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Τρίτη 7 Οκτωβρίου 2014

« Quelle guerre la France compte-t-elle mener en Irak et Syrie ? »- Lettre à Madame Adam, présidente de la Commission défense à l’Assemblée nationale




Madame,
Vous avez été invitée en tant que député et Présidente de la Commission Défense de lAssemblée nationale, aux informations de France Culture jeudi 25 septembre (12h30)[1] sur le thème « quelle guerre la France compte-t-elle mener en Irak et Syrie ? ».
Vous y avez notamment déclaré « dabord il est important de dire quil ny a plus aucun pays qui souhaite quAssad reste au pouvoir, ça cest clair » ; ah ? Rien de tel na filtré des réunions diplomatiques, communiqués ou interventions des représentants de la plus grande partie de la population mondiale aux Nations Unies. Peut-être confondez-vous avec la résolution 2178 sur les « combattants terroristes étrangers » votée à lunanimité du Conseil de sécurité, et appréciée à sa juste mesure par le ministre syrien des Affaires étrangères et des expatriés[2].
Vous ajoutez ensuite « Bachar al Assad doit partir ». Lépoque coloniale du « protectorat » français en Syrie -où des élus, ici, pouvaient dire qui devait gouverner là-bas- est terminée et il nest ni légitime ni réaliste pour un Français (élu ou pas) de dire aux Syriens qui doit les gouverner. Le président Assad a été élu, aux dernières consultations  (juin 2014), par plus de 88% des voix et un taux de participation supérieur à 74%. Cette élection, à laquelle le gouvernement socialiste français a empêché les citoyens syriens résidant en France de participer, a été qualifiée par le ministre des Affaires étrangères Fabius de “simulacre d’élections” et de “farce tragique” [3], oubliant que le farceur avait jusque très récemment été un partenaire tellement sérieux quil était au premier rang pour assister au défilé militaire de notre fête nationale. LOtan, en mai 2013, donnait à B. Al Assad en cas délection un score à 70%, et sa popularité se maintient depuis à un indice inversement proportionnel à celui de ses homologues occidentaux qui le traitent de dictateur.

Avez-vous émis la même opinion sur le départ dautres chefs dEtat ? Avez-vous, par exemple, déclaré ou écrit que les émirs, rois, princes etc. de monarchies du Golfe, nos alliés et partenaires dans la Coalition actuelle « contre le terrorisme en Irak et Syrie », doivent rester au pouvoir ou partir ? Remarquez, personne nira dire quils sont en poste grâce à une farce ou à un simulacre électoral, puisque chez eux il ny a pas délection.
Vous avez vous-même été élue député en 2012 pour la 3ème fois, avec 66% de voix, mais précisément par un électeur inscrit sur trois, à cause dun taux dabstention record dans votre circonscription : 48, 9%, soit 10 points environ dabstention de plus quà votre élection antécédente de 2007, et 10 points dabstention de plus, en 2012, que dans les circonscriptions voisines. Au moins, personne nira dire que dans votre circonscription on oblige les gens à aller voter pour vous.
Quelle que soit votre représentativité, en tant quélue ici, et opérant à un haut niveau de responsabilité[4], vous avez par contre le droit (le devoir ?) de vous prononcer sur ceux qui exercent le pouvoir à vos côtés ; et lon serait en droit dattendre que votre avis ait quelque effet dans la réalité de cet exercice. Vous avez récemment déclaré à lAssemblée nationale « Cest avec consternation que jai découvert dans les medias quun membre du Gouvernement avait pu être un député oublieux de ses plus élémentaires obligations »[5]On aura compris malgré la discrétion de vos propos, que vous parlez de Thomas Thévenoud, ancien camarade de parti et toujours collègue député ; vous avez ici plus de retenue quenvers le président Assad. Si à aucun moment vous navez déclarez « Thévenoud doit partir », est-ce parce que la consternation ne vous empêche pas dimaginer quil peut rester à son poste ou parce que vous pensez que ces choses-là ne se disent pas dun proche, ou parce que vous savez que ça naura aucun effet ? Thomas Thévenoud est toujours député. Mais cela ne vous a pas incitée, comme cela aurait été logique,  et  raisonnable, à davantage de réserve concernant des personnes qui exercent une fonction politique, au plus haut niveau, à 3200 Kms de chez vous.
Je ne discuterai pas ici des raisons de votre consternation concernant votre collègue et ancien camarade mais de celles pour lesquelles, daprès vous, le président Assad doit partir : « il avait franchi une frontière interdite par tous les règlements internationaux (...) utilisé les gaz contre sa propre population » ; daprès la « Synthèse nationale de renseignement déclassifié » « lanalyse des renseignements dont nous disposons aujourdhui conduit à estimer que, le 21 août 2013, le régime syrien a lancé une attaque sur certains quartiers de la banlieue de Damas tenus par les unités de lopposition [...] ». Quelles preuves fournissez-vous aujourdhui à vos concitoyens pour garantir et confirmer cette estimation ? Aucune, pas plus que Colin Powell nen a jamais fourni sur les prétendues armes de destruction massive de S. Hussein. Faute de preuves vos propos relèvent de la propagande de guerre, et vous trompez vos concitoyens. Avez-vous, dailleurs, dénoncé aussi dautres chefs dEtat qui, dans la même région, « ont franchi des frontières interdites par tous les règlements internationaux » ?
Autre raison invoquée pour le départ dAssad : « aussi, nous avions bien compris quil instrumentalisait les djihadistes [...] en faisant croire que son opposition était les djihadistes, que cétait les mêmes alors que ça nest absolument pas le cas et nous le savons aujourdhui. Nous avons laissé faire Assad qui a instrumentalisé ce mouvement et aujourdhui nous en voyons les résultats, ce mouvement bien évidemment il ne la plus contrôlé et ce mouvement se répand aujourdhui en Irak » où le gouvernement va  « dans le cadre d’opérations majeures de coercition empêcher un acteur régional de s’en prendre à nos intérêts de sécurité ou à ceux de nos alliés ou partenaires »[6]. Mais pourquoi, Madame Adam, ce « mouvement » « se répand-il aujourdhui en Irak » au lieu de rester en Syrie avec ce farceur dAl Assad ?
Le représentant de la Syrie à lOnu, B. Al Jaafari, a résumé la position syrienne : « La Syrie est fermement déterminée à poursuivre la guerre quelle mène depuis des années contre le terrorisme takfiri sous toutes ses formes et elle appuiera tout effort international sincèrement engagé dans la lutte contre le terrorisme de nimporte quelle façon quil se manifeste, quel que soit le nom quil se donne et quels que soient les dangers quil représente, à condition que cet effort épargne la vie des civils innocents, respecte la souveraineté nationale et soit conforme aux chartes internationales»[7]. Sur la raison et la nature de lintervention française actuelle dans la zone, vous invoquez à France Culture « lurgence de la situation. Est-ce que nous voulons que se développe aujourdhui un Etat totalitaire [pas ici, en Syrie et Irak] ? ». Car « il faut se rappeler lhistoire, ce mouvement, cette idéologie remontent aux années 1920 » : on mesure lurgence.
Notre intervention armée en urgence, mais qui sera longue paraît-il, vous ne voulez pas la nommer guerre mais « « opération militaire tout simplement (sic)» dont nous avons « les capacités, oui, cest écrit dans le Livre blanc de la défense [dont vous êtes une des rédactrices] je le rappelle haut et fort ». Vous êtes en effet bien placée, Madame la présidente de la Commission Défense pour nous dire, dans le respect du secret défense, quel est, par exemple, le coût dune sortie de Rafale pour un « vol de reconnaissance » en Irak[8] ou celui dun bombardement dans la même zone. Ou ce que nous coûte, depuis 2008, en dehors même de toute « opération militaire tout simplement », la base dAl Dhafra[9] doù décollent les avions militaires français. Coût financier mais aussi politique : donnant-donnant,  en termes dindépendance vis à vis de nos « alliés ou partenaires » hébergeurs.
Vous aviez déclaré la veille au Parlement que « laugmentation de nos capacités militaires est désormais indispensable en attendant [...] de pouvoir retrouver meilleure fortune ainsi que les 2 % du PIB», « normes Otan » rappeliez-vous, puisquen effet, ce pourcentage a été défini non pas par le parlement français mais par lOtan[10].
« Il faut maintenant dites-vous- que lensemble des pays qui ont instrumentalisé [les terroristes], qui les ont soutenus même à un moment et qui font maintenant partie de la Coalition, quils prennent jusquau bout leurs responsabilités, il va falloir que les autorités de la zone et les autorités internationales prennent le pas de la décision politique». Vous ne désignez pas plus précisément ces « autorités de la zone », qui auraient changé dinstruments, mais qui gardent le même objectif : détruire la Syrie et liquider ses gouvernants légitimes. Le représentant syrien à lOnu que vous ne reconnaissez pas comme légitime- est plus clair que vous : « dans la guerre contre le terrorisme il est impensable que les Coalitions comptent, aux premiers rangs, des États qui ont été et demeurent les principaux soutiens du terrorisme et des terroristes quils ont accueillis, financés et armés ; avec, parmi ceux-là, des États comme la Turquie, le Qatar et lArabie Saoudite devenus les principales portes ouvertes au transfert des terroristes en Syrie et en Irak »[11].
Vous parlez, vous, d « opposants modérés à Assad » que vous voulez réunir, une fois de plus, et soutenir : de quels modérés parlez-vous ? Ou vous êtes mal renseignée ce qui est impossible à votre poste- ou là aussi vous trompez vos concitoyens parce que vous savezjustement que ces « opposants » nont jamais été modérés et très rarement syriens[12]. Lopposition politique au gouvernement syrien sest constituée en partis et présentée aux élections sans votre soutien.
En début démission vous avez été interrogée sur lassassinat dHervé Gourdel et indiqué que la France était prête à fournir de laide à lAlgérie « en termes de renseignement sur le terrain ». Cocasse quand on sait comment des présumés terroristes présentés par nos ministres (Premier, Intérieur et Affaires étrangères) comme très dangereux, ont dû en revenant de Syrie aller toquer au commissariat pour prévenir quils étaient là ; anticipant dailleurs dans leur démarche certains aspects de la loi anti-terroriste exposée par le Premier ministre, que vous rappelez dans lémission : « soutenir les forces de lordre », « leur permettre de faire leur travail en toute tranquillité » ; « peut-être livrer des informations poursuivez-vous- oui, cest sensible...ça appelle à la vigilance de chacun, avec discernement et avec âme ».
Pour faire passer en procédure durgence cette loi[13], dont vous rappelez quelle émane de votre Délégation parlementaire au renseignement, vous utilisez vous aussi « la peur et les horreurs » et appelez à lunion sacrée ou/et républicaine en prétendant découvrir à présent des vidéos macabres tournées « par les terroristes ».
Madame Patricia Adam, jétais en Syrie en novembre 2011, invitée par les Eglises dOrient pour une mission dobservation. Dans un dispensaire de quartier de Homs, des blessés, civils, mont montré sur leur téléphone une vidéo filmée, diffusée et signée par les groupes terroristes présents non loin de là : la mise à mort par égorgement, dans une posture obscène, dun jeune conscrit de lArmée arabe syrienne. La détresse que jai vue sur le visage de celui quon allait supplicier, filmé pour ajouter à loutrage, ma fait quitter la pièce, sans regarder davantage. Cette détresse suffit à empêcher doublier les crimes qui se commettent là-bas et ceux qui en sont les commanditairesici.
Madame la Présidente de la Commission défense et déléguée parlementaire au renseignement, si moi, simple citoyenne présente en Syrie pendant 8 jours seulement, jai vu une de ces vidéos, il est impossible, sauf à être incompétents, que 1) nos agents DGSE (et agents des Affaires étrangères IFPO compris- en poste à Damas, pendant des années) sur le terrain avant même mars 2011, 2) ceux qui les dirigent ici, et 3) vous et vos collègues qui êtes chargés de veiller à « lefficacité et la cohésion »[14] des services en question, nen ayez pas eu connaissance aussi.
Que faites-vous de cette connaissance, « avec discernement et avec âme » ?
Salutations,
Marie-Ange Patrizio
psychologue clinicienne (retraitée) et traductrice

Copie en Cc à quelques uns de vos collègues commissaires.
Et aux membres de ma liste de diffusion.

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