Mondialisation.ca, 11 mars 2014
Url de l’article:
http://www.mondialisation.ca/urkraine-les-armes-de-leconomie/5372941
http://www.mondialisation.ca/urkraine-les-armes-de-leconomie/5372941
Dans le jeu
des miroirs médiatiques, de fausse images apparaissent sur la crise
ukrainienne : comme celle des multinationales et banques étasuniennes et
européennes qui voient partir en fumée leurs investissements en Ukraine
et sont sur le point d’abandonner le navire avant qu’il ne coule. Juste
au moment où ils vont obtenir ce qu’ils veulent : le contrôle complet de l’économie ukrainienne.
La corde de sauvetage que le FMI et l’Ue lancent à Kiev, par des prêts de milliards de dollars, est en réalité une corde au cou. La dette extérieure
de l’Ukraine, documentée par la Banque mondiale, a décuplé en dix ans
et dépasse les 135 milliards de dollars. Rien qu’en intérêts, l’Ukraine
doit payer environ 4,5 milliards de dollars annuels. C’est à cela que
serviront les nouveaux prêts qui, augmentant la dette extérieure,
obligeront Kiev à « libéraliser » encore plus l’économie, en vendant aux
multinationales et aux banques occidentales tout ce qui reste à
privatiser. Les conditions
annexées aux prêts sont dictées par le Fonds monétaire international,
dominé par les Etats-Unis (qui détiennent 17,5% des voix, sept fois plus
que la Russie) et par les autres plus grandes puissances occidentales,
tandis qu’un Etat comme l’Ukraine n’a droit qu’à une demie voix. C’est
dans cette situation, par la responsabilité des gouvernements qui se
sont succédés depuis 1991, qu’a été amené le pays, tout en possédant
encore une notable base industrielle et agricole, et en ayant conclu en
2009 avec Moscou un accord décennal avantageux sur les droits de transit
des approvisionnements énergétiques russes à l’Europe.
La condition de l’Ukraine est due en même temps à la pénétration occidentale dans son tissu politique et économique. Rien que pour la promotion du « bon gouvernement »
en Ukraine, la vice-secrétaire d’Etat Victoria Nuland a déclaré que les
Etats-Unis ont investi plus de 5 milliards de dollars. Investissement
qui permet à Nuland, dans la conversation téléphonique
qu’on a découverte, d’ordonner qui doit et qui ne doit pas faire partie
du nouveau gouvernement de Kiev et de dire que l’ « Ue aille se faire
enc… ». Expression qui, malgré les excuses de Nuland, est révélatrice de
la politique de Washington à l’égard de l’Europe.
L’administration Obama, écrit le New York Times,
poursuit une « stratégie agressive » qui vise à réduire les
approvisionnements russes de gaz à l’Europe, dont les plus grands
importateurs sont l’Allemagne et l’Ukraine (l’Italie est au 5ème rang). Le plan
prévoit que ExxonMobil et d’autres compagnies étasuniennes fournissent
des quantités croissantes de gaz à l’Europe en exploitant les gisements
moyen-orientaux, africains et autres, y compris les étasuniens dont la
production a augmenté. Déjà les grandes
compagnies ont présenté au Département étasunien de l’énergie 21
requêtes de construction d’implantations portuaires pour l’exportation
de gaz liquéfié. Le plan
prévoit aussi une forte pression sur Gazprom, la plus grande compagnie
russe dont l’Etat a repris la majorité des actions, mais qui est ouverte
aux investissements étrangers : elle est cotée en bourse à Londres,
Berlin et Paris et, selon la banque JP Morgan, plus de la moitié de ses
actionnaires étrangers est constituée d’Etasuniens. La stratégie de
Washington poursuit donc un double objectif : d’une part, mettre
l’Ukraine dans les mains du FMI, dominé par les USA, et l’annexer à
l’OTAN sous leadership étasunien ; de l’autre, exploiter la crise
ukrainienne, que Washington a contribué à provoquer, pour renforcer
l’influence étasunienne sur les alliés européens. Dans ce but Washington est en train de se mettre d’accord avec Berlin pour une partition des aires d’influence.
Tandis que Renzi (nouveau Président du conseil italien, NdT),
dépoussiérant un livre de l’école primaire, récite qu’on ne peut pas
être insensible au « cri de douleur du peuple ukrainien »[1].
Manlio Dinucci
Edition de mardi 11 mars 2014 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Δεν υπάρχουν σχόλια:
Δημοσίευση σχολίου