
La Révolution française ne fut pas un simple « évènement » historique, mais un développement long et complexe dans lequel nous pouvons identifier divers stades, en commençant par la « révolte des nobles » à la veille de 1789 et en terminant mais uniquement sous certains aspects en 1799, avec le « 18 Brumaire », le coup dÉtat de Napoléon Bonaparte. Il convient de remarquer que certains de ces stades, y compris les (importantes) phases initiale et finale mentionnés, étaient de nature plutôt contre-révolutionnaire que révolutionnaire. En ce qui concerne les stades véritablement révolutionnaires, il est possible den dégager deux. Le premier stade est « 1789 », la révolution modérée. Celle-ci met un terme à lAncien Régime, avec son absolutisme royal et son féodalisme, autrement dit, au monopole de pouvoir du monarque et aux privilèges de la noblesse et de lÉglise. Des réalisations importantes de « 1789 » font également partie la Déclaration des droits de lhomme, légalité de tous les Français devant la loi, la séparation de lÉglise et de lÉtat, un système parlementaire reposant sur un droit de vote limité et, non des moindres, la création dun État français « moderne », centralisé et « indivisible ». Ces réalisations qui, mises ensemble, constituent un énorme « pas en avant » dans lhistoire de la France, sont ancrées dans une constitution qui, non sans un certain retard, sera promulguée en 1791.
LAncien Régime, la France davant 1789, était associé à la monarchie
absolue et le système révolutionnaire de « 1789 » est censé trouver un foyer confortable dans une monarchie parlementaire et constitutionnelle
. En raison des agissements de Louis, cela ne réussit toutefois pas et cest ainsi que naît, en 1792, une nouvelle forme dÉtat, la république. « 1789 » fut possible grâce à lintervention des sans-culottes parisiens mais, essentiellement, cest loeuvre de gens modérés, presque exclusivement des membres de la bourgeoisie nantie. Ce sont ces derniers qui, sur les ruines de lAncien Régime qui servait les intérêts de la noblesse et du clergé, fondent un État qui doit être au service de la (haute) bourgeoisie
[1]. Sur le plan politique, ces bourgeois solides, originaires de toute la France, trouvent un foyer au club des Feuillants dabord, chez les Girondins ensuite. Mais, dans le Paris des Jacobins radicaux et des sans-culottes fantasques, ils ne se sentiront jamais vraiment chez eux.