Mondialisation.ca, 28 mars 2014
« La
situation en Ukraine nous rappelle que notre liberté n’est pas gratuite
et nous devons être prêts à payer » : c’est ce qu’a rappelé le
président Obama, à Rome comme à Bruxelles, en se disant préoccupé que
certains pays OTAN veuillent diminuer leur propre dépense militaire. La
semaine prochaine, a-t-il annoncé, se réuniront à Bruxelles les
ministres des affaires étrangères pour renforcer la présence OTAN en
Europe orientale et aider l’Ukraine à moderniser ses forces militaires.
Cela requerra des ajouts de crédits. Nous sommes donc prévenus ; et on
nous parle de coupe dans la dépense militaire !
A combien se monte celle de
l’Italie ? Selon les données du Sipri, le fameux institut international
dont le siège est à Stockholm, l’Italie a grimpé en 2012 au dixième rang
parmi les pays ayant les plus grosses dépenses militaires du monde,
avec environ 34 milliards de dollars, équivalents à 26 milliards d’euros
annuels. Ce qui équivaut à 70 millions d’euros par jour, dépensés avec
de l’argent public en forces armées, armes et missions militaires à
l’étranger.
Selon les données relatives à
cette même année, publiées par l’OTAN il y a un mois, la dépense
italienne pour la défense se monte à 20,6 milliards d’euros, équivalant à
plus de 56 millions d’euros par jour. Ce chiffre, précise-t-on dans le
budget, ne comprend cependant pas la dépense pour d’autres forces qui ne
sont pas sous commandement OTAN de façon permanente, mais assignables
en fonction des circonstances. Et ne comprend pas non plus les dépenses
pour les missions militaires à l’étranger, qui ne sont pas sur le budget
du ministère de la défense. Il y a en outre d’autres sommes extra
budgétaires affectées pour le financement de programmes militaires à
long terme, comme celui pour le chasseur F-35.
Le budget officiel confirme que
la dépense militaire OTAN se monte à plus de 1000 milliards de dollars
annuels, équivalant à 57% du total mondial. En réalité elle est plus
élevée, en ceci qu’à la dépense étasunienne, quantifiée par l’OTAN en
735 milliards de dollars annuels, doivent être ajoutées d’autres lignes
de caractère militaire non comprises dans le budget du Pentagone –parmi
lesquelles 140 milliards annuels pour les militaires à la retraite, 53 pour le « programme national d’intelligence » (renseignements, Ndt),
60 pour la « sécurité de la patrie »- qui portent la dépense réelle
étasunienne à plus de 900 milliards de dollars, c’est-à-dire à plus de
la moitié de celle mondiale.
L’objectif des Etats-Unis est
que les alliés européens assument un plus gros pourcentage dans la
dépense militaire de l’OTAN, destinée à augmenter avec l’élargissement
et la potentialisation du front oriental. Aujourd’hui, souligne Obama,
« des avions OTAN patrouillent dans les cieux de la Baltique, nous avons
renforcé notre présence en Pologne et nous sommes prêts à faire plus ».
En avançant dans cette direction, prévient-il, « chaque Etat membre de
l’OTAN doit accroître son propre engagement et assumer sa propre charge,
en montrant la volonté politique d’investir dans notre défense
collective ». Cette volonté a été à coup sûr confirmée à Obama par le
président de la république Napolitano et le chef du gouvernement Renzi.
La charge, comme d’habitude, ce sont les travailleurs italiens qui se la coltineront.
Manlio Dinucci
Edition de vendredi 28 mars 2014 de il manifesto
Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio
Apostille de la traductrice pour la version française
Selon les données du Sipri pour l’année 2012, la France est au 6ème
rang mondial de la dépense militaire avec 58,9 milliards de dollars,
soit environ 43 milliards d’euros, ou 117 millions d’euros par jour.
Hors coûts portés dans d’autres lignes budgétaires.
Voir budget défense de 2014 :
Ces données ne spécifient pas le coût particulier de la « liberté OTAN » (actuelle et à venir) pour la France.
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