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http://www.mondialisation.ca/irak-attentisme-us-ou-piege-tendu-a-liran-et-a-la-syrie/5387467
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1. Docteur Harba, vous dites que l’invasion de l’Irak par les hordes « daechistes » [de l’EIIL]
est une conséquence de la résistance de la Syrie durant trois années ;
Daech ayant échoué en Syrie, il s’est déplacé en Irak. De son côté,
Daech a clairement annoncé que ce à quoi nous assistons aujourd’hui est
le point de départ de l’édification effective de l’« État Islamique en
Irak et au Levant ». Si jamais ils y arrivent, jusque quand l’Irak
pourra-t-il éviter la partition du pays et/ou une guerre
confessionnelle ? Dans ce cas, ne peut-on craindre que cela ne se
répercute sur la Syrie ? Et, partagez-vous l’analyse de ceux qui pensent
que c’est un coup porté, avant tout, contre l’Iran ?
Ceux qui soutiennent le
terrorisme en Syrie sont ceux-là mêmes qui le soutiennent en Irak, et
par les mêmes moyens. Mais avant de répondre à vos questions, je dirai
que nous sommes favorables à tout effort international qui déciderait de
briser le terrorisme non seulement en Syrie et en Irak, mais partout
dans le monde.
Ceci étant dit, cela fait trois
années que le terrorisme, quel que soit le nom qu’il se donne, tue des
Syriens. Cependant, il n’a pas réussi à réaliser les objectifs de tout
ce qui a pu être planifié par les Services de renseignement et les
chambres opératoires américano-sionistes, ou autres ; alors que trois
jours lui ont suffi pour réussir en Irak. Et, je pense qu’il lui
faudrait trois heures seulement pour réussir en Jordanie !
Maintenant, croire que cette offensive de Daech a été menée sur l’Irak sans que les Etats-Unis ne
le sachent, alors que leurs réseaux d’espionnage et de satellites sont
constamment braqués sur notre région, est d’une extrême naïveté.
D’autant plus, que ces hordes sauvages ont traversé des espaces
désertiques avec armes, véhicules, et matériels... D’ailleurs, j’ai pu
lire aujourd’hui que l’Ambassade US était au courant [1].
Certes, il est désormais plus que probable que les daechistes ont bénéficié de complicités internes [2],
notamment celle du gouverneur de la province de Ninawa, Assir
al-Noujaïfi; lequel, et c’est un fait, avait rendu visite au
gouvernement d’Erdogan et avait rencontré le chef des services secrets
turcs, Hakan Fidan, une semaine avant l’attaque.
Nous savons aussi qu’il y avait trois contingents sur place, deux
contingents de militaires et un de la police nationale ; autrement dit,
près de 30000 combattants étaient présents dans cette province [3]
quand le gouverneur Assir al-Noujaïfi a appelé le peuple irakien à ne
pas affronter Daech. Par conséquent, un environnement politique
favorable préexistait en Irak, Daech n’étant qu’une des façades du
terrorisme qui le frappe.
2. Environnement favorable signifie, ici, confessionnalisme. Non ?
C’est vite dit, car ce sont les États-Unis qui dirigent maintenant cette agression et ceci dans plusieurs dimensions.
- La première dimension est d’ordre politique. Elle vise, surtout depuis les résultats des élections législatives qui ont confirmé le bloc de M. Al-Maliki, le rôle de l’Irak dans la région et notamment ses prises de position en faveur de la Syrie et de la Palestine... Les États-Unis cherchent à prouver que l’Irak est désormais un « état défaillant », ce qui les obligerait à traiter le problème par une intervention militaire, directe ou indirecte, pour l’arracher au « Front du refus » [Iran-Syrie-Liban] et le ramener dans le giron de l’Arabie saoudite et des Pays du Golfe.
- La deuxième dimension est d’ordre économique. D’abord en raison des ressources pétro-gazières de l’Irak, notamment dans la région de Ninawa, de Dyala, d’Al-Anbar... Le prétendu état islamique [EIIL] devrait ainsi son existence à cette immense richesse énergétique et, partant de là, pourquoi ne s’étendrait-il pas jusqu’en Jordanie, en Arabie saoudite et même, comme ils en ont la prétention, à Al-Raqqa et Deir ez-zor en Syrie, puis... en Turquie !?
- La troisième dimension est d’ordre militaire. En réalité, nous pouvons dire que l’administration américaine est toujours aussi déterminée et poursuit sa coopération avec le terrorisme international où qu’il sévisse, ce qui explique ce que d’aucuns qualifient d’« attentisme des États-Unis » [8] face à l’offensive de Daech en Irak. Ils ne sont pas intervenus « immédiatement », comme annoncé [9][10], pour sauver le gouvernement central irakien ainsi que l’armée qu’ils ont recomposée, et ils n’interviendront pas de sitôt.
D’où le danger, au sens qu’il
pourrait s’agir d’un piège tendu à l’Iran. Car s’il devait intervenir en
Irak, cela pourrait servir de prétexte pour que les États-Unis, et
leurs alliés, prétendent qu’il ne le fait que pour protéger les chiites irakiens ; ce qui renforcerait l’idée d’une « guerre sunnite-chiite » expliquant tous les maux de la région.
Dès lors, les zones de combat se
déplacerait vers les frontières iraniennes, le pays étant pris entre
les deux branches d’une tenaille ; à l’est, par les Talibans ; à
l’ouest, par les daechistes.
Par ailleurs, il ne faudra pas s’étonner si, prochainement, on commence à nous expliquer qu’une fraction de ces terroristes n’est
nullement affiliée à Daech, autrement dit à Al-Qaïda, mais fait partie
d’une « opposition armée modérée », exactement comme ils ne cessent de
le laisser croire pour la Syrie.
Pour rester bref, je pense que
les États-Unis sont en train de poursuivre plusieurs buts à la fois. Ils
pensent piéger l’Iran d’une façon ou d’une autre, et abandonnent le
terrain syrien à ceux qu’ils font passer pour des « opposants
modérés » ; lesquels prétendus opposants ne sont que le deuxième
assortiment d’Al-Qaïda.
D’ailleurs, les États-Unis sont
en train de travailler à « vider » le terrain dans l’intérêt de Daech et
du leur. Je m’explique en rappelant un fait marquant survenu lorsque
Al-Zawahiri [successeur de Ben Laden et chef d’Al-Qaïda] a dépêché six
de ses délégués pour sommer Abou Bakr Al-Baghdadi [dirigeant de Daech]
et Abou MohammadAl-Joulani [dirigeant de Jabhat Al-Nosra] de quitter la Syrie pour s’occuper des malheureux frères irakiens [11].
Nous savons tous qu’Al-Baghdadi s’est ravisé et a répondu à l’appel
d’Al-Zawahiri en quittant la Syrie pour se replier sur l’Irak sans, pour
autant, cesser d’assurer le transport d’armes et de combattants vers la
Syrie jusqu’à cet instant précis, les véhicules blindés US en
provenance d’Irak sont d’ores et déjà parfaitement visibles autour de
Hassaka, de Deir ez-Zor , et d’Al-Qamichli ; tandis qu’Al-Joulani a
refusé de lui prêter allégeance.
Nous pouvons en déduire qu’il
nous faudra attendre quelques jours pour commencer à entendre parler de
divisions au sein d’Al-Nosra ; une partie acceptant de rejoindre Daech,
et donc Al-Qaîda ; l’autre partie s’y refusant pour rester du côté
d’Al-Joulani qui s’alliera avec le « Front islamiste » [dernier né des
groupes terroristes à l’usage exclusif de la Syrie][12].
Ce sera alors l’occasion que saisiront les États-Unis pour nous
présenter Al-Joulani et Cie, comme la « nouvelle opposition modérée
syrienne », puisqu’ils pourront dire qu’elle est composée d’éléments
ayant refusé de prêter allégeance à Al-Qaïda !
D’ailleurs, les daechistes sont
déjà les « méchants », puisqu’ils ont très vite crié qu’ils avaient
l’intention de détruire les lieux sacrés que ce soit à Samarra, à Najaf,
ou à Karbala...
En fin de compte, c’est toujours
l’administration américaine qui chapeaute toutes ces organisations
terroristes-takfiristes-wahhabistes, et il ne faut jamais oublier que ce
sont les États-Unis qui ont créé Al-Qaïda pour les besoins de leurs
« causes » en Afghanistan [13]. Et les revoilà qui
persistent et recommencent, alors que leur propre peuple souffre encore
de la terrible amertume d’un certain 11 Septembre. Mais telles sont les
moeurs de ses dirigeants : ils sont prêts à s’allier avec le diable pour
réaliser leurs propres intérêts.
Malgré cela, il nous faut
distinguer entre le rêve et la réalité. Ils ne pourront atteindre leurs
objectifs, ni en Syrie, ni en Irak, ni dans la région...
3. Mais comment faire pour que cela s’arrête ?
Ce ne sont pas les États-Unis
qui arrêteront, mais c’est à la société internationale d’assumer ses
responsabilités et de faire en sorte qu’on arrête de soutenir le
terrorisme qui tue des Syriens et des Irakiens... Quant à nous, nous
nous battrons jusqu’à ce qu’il disparaisse, et il disparaîtra parce
qu’il doit disparaître !
4. Vous parlez d’une résolution internationale de lutte contre le terrorisme ?
Je dis que ce terrorisme doit
être éradiqué car il menace toute humanité et toute l’humanité ! Sinon
et si les États-Unis, en particulier, continuent à le soutenir, plus de
Syriens et d’Iraquiens, mais aussi plus d’Européens et d’Américains
perdront leur vie. Car je crois que le mot de la fin revient toujours
aux États-Unis, bien qu’un chef de Daech, nommé Mazen Abou Mohammad, ait
été ostensiblement hospitalisé il y a quelques jours dans un hôpital
public turc, et qu’un journal autrichien ait publié il y a très
récemment un article détaillant l’implication de l’Arabie saoudite dans
le soutien de Daech en Irak, etc, etc... Oui, je crois que le mot
d’ordre qui arrêterait ce terrorisme sanguinaire et destructeur
appartient en premier lieu aux États-Unis.
Dr Salim Harba
16/06/2014
Source : TV
syrienne / Al-Ikhbariya [dernier quart d’heure d’une émission consacrée à
la libération de Kassab et de ses environs], le Dr Harba est interrogé
par Mme Alissar Moala
Transcription et traduction : Mouna Alno-Nakhal pur Mondialisation.ca
Notes :
[1] L’ambassadeur américain était au courant de l’avancée de Daech
[2] Les daéchites à Mossoul / Vidéo Irak 10/06/3014
http://www.youtube.com/watch?v=3dx5u90vC9k
[3] The Engineered Destruction and Political Fragmentation of Iraq. Towards the Creation of a US Sponsored Islamist Caliphate
[4] Déclaration Balfour de 1917
[5] Syrie : Le trajet des gazoducs qataris décide des zones de combat !
[6] Syrie/Irak/Iran : un gazoduc très politique[8] Alain Chouet : “En Irak, l’Iran a tout intérêt à laisser les Occidentaux s’enferrer !”
[9] Obama n’exclut rien... [12 Juin 2014]
[10] Irak : Obama n’enverra pas de GIs contre les islamistes [13 Juin 2014]
[11]Syrie : Zawahiri somme Al-Nosra de cesser de combattre les autres djihadistes
[11] Syrie : Lexique de la terreur en prévision de Genève II !
[12] Hillary Clinton : Nous avons crée Al-Qaïda, Nous avons financé les Moudjahidin
Le Docteur Salim Harba est chercheur et analyste politique syrien, résidant à Damas.
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