ΤΡΊΤΗ, 25 ΟΚΤΩΒΡΊΟΥ 2011
'PEKAKA' ou 'Pékéké'? Les mots qui fâchent en Turquie
Dans le langage officiel politique turc, il y a les mots qu'il ne faut pas dire ou écrire :génocide, sexualité, athéisme, Kurdistan. Ils n'existent pas. Il y a des expressions qu'il faut faire précéder d'un "sözde", un "soi-disant" : le "soi-disant" génocide arménien, la "soi-disant" république de Chypre. Il y a des mentions obligatoires : "l'organisation terroriste" qui désigne, souvent sans le citer, le PKK.
Depuis deux jours l'agence Reuters s'est vue traitée de tous les noms, pour avoir continué à faire son travail et n'avoir pas cédé aux pressions. La dépêche publiée le 19 octobre lui a valu une volée de critiques indignées, de plusieurs ministres mais aussi de "soi-disant" journalistes tels que Ekrem Dumanli, le patron de Zaman. Le premier ministre Erdogan a lui aussi ciblé Reuters et BBC, coupable à ses yeux de décrire "les rebelles du PKK" et non "les terroristes du PKK". Des pressions sur la presse classiques dans une situation de conflit. L'agence Reuters a répondu poliment qu'elle s'employait à informer ses lecteurs, qu'elle n'utilisait jamais le mot terroriste pour qualifier une organisation, mais des mots plus informatifs: insurgé, rebelle, guérillero, indépendantiste... D'Al Qaida aux FARC, il en est ainsi pour tous les groupes.
Il y a aussi une prononciation imposée. Le PKK, dont le sigle correspond à son nom en kurde Partiya Karkerên Kurdistan, Parti des Travailleurs du Kurdistan, ne se traduit pas en turc: on ne dit pas Kurdistan Isçi Partisi. On dit "PEKAKA". A la télévision ou au Parlement, on emploie cette prononciation incorrecte. En turc, la lettre P se dit "pé", mais la lettre K se dit "ké". On dit Aképé et non pas Akapé pour désigner le parti au pouvoir AKP. Logiquement, il faudrait donc dire Pékéké.
Mais c'est ainsi que le prononcent les Kurdes. Ne pas faire la faute peut être considéré comme une preuve d'un soutien à la fameuse "organisation terroriste" ...
Mais c'est ainsi que le prononcent les Kurdes. Ne pas faire la faute peut être considéré comme une preuve d'un soutien à la fameuse "organisation terroriste" ...
Le charabia officiel est obligatoire. Et gare aux rebelles, pardon aux terroristes.
Chaque fois que la Turquie lance une grande opération médiatico militaire contre le PKK, très souvent donc, celle-ci s'accompagne de fermes invitations lancées aux journalistes, y compris étrangers, à bien choisir leurs mots. Et donc leur camp. Les terroristes du PKK ne sont ni des "rebelles" ni une "guérilla", mots jugés trop neutres ou descriptifs. Le Larousse donne pourtant cette définition du mot guérilla: "Combat mené par des groupes clandestins et caractérisé par des actions ponctuelles en vue de déstabiliser un régime".
Chaque fois que la Turquie lance une grande opération médiatico militaire contre le PKK, très souvent donc, celle-ci s'accompagne de fermes invitations lancées aux journalistes, y compris étrangers, à bien choisir leurs mots. Et donc leur camp. Les terroristes du PKK ne sont ni des "rebelles" ni une "guérilla", mots jugés trop neutres ou descriptifs. Le Larousse donne pourtant cette définition du mot guérilla: "Combat mené par des groupes clandestins et caractérisé par des actions ponctuelles en vue de déstabiliser un régime".
Depuis deux jours l'agence Reuters s'est vue traitée de tous les noms, pour avoir continué à faire son travail et n'avoir pas cédé aux pressions. La dépêche publiée le 19 octobre lui a valu une volée de critiques indignées, de plusieurs ministres mais aussi de "soi-disant" journalistes tels que Ekrem Dumanli, le patron de Zaman. Le premier ministre Erdogan a lui aussi ciblé Reuters et BBC, coupable à ses yeux de décrire "les rebelles du PKK" et non "les terroristes du PKK". Des pressions sur la presse classiques dans une situation de conflit. L'agence Reuters a répondu poliment qu'elle s'employait à informer ses lecteurs, qu'elle n'utilisait jamais le mot terroriste pour qualifier une organisation, mais des mots plus informatifs: insurgé, rebelle, guérillero, indépendantiste... D'Al Qaida aux FARC, il en est ainsi pour tous les groupes.
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