Mondialisation.ca, 25 mars 2014
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http://www.mondialisation.ca/les-etats-unis-ont-installe-un-gouvernement-neonazi-en-ukraine/5375013
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Selon le New York Times, « Les États-Unis et l’Union européenne ont épousé la révolution ici comme un autre essor de la démocratie, un coup contre l’autoritarisme et la cleptocratie dans l’ancien espace soviétique ». (After Initial Triumph, Ukraine’s Leaders Face Battle for Credibility, NYTimes.com, 1er mars 2014. C’est l’auteur qui souligne.)
« Essor de la démocratie »?
« Révolution »? La dure réalité est tout autre. Il s’agit d’un coup
d’État appuyé par les États-Unis, l’Union européenne et l’OTAN en
violation flagrante du droit international.
La vérité interdite est que
l’Occident, grâce à une opération clandestine soigneusement mise en
scène, a conçu un régime par procuration intégré par des néonazis.
Les principales
organisations en Ukraine, y compris le parti néonazi Svoboda, ont été
généreusement soutenues par Washington, ce qu’a confirmé la secrétaire
d’État adjoint, Mme Victoria Nuland : « Nous avons investi plus de
5 milliards de dollars pour aider l’Ukraine à atteindre, entre autres,
ces objectifs [...] Nous allons continuer à faire avancer l’Ukraine vers
l’avenir qu’elle mérite. »
Les médias occidentaux ont
tout simplement évité d’analyser la composition et les fondements
idéologiques de la coalition gouvernementale. Le terme « néonazi » est
tabou. Il a été exclu du vocabulaire des chroniqueurs des médias de
masse. Il n’apparaîtra pas dans les pages du New York Times, du
Washington Post ou de l’Independent. Les journalistes ont reçu comme
consigne de ne pas utiliser le terme « néonazi » pour désigner les
partis Svoboda (Liberté) et Pravy Sektor (Secteur de droite).
Composition du gouvernement de coalition
Il n’est pas question d’un
gouvernement de transition au sein duquel des éléments néonazis ont
intégrer la frange de la coalition, officiellement dirigée par le parti
Batkivschina (la Patrie).
Le Cabinet est non
seulement intégré par les deux principales entités néonazies, Svoboda et
Pravy Sektor (sans compter les anciens membres de la défunte
organisation fasciste UNA-UNSO), on leur a également confié des postes
clés qui leur donnent de facto le contrôle sur les forces armées, la police, la justice et la sécurité nationale.
Bien que le parti
Batkivschina de Yatsenuyk contrôle la majorité des portefeuilles et que
le chef néonazi de Svoboda Oleh Tyahnybok n’ait pas obtenu de poste
ministériel important (apparemment à la demande de la secrétaire d’État
adjoint Victoria Nuland), les membres de Svoboda et de Pravy Sektor
occupent des postes clés dans les domaines de la défense, de
l’application de la loi, de l’éducation et des affaires économiques.
Le chef néonazi de Svoboda Oleh Tyahnybok
La secrétaire d’État étasunienne Victoria Nuland avec le chef néonazi de Svoboda Oleh Tyahnybok (à gauche)
Andriy Parubiy [à
droite], co-fondateur du Parti national-socialiste de l’Ukraine (parti
néonazi rebaptisé Svoboda), a été nommé secrétaire de la Commission de la sécurité et de la défense nationale (RNBOU)
(Рада національної безпеки і оборони України), un poste clé chargé de
superviser le ministère de la Défense, les Forces armées, l’application
de la loi, la Sécurité nationale et le renseignement. Le RNBOU est
l’organe de décision central. Bien qu’il soit formellement dirigé par le
président, il est géré par le secrétariat avec un personnel de 180
membres, incluant la défense, le renseignement et des experts de la
sécurité nationale.
Parubiy a
été l’un des principaux dirigeants de la révolution orange en 2004. Son
organisation a été financée par l’Occident. Les médias occidentaux le
surnomment le « kommandant » du mouvement EuroMaidan. Andriy Parubiy,
tout conmme le chef du parti Oleh Tyahnybok, est un adepte du nazi
ukrainien Stepan Bandera, qui a collaboré au massacre des juifs et des
Polonais durant la Seconde Guerre mondiale.
Marche en l’honneur du néonazi Stepan Bandera
Pour sa part, Dmytro Yarosh, chef de la délégation de Pravy Sektor au parlement, a été nommé secrétaire adjoint de Parubiy à la RNBOU.
Yarosh était le chef du
groupe paramilitaire des chemises brunes néonazies durant les
« manifestations » du mouvement EuroMaidan. Il a appelé à dissocier le
parti des régions et du parti communiste.
Discours de Dmytro Yarosh à Euromaidan (Centre)
Le parti néonazi contrôle également le processus judiciaire avec la nomination d’Oleh Makhnitsky du
parti Svoboda au poste de procureur général de l’Ukraine. Quelle sorte
de justice prévaudra avec un néonazi renommé en charge du Bureau du
Procureur de l’Ukraine?
Des postes au Cabinet ont
également été attribués à d’anciens membres de l’Assemblée nationale
ukrainienne – Autodéfense nationale ukrainienne (UNA-UNSO), une
organisation néonazie marginale:
« Tetyana Chernovol,
que la presse occidentale dépeint comme une journaliste d’enquête
militante sans faire référence à son implication passée dans
l’organisation antisémite UNA-UNSO, a été nommée présidente du comité
gouvernemental anticorruption. Dmytro Bulatov, connu
pour son enlèvement présumé par la police, mais aussi pour ses liens
avec UNA-UNSO, a été nommé ministre de la jeunesse et des sports.
Yegor Sobolev, chef d’un groupe de citoyens de la place de l’Indépendance et politiquement proche Iatseniouk, a
été nommé président de la Commission d’épuration, chargée de purger du
gouvernement et de la vie publique les adeptes du président
Ianoukovitch. (Voir Ukraine Transition Government: Neo-Nazis in Control of Armed Forces, National Security, Economy, Justice and Education, Global Research, 2 mars 2014)
Le Comité d’épuration
organisera la chasse aux sorcières contre tous les adversaires du
nouveau régime néonazi. Les cibles de la campagne de purges sont des
personnes en position d’autorité au sein de la fonction publique, des
gouvernements régionaux et municipaux, de l’éducation, de la recherche,
etc. Le terme « épuration » fait référence à la « disqualification
massive » des personnes associées à l’ancien gouvernement. Il a
également des connotations raciales. Selon toute probabilité,
l’épuration sera dirigée contre les communistes, les Russes et les
membres de la communauté juive.
Il est important de
réfléchir sur le fait que l’Occident, officiellement dévoué aux valeurs
démocratiques, a non seulement orchestré la chute d’un président élu,
mais il a également instauré un régime politique intégré par les
néonazis.
C’est un gouvernement par
procuration permettant aux États-Unis, à l’OTAN et à l’UE d’interférer
dans les affaires intérieures de l’Ukraine et de démanteler ses
relations bilatérales avec la Fédération de Russie. Il faut cependant
comprendre que ce ne sont pas les néonazis qui mènent le bal. La
composition du Cabinet coïncide largement avec les « recommandations »
qu’avait faites la secrétaire d’État adjoint des États-Unis, Victoria
Nuland, à l’ambassadeur américain en Ukraine lors d’un appel ayant fait
l’objet d’une fuite.
Washington a choisi de
mettre les néonazis dans des positions d’autorité. En vertu d’un
« régime de gouvernance indirecte », ces derniers prennent toutefois
leurs ordres du département d’État étasunien, du Pentagone et de l’OTAN
en ce qui concerne les décisions cruciales en matière de politique
étrangère et militaire, dont le déploiement de troupes contre la
Fédération de Russie.
Le monde est à un carrefour
dangereux: Les structures et la composition de ce gouvernement par
procuration installé par l’Occident ne favorisent pas le dialogue avec
le gouvernement et l’armée russes.
Un
scénario d’escalade militaire menant à la confrontation entre la Russie
et l’OTAN est tout à fait possible. Le RNBOU, contrôlé par les
néonazis, joue un rôle central dans les affaires militaires. Dans la
confrontation avec Moscou, le RNBOU, dirigé par le néonazi Parubiy et
son adjoint chemise brune Dmytro Yarosh, pourrait prendre des décisions,
en consultation avec Washington et Bruxelles, pouvant avoir des
conséquences dévastatrices.
Cependant, il va sans dire
que l’« appui » des États-Unis à la formation d’un gouvernement néonazi
n’implique aucunement le développement de « tendances fascistes » au
sein de la Maison Blanche, du département d’État et du Congrès.
« L’essor de la
démocratie » en Ukraine, pour reprendre les termes du New York Times,
est approuvé par les républicains et les démocrates. Il s’agit d’un
projet bipartisan. Rappelons-nous que le sénateur John McCain est un
fervent partisan et ami du chef néonazi de Svoboda, Oleh Tyahnybok
(image à droite).
Michel Chossudovsky
Michel Chossudovsky est directeur
du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de
sciences économiques à l’Université d’Ottawa. Il est l’auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en plus de 20 langues).
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