qaïda lors des attentats du 11 Septembre : « Le juge de district George B. Daniels a jugé hier que l’Iran et le Hezbollah ont soutenu matériellement et directement Al-Qaïda lors des attentats du 11 Septembre 2001, et sont juridiquement responsables des dommages subis par les proches des victimes de centaines de familles qui sont les parties plaignantes dans cette affaire ».
Les avocats représentant les familles des victimes du 11 Septembre poursuivent aujourd’hui leur deuxième procès contre l’Iran en déposant des preuves démontrant qu’il aurait joué un rôle clé dans la planification et la facilitation des attentats du 11 Septembre. Le nouveau dossier, Bingham, et al. v. Islamic Republic of Iran et al., a été déposé auprès du tribunal fédéral par les mêmes avocats qui ont plaidé lors du procès Havlish, et al. v. Islamic Republic of Iran, et al. contre la République islamique d’Iran. Il est actuellement en instance devant la Cour du district de Manhattan. Iran 911 Case
Nous irions donc vers un brutal changement ? Selon les rapports des médias occidentaux, l’Iran travaillerait main dans la main avec l’Amérique contre Al-Qaïda. Et suite aux pourparlers bilatéraux ad hoc à Vienne, l’Iran serait appelé à devenir un partenaire de la « communauté internationale » dans la « lutte contre Al-Qaïda » !
Quelqu’un nous ment ou nous prend pour des idiots !
AUTRE BIEN VENUE ARNAQUE MÉDIATIQUE : L’IRAN EST PRÉTENDUMENT EN TRAIN DE «PRÉPARER UNE ATTAQUE TERRORISTE” CONTRE UNE RÉGION DE LA CAPITALE CANADIENNE
Le 16 Juin, les médias occidentaux se sont mis en « overdrive ». Un flot d’articles sur l’accord de Vienne est venu inonder les chaînes d’information : désormais l’Iran va « aider l’Amérique » à mener la « guerre contre le terrorisme ».
Sous le déluge des nouvelles venant d’Irak, les rapports concomitants concernant un Iran « commanditaire du terrorisme d’Etat » ont été à peine remarqués.
En effet, d’après des articles publiés par la presse canadienne ce même jour du dit accord américano-iranien à Vienne [16 Juin 2014], citant des documents de renseignement « fiables », l’Iran se préparerait à mener une attaque terroriste contre la région de la capitale canadienne. Et le National Post de Toronto de titrer : Iran’s ‘anti-Canada rhetoric’ has officials on guard for possible Ottawa area terror attacks.
[En réponse à] « la rhétorique iranienne ascendante contre le Canada », les officiels du Renseignement ont eu à surveiller la République islamique en tant que menace terroriste potentielle pour la région d’Ottawa, comme l’attestent des documents récemment déclassifiés. Alors que la dégradation des relations  diplomatiques entre Ottawa et Téhéran est bien connue, les rapports du Renseignement indiquent, que le gouvernement canadien envisage la possibilité qu’elle puisse mener à des actes terroristes dans la capitale.
Les rapports rédigés par le Centre intégré d’évaluation du terrorisme, ne précisent pas la nature exacte de la menace que Téhéran représenterait pour la région d’Ottawa, mais « par le passé l’Iran a utilisé sa force intermédiaire, le Hezbollah, pour tenter des attaques à l’échelle internationale ».
Les documents soulignent aussi l’implication de l’Iran dans le prétendu complot de l’an dernier pour faire dérailler un train de voyageurs en liaison avec Toronto. La RCMP [Gendarmerie royale] a dit que la conspiration était dirigée par des éléments d’Al-Qaïda opérant à partir de l’Iran. « Les nombreuses hautes institutions du gouvernement fédéral, les ambassades étrangères, les installations militaires, les centres touristiques et les événements spéciaux font de la région de la capital nationale un environnement attirant pour de possibles complots par des terroristes différemment motivés», dit le rapport.
Les rapports du Renseignement intègrent l’Iran dans la liste d’« autres menaces potentielles pour la région de la capitale canadienne » [National Post, le 16 Juin, 2014, emphase ajoutée]
Un autre rapport des médias confirme que :
« Les agences du Renseignement canadien traquent une possible attaque terroriste de l’Iran alors que les tensions entre Téhéran et Ottawa augmentent ».
Le Ministre des Affaires étrangères John Baird a continué à inciter à la prudence vis-à-vis de l’Iran : “Nous n’avons pas vu de notables modifications dans la position du Canada et, par conséquent, ce genre de tension entre Téhéran et Ottawa semble devoir se prolonger », a-t-il déclaré.
Et cette tension suscite la préoccupation des agences du Renseignement. [CFRA, le 17 Juin 2014]
Entretemps, un porte-parole de la Police d’Ottawa a déclaré que le Département de police d’Ottawa aurait besoin de la collaboration du RCMP, de l’OPP, de la Police militaire, de la Sûreté du Québec et la police de Gatineau, ainsi que de leurs partenaires d’Ottawa Paramedics et Ottawa Fire [Ibid]
En supposant pour un instant que les fausses informations canadiennes soient vraies et que l’objectif de l’Amérique soit de combattre Al-Qaïda, pourquoi diable est-ce que Washington solliciterait la coopération d’un pays qui planifierait « prétendument » de bombarder son allié le plus proche : le Canada ; sans mentionner l’appui présumé de l’Iran [basé sur des piles de documents de la Sécurité nationale] à Al-Qaïda dans diverses operations terroristes ?
Assurément que la « menace iranienne » qui pèse sur la région de la capitale canadienne [révélée « avec autorité » par le National Post du 16 Juin 2014 sur la foi de documents « fiables » du Renseignement canadien] aurait dû « ouvrir les yeux » des fonctionnaires du Département d’État US qui avaient invité la République islamique d’Iran à aider l’Amérique dans sa « guerre totale contre le terrorisme ».
Bienvenue donc à la « nouvelle normalité », l’Iran n’est plus un « commanditaire du terrorisme d’Etat », Téhéran ne soutient plus Al-Qaïda, l’Iran est maintenant entrain d’aider l’Amérique à combattre Al-Qaïda.
Combien de temps cette « nouvelle normalité » va-t-elle durer ?
L’agenda secret est d’entrainer l’Iran dans un conflit régional étendu.
Dès que l’Iran commencera à participer activement à la guerre civile en Irak par des opérations militaires dirigées contre la population sunnite, il est très probable que la « communauté internationale » pointera du doigt l’Iran, plutôt que les États-Unis. D’ailleurs, les sections du mouvement de résistance sunnite considèrent d’ores et déjà l’Iran, qui soutient le gouvernement d’Al-Maliki, comme le principal pays agresseur, non les États-Unis.
LES ÉTATS-UNIS SONT « LES PARRAINS DU TERRORISME D’ÉTAT »
En deçà des faux du Renseignement, des allégations des médias, des contradictions et mensonges purs et simples, la vérité sur cette question est la suivante :
  • L’Iran a nié l’existence d’un accord de collaboration avec les États-Unis. Il a condamné le soutien clandestin des Etats-Unis aux terroristes de l’EIIL.
  • Il n’existe aucune preuve que l’Iran était derrière les attentats du 11 Septembre, pas plus qu’il n’est prouvé que l’entité sunnite d’Al-Qaïda ait été soutenue par le « gouvernement chiite » de la République islamique d’Iran.  Pourtant, au cours des 13 dernières années, le consensus politique soutenu par les médias et la communauté du Renseignement est que l’Iran est un «commanditaire du terrorisme d’État ». [Voir US State Department, Country Reports on Terrorism 2013)
  • Alors que l'Iran ne soutient pas Al-Qaïda, il est notoirement prouvé qu’Al-Qaïda, y compris l'EII, est financée par l'Arabie saoudite et le Qatar, et a été soutenue par l’US-OTAN, ainsi que par Israël.
  • Les États-Unis sont un « État sponsor du terrorisme », et il est notoirement su et documenté qu’Al-Qaïda et les organisations dérivées ont été utilisées par l'US-OTAN dans de nombreux conflits comme instruments du renseignement  depuis l'apogée de la guerre soviéto-afghane.
  • En Syrie, les rebelles d'Al-Nosra et de l’EIIL sont les fantassins de l'alliance militaire occidentale qui supervise et contrôle le recrutement et la formation des forces paramilitaires. L’EIIL compte des forces spéciales occidentales dans ses rangs.
  • Les rebelles de l’EIIL sont formés et financés par l'alliance militaire occidentale. Les États-Unis et l’OTAN n'ont nullement l'intention de cibler leurs propres fantassins de l’EIIL, qui mènent une guerre secrète pour le compte des États-Unis en Syrie et en Irak. Les États-Unis veulent préserver et protéger ces forces paramilitaires terroristes.
  • Quelles que soient les actions militaires menées par les États-Unis, elles viseront le mouvement de la Résistance irakienne ainsi que la population civile.
  • L’EIIL est un atout du Renseignement américain, un instrument de guerre non conventionnelle. L'objectif ultime de ce conflit conçu par l’US-OTAN, opposant les forces gouvernementales d’Al-Maliki aux insurgés de l’EIIL, est de détruire et de déstabiliser l'Irak en tant qu’État-nation et d’entraîner l'Iran dans un violent conflit sectaire régional.
  • Ce conflit pourrait engloutir [directement ou indirectement] un grand nombre de pays, dont l’Irak, l’Iran, la Syrie, le Liban, la Jordanie, la Turquie, l’Arabie saoudite, les États du Golfe, et le Pakistan, conduisant à une reconfiguration du Moyen-Orient et de l’Asie centrale [voir la carte ci-dessous]
Carte du projet d’un Nouveau Moyen-Orient : carte non officielle de l’OTAN et de l’US War Academy, préparée par le Lieutenant-Colonel Ralph Peters... Elle a été publiée en juin 2006 par le Armed Forces Journal. [Map Copyright Lieutenant-Colonel Ralph Peters 2006].
Michel Chossudovsky

iranus
Article original en anglais :
Traduction : Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca
Copyright © 2014 Mondialisation.ca

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