Frédérique Tabaki-Iona*
Le siège de Tripolizza. Gravure de Panagiotis Zografos pour les Mémoires de Yánnis Makriyánnis. |
Texte intégral en libre accès disponible depuis le 01 février 2008.
- 1 Voir A. Dimopoulos,1962, L’opinion publique française et la révolution grecque (1821-1827), Nancy, (...)
- 2 R. Canat, 1911, La renaissance de la Grèce antique (1820-1850), Paris, Hachette, p. 10.
- 3 G. Isambert, 1900, L’indépendance grecque et l’Europe, Paris, Plon-Nourrit, p. 322.
- 4 Bataille navale et destruction des flottes turque et égyptienne dans la rade de Navarin (20 octobre (...)
1La révolte grecque qui éclate en 1821 et se prolonge jusqu’en 1827 est une guerre d’indépendance contre l’occupant turc, donc une lutte pour la liberté.
Autant que les mouvements révolutionnaires « libéraux » d’Italie et
d’Espagne, cette lutte attire la méfiance, voire l’hostilité, de la
politique monarchique des nations qui constituent la « Sainte
Alliance », le clergé se faisant l’auxiliaire de cette politique. Mais
un mouvement intellectuel et populaire agit en contre-pouvoir et prend
de l’ampleur en peu d’années. L’étude du philhellénisme1
révèle en effet que, selon les sources documentaires utilisées ou selon
des tendances ou des choix personnels, les historiens mettent l’accent
sur tel ou tel moteur de ce courant mais qu’ils aboutissent tous au
constat d’un retournement politique. L’influence des idées de la
Révolution française, la diffusion du libéralisme politique avec le
sentiment d’un devoir des Français vis-à-vis de la liberté des peuples,
le sentiment traditionnel de respect envers la Grèce du passé et
l’hellénisme classique, mais aussi les intérêts matériels des régions
commerciales et maritimes, accompagnent un « philhellénisme mondain avec
fêtes, sauteries, quêtes à domicile, concerts de charité, expositions
de tableaux, comédies jouées à propos de pallicares »2
et un philhellénisme religieux, qui apporte son soutien aux Grecs
chrétiens contre les Turcs musulmans. Tous ces aspects, illustrés,
amplifiés par l’esprit romantique de cette période, représentent les
différentes expressions de ce philhellénisme qui a, en France,
« le plus pesé sur le gouvernement réfractaire, l’amenant peu à peu, à
force de pression, à s’agréger à la Triple Alliance »3.
Car c’est bien sous la pression des opinions favorables aux révoltés
grecs que la position initiale de plusieurs puissances européennes subit
un changement progressif pendant la durée de leur lutte pour la
libération. L’aide européenne, avec la « triple entente » entre Russes,
Anglais et Français, aboutit à l’intervention décisive de ces trois
puissances à Navarin4
en faveur des insurgés violemment réprimés, empêche l’anéantissement
qui les menaçait et débouche sur une réorganisation de la Grèce en tant
que pays indépendant. Un tel retournement politique demande explication.
Ne viendrait-il pas, en partie, de la pression du sentiment religieux
populaire sur les gouvernants ?
Catholiques et orthodoxes : un vieux clivage
2La
liberté religieuse accordée par le règne du sultan à la population
grecque chrétienne n’a fait qu’agrandir le large fossé séparant les
occupants et les sujets et empêcher toute assimilation des Grecs par les
Turcs, malgré quatre siècles de domination ottomane. Le sentiment
religieux des Grecs, lié à la culture et à la tradition chrétienne
orthodoxe, constitue un des éléments primordiaux du fond idéologique de
la résistance nationale grecque. Les religions différentes ont créé une
division profonde entre les occupants et les occupés, une fracture qui
accentue leur dédain mutuel et légitime leur haine.
3En même temps, l’opposition dogmatique et institutionnelle entre l’église grecque et l’église romaine, engendrée par le schisme d’Orient (11e-13e s.),
a suscité un antagonisme durable au sein de la religion chrétienne,
bien que cette opposition fût atténuée par exemple lors des guerres
turco-vénitiennes en Méditerranée orientale, les Vénitiens se présentant
pour les Grecs comme des alliés et des libérateurs potentiels.
Pourtant, l’ancien schisme justifie encore les préventions de l’église
romaine à l’égard de la lutte des Grecs. Ces divisions, qui perdurent
jusque dans le philhellénisme français, sont imprégnées d’un fanatisme
et d’un sectarisme qu’on peut expliquer par des conditions
socio-historiques. Mais il existe aussi des problèmes de pouvoir.
4Les
monarchies européennes sortent du traumatisme causé par la Révolution
française et l’expérience napoléonienne des « nationalités ». Les
poussées indépendantistes les inquiètent au plus haut point ; sans doute
une autonomie conquise par les Grecs serait-elle de mauvais exemple…
Les cabinets politiques et les chaires catholiques mettent en avant,
contre la poussée libérale et en l’associant à la fidélité aux
alliances, la notion de « légitimité ». Tel est en France le cas de
Villèle, premier ministre en 1821. La presse d’opposition le lui reproche assez :
- 5 Les Tablettes Universelles, t. 11, 1821, p. 159.
Les colonnes des journaux de tous les partis sont remplies de nouvelles de Turquie ou pour mieux dire de Grèce. On ne parle dans tous les lieux de rassemblement que des affaires du peuple malheureux qui s’efforce de reconquérir la liberté de ses célèbres aïeux. En vain l’on a d’abord voulu peindre leur généreuse insurrection sous des couleurs odieuses […] ; en vain l’on a prononcé le mot de légitimité, mot ridicule et banal dans une pareille occasion, et qui semble supposer qu’il peut y avoir un esclavage légitime ; tout ce qu’on a pu faire pour éloigner de la cause des Grecs a inspiré pour eux le plus vif et le plus tendre intérêt. [...] On s’est souvenu qu’ils sont chrétiens comme nous et de toutes parts on a fait des vœux pour leur délivrance5.
5Même écho dans L’Aristarque français,
cinq ans plus tard : le temps des Croisades idéalisé et magnifié est
rappelé avec nostalgie par ce journal qui évoque « ces monarques
religieux dont le front se chargea de casque, dont le bras s’arma de la
lance pour aller sur les lieux saints venger l’honneur de la croix »,
aux fins d’établir un parallélisme critique au détriment de la monarchie
contemporaine :
- 6 22 mai 1826, p. 2a-3a.
Alors la religion était tout, l’intérêt rien. Aujourd’hui la religion est sacrifiée à l’intérêt ; et parce qu’on a établi avec raison la conservation des trônes sur la légitimité, on étouffe dans son cœur les sentiments les plus nobles et les plus généreux, et le sabre d’un barbare est lui-même une légitimité. Les Grecs sont des rebelles, dit-on ; s’ils ne sont pas des rebelles, ils ne sont pas de notre Église : qu’importe qu’ils périssent6.
6De
la même manière mais sur l’autre bord, les arguments opposés à une
intervention française contre la répression ottomane ne sont pas
seulement politiques mais religieux. Le catholicisme officiel
considèrerait-il encore les Grecs comme des chrétiens schismatiques ?
Témoin l’extrait suivant d’une Histoire ecclésiastique, imprimée en 1821 à Lyon, chez Ruzan, histoire qui, selon Le Constitutionnel,
« sous M. d’Hermopolis, ministre de l’Instruction publique, est
enseignée dans toutes les écoles et petits séminaires du diocèse de
Châlons-sur-Marne » :
- 7 Le Constitutionnel, 11 avril 1826, p. 2a.
Ainsi périt l’empire grec de Constantinople, après avoir duré plus de onze cents ans depuis le grand Constantin. Ce fut une punition manifeste de l’opiniâtreté des Grecs schismatiques. Ils n’ont pas voulu reconnaître l’autorité du successeur de Saint-Pierre, et ils sont tombés sous le joug des infidèles, de qui ils n’ont jamais dû attendre que l’oppression et l’esclavage7.
- 8 J.-E. Gautier, Ipsara, chant élégiaque, Paris, Le Normant Père, 1824, p. 9-10.
7Cette
obsession de la « faute » orthodoxe pousse même certains catholiques à
pratiquer une sorte de chantage. C’est ainsi qu’un thème récupérateur
s’insinue dans le courant philhellène. Des appels aux puissants de
l’Europe, à l’Église et même au Pontife, « père des chrétiens », sont
adressés de toutes parts, en faisant allusion à la réunion des deux églises, orthodoxe et romaine, tenues séparées par le schisme. Plusieurs proposent la soumission de l’église
d’Orient, « pour payer » les bienfaits de l’aide apportée8. D’autres
réagissent devant cette ambition : dans le périodique Le Globe, les commentaires qui accompagnent le chant Quête pour les Grecs de Delphine Gay, adressé surtout aux « pontifes bienfaisants, protecteurs de l’Église », se référant à un article du Drapeau blanc
du 8 septembre 1825, expriment avec vigueur l’indignation que cause le
marché des croyances mené par ces « nouveaux catholiques », qui
détermine leur position vis-à-vis des Grecs orthodoxes toujours pris
pour des schismatiques :
- 9 Homme politique grec, héros de la Révolution.
- 10 20 septembre 1825, p. 831.
Pas un ne songe qu’un peuple entier meurt victime de sa religion [...]. On prêche sans cesse le retour vers la religion catholique, des écrivains se liguent en croisés pour son triomphe, et on laisse de sang-froid se séparer pour jamais du sein de cette unité tant célébrée des populations de vieux chrétiens qu’un seul mouvement de compassion y eût ramenés peut-être ; on abandonne au protestantisme l’honneur de les couvrir de sa protection ; il est vrai que c’est la conviction qui manque surtout aux nouveaux catholiques ; et que, tourmentés d’une seule pensée, celle de la domination temporelle, ils font bon marché des croyances et des croyants, et ne s’inquiètent guère de la propagation de ce qu’ils prêchent pourtant comme la vérité. Le vieux catholicisme gallican s’est du moins honoré par une conduite plus conséquente ; impuissant pour diriger le jeune clergé, il n’est pas du moins resté insensible et muet : on n’a point vu surtout ses écrivains commander l’union au saint-siège comme condition sine qua non de leur pitié, et saisir, à l’exemple d’un des plus ardents prédicateurs de l’ultramontanisme, un moment de silence entre les cris des victimes d’Anatolicon et de Missolonghi, pour outrager le courage malheureux et, du sein des loisirs paisibles et heureux de la capitale de la France, insulter à Mavrocordatos9 et traiter d’enfants et de lâches des hommes dont le sang a marqué tous les champs de bataille de la Grèce et qui ont sacrifié toute leur fortune à leur cause et leur patrie10.
8Concernant
les idées libérales, une curieuse argumentation s’ajoute en
complément : si la presse gouvernementale accuse libéraux et
bonapartistes trop inspirés par les « Lumières », c’est à cause des
conséquences antichrétiennes que la philosophie fait subir aux Grecs. La
nouvelle que des Français, embrassant l’islamisme, se seraient battus
dans les rangs des troupes d’Ibrahim contre les Grecs à Missolonghi
amène, dans L’Étoile, la conclusion suivante :
- 11 L’étoile, 11 avril 1826, p. 2a-b.
Les cris des Grecs égorgés s’élèvent contre les indignes Français qui, suivant les exemples de Buonaparte et d’Abdala Menou, ont adopté la religion de Mahomet et renié celle du Christ ; le sang des Grecs accuse cette philosophie impie du 18e siècle qui n’a cessé de déclamer contre les croisades et qui a détruit partout la pitié que devaient inspirer des chrétiens. Les véritables ennemis des Grecs sont les hommes qui ont cherché à éteindre le christianisme dans les cœurs et qui ont épouvanté le monde de leurs détestables maximes11.
- 12 Ibid., 12 avril 1826, p. 2a-b.
- 13 F. Ducos, 1826, La Mort de Lord Byron, Toulouse, Recueil de l’Académie des jeux floraux, p. 6.
- 14 Le Courrier français, 14 mai 1826, p. 2a.
9Bref,
si nous n’avons pas pitié d’eux, c’est la faute à Voltaire : « Sans la
philosophie, les Grecs auraient trouvé des cœurs chrétiens, et leurs
ennemis auraient été chassés d’Europe. »12
Ce sont pourtant les rois sacrés et les cabinets politiques, l’Église
et ses prêtres qui sont décrits comme indifférents à « leurs frères
chrétiens contemplant le massacre »13 ; il est question d’hypocrisie, de « dévotion menteuse »14 :
- 15 Les Tablettes Universelles, t. 57, janvier 1824, p. 6.
Ils [les Grecs] ont résisté à la manière de l’héroïsme contre le nombre ; ils ont changé la pitié en admiration, déconcerté les protecteurs ambitieux, et obligé la diplomatie à s’agiter pour eux […]. Quoi, des chrétiens se battaient en Europe pour la croix, et les prétendus défenseurs de l’autel ne prenaient pas la défense de l’évangile contre le coran15 !
10Chateaubriand
lui-même n’est pas épargné. Ministre plénipotentiaire en Prusse puis à
Londres, puis ministre des Affaires étrangères s’alignant sur la
politique réactionnaire de son gouvernement, ce n’est qu’en s’éloignant
du ministère en juin 1824 qu’il effectuera son retour à ce
philhellénisme (Note sur la Grèce, 1825) qu’il avait contribué à lancer avec son Itinéraire de Paris à Jérusalem, publié en 1811.Henri de Latouche envoie au ministre une épitre cinglante :
- 16 Revue encyclopédique, 1824, t. 23, p. 717.
Ô poète, ô chrétien ! tu vis donc sans frémir
La Grèce palpiter sous les pieds d’un émir ! [...]
Quoi ! l’affranchi d’hier, faut-il qu’il se confonde
Aux mentors aveuglés des possesseurs du monde16 !
- 17 1826, t. 27, p. 61-62.
11La
non-intervention officielle finit par déchainer contre elle une
véritable vague de protestations jusqu’à ce qu’à la fin de 1826 se
produise le complet revirement souhaité. Une vraie campagne de reproches
s’est organisée. La Revue encyclopédique, dans un article
signé de Sismondi, exprime l’inquiétude que présente le spectacle
tragique des défaites et des malheurs accablant des frères chrétiens,
spectacle qui domine l’actualité et démontre pour leur drame un
« intérêt qui absorbe tous les autres »17 ;
la politique suivie par la Sainte Alliance y est considérée comme
responsable de « la paix des tombeaux ». L’auteur n’hésite pas à
« dénoncer les crimes des chrétiens de l’Occident » :
- 18 Ibid.
Ils sont effroyables, écrit-il. Un jour, sans doute, ils seront appelés en témoignage contre tous, lorsque la postérité voudra juger ce temps d’hypocrisie, où le nom de religion est invoqué par tous les hommes en pouvoir, où toutes les chaires retentissent de dénonciation contre l’impiété de ceux qu’on persécute et où les persécuteurs, non par fanatisme, mais par un froid calcul d’intérêt personnel, ont demandé le sacrifice de quelques centaines de milliers de victimes18.
- 19 Le Spectre de Missolonghi parle ainsi : « Et nous périrons tous... Mais, Ô lâches Chrétiens, / Vous (...)
12Les
Français complices de la répression turque, le gouvernement
monarchique, lui aussi complice, et plus généralement tous les
« lâches
chrétiens »19, doivent être mis en face du martyre subi par les
chrétiens grecs. Il faut, d’abord et avant tout, laver la honte :
- 20 Journal du commerce, 25 mai 1826, p. 1b-c.
Ces secours qu’on réclame de nous, ce n’est pas une générosité que nous faisons, c’est une dette sacrée qu’il faut acquitter. Notre religion nous l’ordonne, car les Grecs sont chrétiens ; l’humanité le veut, car ils sont malheureux ; la politique le conseille, car ce sont des opprimés qui luttent contre l’oppression ; l’honneur national l’exige, car nous avons à laver la France de l’opprobre dont quelques-uns de nos enfants la souillent en s’unissant aux bourreaux de nos frères d’Orient20.
Des frères en chrétienté selon le sentiment populaire
- 21 La Pandore, 30 juin 1824, n° 351, article sur « Les Chants populaires de la Grèce moderne » de C. F (...)
13Sans
négliger les autres expressions, causes ou forces créatrices du
philhellénisme enthousiaste du peuple français, liées d’ailleurs de
façon complexe, notre champ d’étude se limite aux aspects religieux, à
l’expression de l’indignation qu’engendrent les violences du dominateur,
l’« infidèle » musulman, et surtout à l’esprit de solidarité entre
chrétiens traités en coreligionnaires. Si la révolte des Grecs pour leur
affranchissement engage les libéraux français, qui la considèrent comme
l’évènement indispensable pour « attirer l’attention de tout ce qui
porte le nom d’homme »21,
c’est surtout l’image majeure de la petite nation grecque chrétienne
révoltée contre le joug du puissant empire des « barbares Mahométans »
qui pousse les Français, indépendamment des partis politiques, à prendre
position sur cette lutte entre deux nations de civilisations si
différentes. Dans ce heurt des cultures entre, d’une part, le
christianisme, la morale chrétienne et une culture fondée sur
l’humanisme classique et, d’autre part, un « mahométanisme » honni,
l’ensemble (ou presque) de l’opinion publique, royalistes modérés comme
ultras, libéraux et républicains, bonapartistes, intellectuels,
libres-penseurs, prennent parti pour les Grecs considérés comme des
frères, dont on loue la volonté de se libérer du long esclavage imposé
par le grand Empire des Turcs qui a tant menacé l’Europe.
- 22 « La Chrétienté laissera-t-elle tranquillement les Turcs égorger des Chrétiens ? » (Chateaubriand, (...)
- 23 « Où me conduisez-vous ? J’ai des droits au martyre ; / J’ai sur mon front reçu l’eau sainte des Ch (...)
14Pour
rendre sensibles les Français et, au-delà, les gouvernants à la cause
des Hellènes, les philhellènes invoquent certes le droit d’un peuple
esclave à conquérir sa liberté (discours des idées libérales) ; mais,
très vite, ils décrivent aussi un affrontement socioculturel. Celui-ci,
alimenté par le despotisme et les actes de cruauté des Ottomans, devient
la source de stéréotypes sentimentaux très diffusés (discours de type
religieux). Le christianisme évoqué comme religion commune, Chrétienté d’Occident répondant à Chrétien d’Orient22, et le thème récurrent du martyre23
se constituent en outil argumentatif majeur en faveur des révoltés.
Tous les milieux sont atteints, y compris les plus légitimistes.
Lorsque, sous l’intensité de la pression philhellène, Le Drapeau blanc,
fort royaliste, dresse en 1826 un bilan de la politique suivie à
l’égard des Grecs, il exprime sa critique sans aménité (mais le motif
récupérateur transparait nettement) :
- 24 Le Drapeau blanc, 20 avril 1826, p. 1a-2a.
La Sainte Alliance a commis, selon nous, une faute politique, et Rome une faute religieuse, en ne s’emparant pas sur le champ du protectorat des Grecs et en cédant au libéralisme le rôle qu’elles eussent dû remplir […]. Dans la crainte de donner gain de cause à la révolution, l’Europe religieuse et monarchique s’est arrêtée tout court […]. On a comprimé les sentiments de la cour de Rome et contenu l’élan du clergé catholique qui, s’il eût prêté, selon ses intérêts et son inclination, un si grand appui aux Grecs, aurait pu hâter l’union si désirable des deux Églises, malgré la Russie. Et peut-être celle-ci aurait-elle été entrainée dans le grand mouvement par lequel la chrétienté serait redevenue tout entière catholique24.
- 25 Revue Encyclopédique, 1826, t. 31, p. 230.
15L’admiration
pour les martyrs fait fi de ces arrière-pensées. Pendant les moments
critiques de leur lutte, l’attachement des Grecs au principe de la
liberté et aux credos de leur foi, malgré la voie de l’apostasie et du
reniement que leur offraient les oppresseurs ottomans, provoque des
élans admiratifs chez les Français et accroit leur volonté de voler au
secours des révoltés. À propos des maux subis par les Grecs, il est noté
que « pas un de ces nobles martyrs n’a renié la divinité du Christ »25. De même, dans ses Helléniennes, A. Le Flanguais écrit :
- 26 « Missolonghi », Œuvres poétiques, Paris, Derache, 1850, t. 1, p. 121.
Le courage est toujours réveillé par la foi ;
Jamais de vrais chrétiens ont-ils connu l’effroi26 ?
16Aussi, dès les premières agitations insurrectionnelles en Grèce, un journal royaliste, La Foudre, lançait-il un appel à croisade contre le « farouche Mahométan », où l’on trouve le couplet ironique d’un Appel en faveur des Grecs contre leurs inconstitutionnels tyrans :
- 27 D’un lecteur anonyme de Bordeaux, La Foudre, n° 35, octobre 1821, p. 141-142.
Frères, marchons à la croisade,
Emportés par un noble élan,
Allons mettre en capilotade
Le farouche Mahométan ! (bis)
Pleins d’une belliqueuse ivresse,
Du triomphe nous répondons,
Oui, Turcs, sur vous si nous fondons,
Vous êtes tous frits dans la Grèce27.
17Dans le même journal, la nouvelle de l’insurrection grecque est accueillie avec enthousiasme ; il s’y publie une Ode aux Grecs modernes,
où un « étudiant de droit » distingue la révolte grecque des incidents
révolutionnaires d’Espagne, de Naples et de Piémont ; à son propos il
n’hésite pas à invoquer saint Paul :
- 28 Ibid., n° 18, 1821. Voir Tabaki F., 1993, op. cit., p. 9-11.
Combattez !... Si vos cœurs de la foi de vos pères,
Ne cherchent que la Gloire et des temps plus prospères,
Dieu guidera vos coups !
Dans l’âme des tyrans il jettera la crainte…
L’apôtre des Gentils se souvient de Corinthe :
Il veillera sur vous28.
- 29 Revue encyclopédique, 1827, t. 33, p. 126.
- 30 A. Le Flanguais, 1950, « La Liberté ou les Grecs », Œuvres complètes, Paris, Derache, p. 128. (...)
18Le
mélange d’éléments différents du passé fait que le poète invoque en
arrière-plan la résistance des Hellènes à Xerxès. Dans d’autres textes,
il est question de « Léonidas chrétiens »29 ou d’un « nouveau Miltiade »
appelé à défendre la croix insultée par l’« odieux croissant »30 :
effort romantique pour concilier des symboles et des attitudes puisés
dans la tradition classique comme dans la foi chrétienne. Afin
d’entrainer l’opinion et les États dans un seul ensemble, le mouvement
de mobilisation fait ainsi appel à de multiples amalgames.
Une croisade libérale-chrétienne
- 31 Cappot de Feuillide,1825, Ipsara, Toulouse, Recueil de l’Académie des jeux floraux, M.-J. Dalles, p (...)
- 32 V. Hugo, Ode « À mon père », La Muse française, 4 octobre 1823, I-03, p. 142.
19L’amalgame
le plus inattendu et le plus évident est celui de prêcher ensemble,
liés ou confondus, principes chrétiens et principes libéraux, dans des
apostrophes ou des emplois métonymiques comme : « Chrétiens, vengez vos
frères, vengez les droits des nations »31, ou bien : « La Grèce aux Rois Chrétiens montre sa croix esclave »32.
Les Français, sans l’appui du clergé et contre l’indifférence de leur
Église « muette », lancent des appels pour défendre leurs
coreligionnaires chrétiens en proclamant le droit des nations à
l’indépendance et des peuples à la liberté.
20C’est
en ces termes que la nouvelle des massacres de Scio, objet de nombreux
articles, poèmes, chansons et tableaux (Delacroix, 1824), soulève
l’indignation populaire. Parmi les 76 sixains de M. Guerrier de Dumast,
suivis de notes qui indiquent un intérêt certain pour une connaissance
solide de la cause des Grecs, on relève les vers suivants, où l’auteur
envisage une nouvelle croisade quand il s’emporte contre la neutralité
des chefs politiques et religieux :
- 33 1822, Chios, la Grèce et l’Europe, Paris, M. Schlésinger, p. 5, 7.
De nos croisés fameux quand la noble lignée
Se joindra-t-elle enfin à la foule indignée ? [...]
Loin de nous le Coran, les muets et la peste,
D’un peuple européen, ah ! sauvons ce qui reste33 !
21Le
discours en devient fondamentalement antithétique, manichéen.
L’expression du poète sur la solidarité avec « un peuple européen » fait
allusion au conflit des religions et des cultures entre Europe et Asie
dont il est question dans le texte signé S.-B. [Sainte-Beuve] dans Le Globe, justement à propos du massacre de Scio :
- 34 Le Globe, 4 novembre 1824, n° 25, p. 101.
La ville était en ruines, ses villages en cendres, une population de 50 000 âmes anéantie ; on avait noyé jusqu’aux enfants à la mamelle ; et maintenant la désolée Chio est gisante entre la Grèce et l’Asie, comme en signe d’une séparation éternelle, d’une lutte inexorable34.
22Nombreux
sont les vers qui résonnent comme des appels aux armes, au rebours de
la politique suivie jusqu’alors par les rois. Le désastre de l’ile de
Psara (ou Ipsara) inspire, entre autres, les vers suivants où dominent
des antithèses martelées comme :croix vs croissant, gloire à la Croix vs mort au Croissant, Christ vs Mahomet, guerriers de la Croix, généreux soldats du Christ vs cruel musulman, infidèle frémissant, lâche musulman, infidèle orgueilleux.
Les exclamations, les cris d’indignation, les appels à la vengeance,
l’emploi de la deuxième personne grammaticale et de l’impératif, le
vocabulaire polémique animent le sentiment de solidarité entre chrétiens
et la geste de mobilisation guerrière des philhellènes :
- 35 J.-E. Gautier, Ipsara, op. cit., p. 5.
Ah ! c’en est trop, Chrétiens, vengeance !
Ne punirez-vous pas de si longs attentats ?
Quoi, le Croissant triomphe, et l’Europe en silence
Laisse immoler du Christ les généreux soldats !...
Voyez, déshonorant sa facile victoire,
Le cruel Musulman de leur sang s’enivrer,
Et de leurs restes décorer
Ses vaisseaux inhumains que réprouve la gloire […]
Eh ! que font à leurs maux vos inutiles larmes ?
Rois et peuples chrétiens, aux armes35 !
23Mademoiselle
d’Hervilly écrit et vend au profit des révoltés, ainsi que la plupart
des poètes s’inspirant des mêmes évènements, sa pièce poétique intitulée
L’Hirondelle athénienne, où elle tâche, selon la préface, « de
faire dominer […] le sentiment de la religion et de la liberté ». Elle
emploie la métaphore de l’hirondelle messagère qui se charge de la
« croisade » en faveur des Grecs, pour toucher « ceux dont l’influence
politique ou la richesse peut secourir cette Grèce nouvelle qui, pour se
soustraire à la barbarie, nous apparaît avec tout l’héroïsme de
l’ancienne Grèce ». En quelques mots, tout est dit : libéralisme,
christianisme, modernité, Antiquité… Dans le passage suivant, on relève
l’affrontement entre l’argumentation politique de la Sainte Alliance
européenne et le recours à Dieu, au-delà des trônes :
- 36 1825, Paris, Bossange frères, Firmin Didot, p. 12.
Aux bruits de tant de maux cruellement paisible
L’Europe la contemple et demeure impassible ;
Et depuis cinq hivers sa froide impiété
Vient opposer à Dieu la légitimité36 !
- 37 Chants Hellènes, 1824, Paris, Ladvocat, p. 35.
24Mais
il s’agit de les atteindre, ces trônes, car une croisade a besoin
d’union politique et de guerriers. Le sacrifice des Grecs, à Souli, à
Naoussa, à Missolonghi ou ailleurs, aux lieux où ils préfèrent mourir
avec leurs enfants que devenir esclaves ou renoncer à leur religion,
émeut les philhellènes. Alexandre Guiraud, indigné par la nouvelle des
désastres de Psara et ému par ces Grecs qui, « trahis et sans espoir de
défense, se sont fait sauter avec leurs ennemis »37, exhorte les rois,
insensibles à ces maux, à une nouvelle croisade guerrière, digne de
saint Louis :
- 38 Ibid., p. 36-37.
Héritiers des Tancrède, enfants des Châtillons [...]
Partez, allez chercher jusqu’au pied de la croix
Les pas encore empreints du plus saint de nos rois ;
On ne s’égare point sur des traces si belles.
Quoi ! partout le croissant a des soldats fidèles,
Et le signe vainqueur qu’éleva Constantin […]
Sur le monde chrétien passerait aujourd’hui,
Sans qu’un seul défenseur se ralliât à lui !
Vous nous imposez donc par des titres frivoles,
Chevaliers de salon et chrétiens en paroles,
Vous qui près des martyrs craignez de vous ranger,
Vous qui semblez attendre, à l’abri du danger,
Que la mer du midi vienne au pied de nos villes,
Battre d’un flot sanglant nos vaisseaux immobiles38.
- 39 1825, Paris, Treutel et Wurtz.
- 40 Le Courrier français, 9 juin 1826, p. 1b.
- 41 Le Constitutionnel, 14 juin 1826, p. 1b-2a.
25Cet
appel à l’intervention militaire des puissances en place se répercute
dès 1825. On a déjà signalé la contribution du monarchiste Chateaubriand
au courant favorable à l’affranchissement des Grecs. À la même époque,
le libéral Benjamin Constant rend public son Appel aux nations chrétiennes en faveur des Grecs39.Bien
d’autres les accompagnent, entonnant le chœur de la culpabilisation.
Certains vont jusqu’à accuser les cabinets de se déclarer cyniquement
sans religion « alors qu’ils prétendent ramener les peuples à la morale
religieuse »40 et
que « le nom de la religion à la bouche, ou le chapelet à la main, ils
assistent avec un phlegme stoïque à l’extermination d’un peuple
chrétien »41. Dans Le Courrier français, le harcèlement des accusations est significatif :
- 42 18 mai 1826, p. 1a-b.
Ce que la flotte autrichienne a souvent fait pour les barbares, ne pouvions-nous le tenter pour les chrétiens ? À qui avons-nous craint de déplaire ? Est-ce aux Turcs pour qui il n’existe rien de sacré, et qui ne respectent aucun droit des gens ? Est-ce à M. le Prince Metternich qui, avec sa marine, n’a cessé de recruter, d’alimenter et de seconder les hordes d’assassins et d’incendiaires d’Ibrahim Pacha ? Est-ce à nos congrégations, qui n’aperçoivent que des schismatiques dans des milliers d’adorateurs de la croix, sous prétexte que ceux-ci ont retranché un seul mot (Filioque) d’un symbole commun ? […]. Les mêmes hommes qui affichent tant de zèle pour le jubilé et pour ses processions n’ont montré qu’une cruelle indifférence pour leurs frères d’Orient. Ils savent sans qu’il leur en coûte rien, doter richement les jésuites. Et ils tolèrent à peine les quêtes pour les Grecs, tout en se gardant d’y concourir42.
26De
grands poètes se sont aussi sentis touchés par la cause grecque.
Sensible à la mobilisation philhellène « des peuples », Victor Hugo
écrit, dans le recueil des Orientales, inspiré de cette guerre des Grecs :
- 43 1954, Les Orientales, Introduction, notes par E. Barineau, Paris, Marcel Didier, t. 1, p. 102.
Mais les rois restent sourds, les chaires sont muettes.
Ton nom n’échauffe ici que des cœurs de poètes.
À la Gloire, à la vie on demande tes droits.
À la croix grecque, Hellé, ta gloire se confie.
C’est un peuple qu’on crucifie !
Qu’importe, hélas ! sur quelle croix43 !
27Les idées et les mots de V. Hugo se retrouvent dans ces commentaires sur la Messénienne à lord Byron de Casimir Delavigne parus dans Le Constitutionnel trois ans avant ses vers sur Navarin :
- 44 14 aout 1824, p. 4, cité par E. Barineau dans Les Orientales, op. cit., p. 102. On sait que, dans s (...)
Hélas ! qui vengera la Grèce ? Le sang chrétien y coule par torrents, et les chaires catholiques restent muettes ! O philosophie ! O Muses ! C’est à vous d’appeler et de réunir contre les saints alliés du Coran les vrais croyants de l’Évangile44.
- 45 1914, Œuvres complètes d’Alfred de Vigny. Poèmes, Notes et éclaircissements de F. Baldensperger, Pa (...)
28D’autres
romantiques majeurs, comme Vigny ou Lamartine, développent dans leurs
œuvres philhelléniques le stéréotype d’un sentiment religieux tourné en
souhaits de miracles en faveur des Grecs et en malédictions contre les
Turcs. Ainsi, dans la pièce Héléna de Vigny, il est question,
au premier chant, du « Dieu des armées » volant au secours des Grecs,
des « chérubins » qui sont priés de venir gonfler leurs voiles et de la
Croix de Constantin qui réapparait dans les airs ; au troisième chant,
Vigny se réfère au Coran, qui lui offre une documentation sur les anges,
le paradis de Mahomet, le précepte fondamental des musulmans – « Dieu
seul est Dieu, et Mahomet est son Prophète ». Mais les images lui
servent à présenter le « Musulman trompeur » cruel comme un « tigre »
qui saisit « dans ses bonds le chevreuil innocent »45.
- 46 Les Tablettes universelles, mars 1823, t. 30, p. 552.
29Faisant
appel à la bienfaisance de ses membres et à tous « ceux que touchent le
christianisme, la justice et le malheur », la Société de la morale
chrétienne, dont le but consiste dans « la propagation de la morale qui
crée la civilisation »46,
forme un comité qui, de 1823 à 1825, recueille une forte somme pour
secourir les Grecs. Plus tard, la Société philanthropique en faveur des
Grecs ou Comité philhellénique leur apportera aussi une aide financière
efficace. C’est bien l’ensemble d’un pays qui, par ses intellectuels et
poètes, sa presse, ses institutions et ses œuvres, et finalement son
État, sa marine et sa diplomatie, prendra fait et cause, entre 1827 et
1830, en faveur de l’insurrection grecque.
- 47 A. Decaux, 1984, Victor Hugo, Paris, Perrin, p. 312.
30La
croisade de la mobilisation des philhellènes français, de 1821 à 1827,
en faveur de la lutte des Grecs pour leur indépendance est inspirée de
sentiments mêlant ou fusionnant la solidarité envers des
coreligionnaires, en proie à la tyrannie d’une nation « infidèle », à la
solidarité envers une nation de même culture qui revendique les Droits
de l’Homme contre le despotisme, selon les principes de 1789 – ce que la
Sainte Alliance voulait justement éviter. Le discours philhellénique
reflète ainsi le dialogue entre une argumentation politique libérale
évidente et une argumentation culturelle et religieuse dont
l’enthousiasme et la violence verbale pourraient dissimuler d’autres
objectifs. Le caractère souligné à outrance d’un combat « national et
religieux » attribué à la lutte des Grecs chrétiens, tout en étant
sincère pour beaucoup, ne vise-t-il pas à contrer l’accusation de
« révolutionnaires » que pourrait porter le front monarchique de la
Sainte Alliance ? Certaines campagnes semblent avoir été bien organisées
et, pour reprendre une remarque d’Alain Decaux, « défendre en France la
Grèce est aussi une manière de tourner la censure »47.
31Pourtant,
comme un renouveau chrétien, après des années de chamboulement, anime
aussi la société française à cette époque – ce dont le romantisme
témoigne à sa manière –, dans la masse catholique du peuple français,
qui ne s’intéressait plus aux discordes dogmatiques, la croyance
chrétienne commune suffisait à éveiller l’intérêt pour les Grecs et à
susciter une communion avec eux.
- 48 Le Constitutionnel, 2 janvier 1826, p. 3.
- 49 La politique étrangère de la France sous la monarchie constitutionnelle, Paris, Les Cours de la Sor (...)
32Il
est en tous cas évident que le courant des philhellènes français a
réussi, sur cet évènement, à réunir les différentes tendances de
l’opposition et les différentes classes de la société, « les hommes
généreux de toutes les opinions »48.
On est donc forcé de constater que la pression idéologique (morale et
religieuse) du pays est devenue puissante à un point tel que c’est grâce
aux campagnes menées que le retournement de la politique officielle
s’est accompli en faveur de la cause hellène. Charles Pouthas voyait
dans ce complet changement de cap « le premier exemple d’une victoire de
l’opinion publique sur le gouvernement »49.
Notes
1 Voir A. Dimopoulos,1962, L’opinion publique française et la révolution grecque (1821-1827), Nancy, Imp. V. Idoux ; J. Dimakis, 1968, La guerre de l’indépendance grecque vue par la presse française, Thessaloniki, Institute for Balkan Studies ; Id., 1976, La presse française face à la chute de Missolonghi et à la bataille navale de Navarin, Thessaloniki, Institute for Balkan Studies ; F. Tabaki-Iona, 1993, Poésie philhellénique et périodiques de la Restauration, Athènes, Société des archives helléniques, littéraires et historiques.
2 R. Canat, 1911, La renaissance de la Grèce antique (1820-1850), Paris, Hachette, p. 10.
3 G. Isambert, 1900, L’indépendance grecque et l’Europe, Paris, Plon-Nourrit, p. 322.
4
Bataille navale et destruction des flottes turque et égyptienne dans la
rade de Navarin (20 octobre 1827), qui aboutit à la reconnaissance de
l’État grec (traité de Londres, 1830).
5 Les Tablettes Universelles, t. 11, 1821, p. 159.
6 22 mai 1826, p. 2a-3a.
7 Le Constitutionnel, 11 avril 1826, p. 2a.
8 J.-E. Gautier, Ipsara, chant élégiaque, Paris, Le Normant Père, 1824, p. 9-10.
9 Homme politique grec, héros de la Révolution.
10 20 septembre 1825, p. 831.
11 L’étoile, 11 avril 1826, p. 2a-b.
12 Ibid., 12 avril 1826, p. 2a-b.
13 F. Ducos, 1826, La Mort de Lord Byron, Toulouse, Recueil de l’Académie des jeux floraux, p. 6.
14 Le Courrier français, 14 mai 1826, p. 2a.
15 Les Tablettes Universelles, t. 57, janvier 1824, p. 6.
16 Revue encyclopédique, 1824, t. 23, p. 717.
17 1826, t. 27, p. 61-62.
18 Ibid.
19 Le Spectre de Missolonghi
parle ainsi : « Et nous périrons tous... Mais, Ô lâches Chrétiens, /
Vous qui deviez aux Grecs d’intrépides soutiens [...] / Soyez maudits!
C’est vous qui nous faites périr ! » (U. Tencé, 1826, Revue encyclopédique,
t. 30, p. 824). « Et vous, Chrétiens, pleurez, vos frères sont vaincus
[...] / Pleurez, lâches Chrétiens, Missolonghi n’est plus ! »
(M. Fleury, s. d., Le Siège de Missolonghi, chant funèbre, s. éd., p. 7).
20 Journal du commerce, 25 mai 1826, p. 1b-c.
21 La Pandore, 30 juin 1824, n° 351, article sur « Les Chants populaires de la Grèce moderne » de C. Fauriel.
22 « La Chrétienté laissera-t-elle tranquillement les Turcs égorger des Chrétiens ? » (Chateaubriand, 1825, Note sur la Grèce, Paris, Le Normant Père, p. 8).
23
« Où me conduisez-vous ? J’ai des droits au martyre ; / J’ai sur mon
front reçu l’eau sainte des Chrétiens », dit à ses bourreaux la « Jeune
captive de Missolonghi » (E. Michelet, Journal politique et littéraire de Toulouse, 3 juillet 1826).
24 Le Drapeau blanc, 20 avril 1826, p. 1a-2a.
25 Revue Encyclopédique, 1826, t. 31, p. 230.
26 « Missolonghi », Œuvres poétiques, Paris, Derache, 1850, t. 1, p. 121.
27 D’un lecteur anonyme de Bordeaux, La Foudre, n° 35, octobre 1821, p. 141-142.
28 Ibid., n° 18, 1821. Voir Tabaki F., 1993, op. cit., p. 9-11.
29 Revue encyclopédique, 1827, t. 33, p. 126.
30 A. Le Flanguais, 1950, « La Liberté ou les Grecs », Œuvres complètes, Paris, Derache, p. 128.
31 Cappot de Feuillide,1825, Ipsara, Toulouse, Recueil de l’Académie des jeux floraux, M.-J. Dalles, p. 14.
32 V. Hugo, Ode « À mon père », La Muse française, 4 octobre 1823, I-03, p. 142.
33 1822, Chios, la Grèce et l’Europe, Paris, M. Schlésinger, p. 5, 7.
34 Le Globe, 4 novembre 1824, n° 25, p. 101.
35 J.-E. Gautier, Ipsara, op. cit., p. 5.
36 1825, Paris, Bossange frères, Firmin Didot, p. 12.
37 Chants Hellènes, 1824, Paris, Ladvocat, p. 35.
38 Ibid., p. 36-37.
39 1825, Paris, Treutel et Wurtz.
40 Le Courrier français, 9 juin 1826, p. 1b.
41 Le Constitutionnel, 14 juin 1826, p. 1b-2a.
42 18 mai 1826, p. 1a-b.
43 1954, Les Orientales, Introduction, notes par E. Barineau, Paris, Marcel Didier, t. 1, p. 102.
44 14 aout 1824, p. 4, cité par E. Barineau dans Les Orientales, op. cit.,
p. 102. On sait que, dans son poème sur la victoire de Navarin, Hugo
prendra parti dans le conflit religieux lorsqu’il évoquera « le vrai
Dieu sous ses pieds foulant le faux prophète ».
45 1914, Œuvres complètes d’Alfred de Vigny. Poèmes, Notes et éclaircissements de F. Baldensperger, Paris, Louis Conard, p. 285-309.
46 Les Tablettes universelles, mars 1823, t. 30, p. 552.
47 A. Decaux, 1984, Victor Hugo, Paris, Perrin, p. 312.
48 Le Constitutionnel, 2 janvier 1826, p. 3.
49 La politique étrangère de la France sous la monarchie constitutionnelle, Paris, Les Cours de la Sorbonne, p. 114 ; Id., Le mouvement des nationalités en Europe dans la première moitié du XIXe siècle, Paris, Les Cours de la Sorbonne, p. 225.
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