Mondialisation.ca, 24 février 2014
Le
samedi 22 février 2014, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté à
l’unanimité la résolution humanitaire 2139 [1]. Le vote du texte
initialement présenté par l’Australie, le Luxembourg et la Jordanie, et
soutenu par la Grande Bretagne, les États-Unis et la France ayant été
reporté de quelques jours par la Russie, qui aurait menacé de son veto
avant modification. Des voix s’élèvent, toujours les mêmes, pour
exprimer leurs doutes quant à son efficacité en raison de l’absence de
sanctions automatiques, pour prétendre que l’attitude intransigeante du
« régime » syrien a conduit à la clôture de la deuxième session des
négociations de Genève 2 sans avancées, et même pour continuer à
affirmer – désormais, contre toute vraisemblance – que les terroristes
qui sévissent en Syrie « sont les complices du régime syrien » [2] !
Pour mémoire, voici la traduction du communiqué final du délégué syrien permanent auprès des Nations Unies, le Docteur Bachar al-Jaafari, qui répond, entre autres, aux complices du terrorisme et aux faux amis de la Syrie. [NdT].
J’aurais aimé commencer par saluer Monsieur le Secrétaire général, mais le voilà qui a quitté la séance. Je passerai donc directement au communiqué.
Monsieur le Président,
l’amélioration de la situation humanitaire est l’une des priorités du
gouvernement de la République arabe syrienne, priorité à laquelle il a
été particulièrement attentif depuis le début de la crise et qui relève
de ses devoirs constitutionnels et internationaux. C’est pourquoi, il
n’a cessé de travailler jour et nuit pour répondre à tous les besoins
humanitaires de ses citoyens. Et c’est d’une façon équilibrée qu’il
travaille pour ramener la sécurité et la stabilité à l’ensemble du pays.
Le Gouvernement syrien
respecte pleinement ses obligations internationales, dont celle de
coopérer avec les Nations Unies et ses organisations travaillant dans le
domaine de l’assistance humanitaire, conformément à la résolution de
l’Assemblée générale N° 46/188 et aux principes directeurs qu’elle a
établis, notamment le premier d’entre tous concernant le respect de la
souveraineté nationale des États.
En vertu de cette
souveraineté et dans le cadre de la résolution présidentielle du 2
Octobre 2013 du Conseil de sécurité, le Gouvernement syrien a mis en
oeuvre un ensemble de procédures administratives et logistiques qui ont
permis aux Nations Unies, et aux organisations humanitaires qui en
dépendent, d’élargir le domaine de leur activité et d’en améliorer
l’efficacité ; ce qui n’aurait pu être finalisé sans la l’entière et
effective collaboration de ce gouvernement.
À titre d’exemple je me
contenterai de rappeler que le Gouvernement syrien a consenti à ouvrir
un troisième pont aérien pour acheminer les aides humanitaires de la
ville d’Irbil en Irak à la ville d’Al-Qamichli en Syrie. Ce dernier pont
aérien a comporté 11 voyages, suite à 13 voyages pour le premier pont,
et 10 voyages pour le second. J’ajouterai que le Gouvernement syrien a
pris l’initiative de proposer sa propre flotte aérienne pour
l’acheminement de ces aides.
Mesdames et Messieurs, en
plus de sa coopération avec les instances internationales, le
Gouvernement syrien assume la plus grosse part des aides humanitaires
distribuées dans tout le pays. Sa participation est de 75 %, contre 25%
seulement pour l’ensemble des organisations onusiennes et
internationales travaillant en Syrie.
Monsieur le Président, face
à l’esprit d’ouverture, de coopération effective et d’engagement réel
du Gouvernement syrien dans le domaine humanitaire, certains
gouvernements d’États membres de ce respecté Conseil insistent à
répandre leurs campagnes mensongères ininterrompues pour semer le doute
et la désinformation. Ce qui démasque très clairement leurs mauvaises
intentions, de principe, à l’égard de mon pays et lève aussi le voile
sur la réalité de penchants maladifs et sadiques, dissimulés derrière
des manifestations ayant trait au Droit des relations publiques, aux
dépens des douleurs et des espoirs du peuple syrien.
En effet, certains États ne
cachent plus leur énorme frustration devant la survenue de signaux
positifs, que ce soit dans le domaine humanitaire ou diplomatique ;
frustration qui s’est répercutée par plus de destruction et de
terrorisme dont le peuple syrien a payé et continue de payer le prix.
Leurs réunions et communiqués diffamatoires se sont accompagnés de
l’incitation et de l’encouragement évidents et cruels de groupes
terroristes qui obéissent à leurs ordres et qu’ils soutiennent.
Des groupes terroristes
qu’ils soutiennent financièrement et afin de leur permettre tout ce
qu’il est possible de faire pour interdire au citoyen syrien d’assurer
sa subsistance et sa survie, et le plonger dans le bourbier de
l’oppression, de l’obscurantisme et de la souffrance ; exactement comme
l’a dit ma chère collègue déléguée de l’Argentine.
Monsieur le Président, les
tentatives de certains États membres de ce Conseil pour réduire
politiquement la scène syrienne – compliquée par les ingérences arabes,
régionales et internationales – à sa seule dimension humanitaire,
tendent à aggraver la crise humanitaire et à exploiter la souffrance du
citoyen syrien. Ces mêmes tentatives tendent aussi à imposer une lecture
partiale et discrétionnaire cherchant à masquer les ingérences
étrangères précédemment citées, à manipuler la crise humanitaire
syrienne, et à faire pression sur l’opinion publique internationale.
À l’appui de ce que je
viens de dire, il me suffit de rappeler que certains États membres de ce
Conseil ont refusé, à huit reprises, d’adopter des décisions de cette
Assemblée relatives à la simple publication de communiqués de presse
condamnant des actes terroristes qui ont emporté la vie de milliers de
citoyens syriens innocents. Il me suffit de rappeler que certains États
membres de ce Conseil, si empressés de discuter de la situation
humanitaire en Syrie, ont refusé la simple idée de fournir des
ambulances et des fauteuils roulants à ceux qui en ont besoin.
Monsieur le Président, le
Gouvernement syrien a toujours accueilli favorablement et coopéré
efficacement à tous les efforts sincères destinés à l’amélioration de la
situation humanitaire en Syrie. Il a accueilli favorablement la
déclaration présidentielle du Conseil de sécurité du 2 Octobre 2013 et a
respecté ses dispositions. Mais soutenir humainement les Syriens,
Mesdames et Messieurs, ne peut être réalisé, justement et efficacement,
qu’à la condition de joindre les actes aux paroles pour empêcher la
politisation des questions humanitaires, et stopper le terrorisme dû à
différentes organisations dont celles en relation avec le réseau
d’Al-Qaïda.
Ce terrorisme est la cause
essentielle des souffrances du peuple syrien qui le voit détruire
systématiquement ses infrastructures, voler ses ressources, cibler
volontairement les convois humanitaires, attaquer le personnel venu à
son secours jusqu’à tuer bon nombre d’entre eux. Et ceci, sans oublier
les attaques de groupes terroristes dans nombre de régions, interdisant
l’arrivée de ces secours, prenant des otages, et usant de la population
comme boucliers humains pour interdire à l’Armée nationale et aux Forces
de sécurité d’intervenir.
Par conséquent, le
Gouvernement syrien, comme tout autre gouvernement d’États membres de
cette Organisation internationale, ne fait qu’exercer son droit et son
devoir constitutionnels, pour combattre le terrorisme qui frappe la
Syrie sans distinction aucune. Ce faisant, il s’appuie sur le Droit
international et les résolutions de votre respectée Assemblée. Imposer
la Loi, Mesdames et Messieurs, relève de l’autorité même de l’État,
notamment lorsqu’il s’agit de combattre des actes terroristes sur son
sol, et nul ne peut lui retirer ce devoir et ce droit exclusifs.
Monsieur le Président, en
plus de ces souffrances engendrées par les organisations terroristes, il
y’a les effets négatifs des sanctions économiques drastiques et
unilatérales imposées illégitimement par ces mêmes États membres, et qui
aggravent considérablement la situation humanitaire en Syrie ; sans
oublier le handicap engendré par le faible financement à destination
humanitaire. En effet, malgré toutes les manifestations carnavalesques
ici ou là, les plans censés répondre à la situation humanitaire n’ont
pas dépassé les 7% des besoins chiffrés en 2014, alors que ceux destinés
aux réfugiés dans la région n’ont pas dépassé les 13%. !
Monsieur le Président, le
Gouvernement syrien a très tôt déclaré sa sérieuse et sincère
détermination à régler la crise par un processus politique passant par
le dialogue entre toutes les forces et les composantes politiques,
sociétales, culturelles, et économiques du pays, y inclus les forces de
l’opposition nationale et les combattants qui déposeraient leurs armes
pour revenir vers le droit et la raison, seuls capables de protéger le
pays et de pérenniser ses institutions.
En retour, l’État syrien a
offert des garanties juridiques, sécuritaires, et politiques à tous ceux
qui ont souhaité s’engager dans ce processus à l’échelon national. Et,
effectivement, ce processus voulu par le gouvernement a donné des
résultats tangibles sur le terrain et dans plusieurs régions du pays.
Ainsi, récemment ont eu lieu nombre de réconciliations locales qui ont
adressé au monde un message confirmant que les enfants de la Syrie sont
capables de régler leur crise par eux-mêmes, à l’écart de toute
manipulation extérieure contre leurs intérêts. À ce propos, ce que nous
venons d’entendre de la part d’un mes collègues quant à l’incarcération
de certains Syriens, qui se sont rendus dans le cadre de ces
réconciliations nationales, est absolument faux. Je le réfute devant
vous tous !
Toujours dans le but de
régler cette crise, le Gouvernement syrien travaille 24H/24 à sécuriser
toutes les installations du service public dans toutes ces régions, et à
faire en sorte qu’elles soient prêtes pour répondre aux besoins des
habitants et accueillir les déplacés qui souhaitent regagner leurs
foyers en toute sérénité et sécurité. Car, en fin de compte, la patrie
reste le dernier refuge pour ses enfants ; surtout si nous prenons en
compte les souffrances endurées par les réfugiés syriens devenus une
marchandise peu chère pour ceux qui font commerce de la politisation de
la crise ; et aussi, si nous considérons la médiocrité des « camps pour
réfugiés syriens » du point de vue accueil, santé, sécurité, et
atteintes immorales à leur dignité.
Monsieur le Président, le
Gouvernement syrien a respecté l’ensemble de ses engagements relatifs à
la déclaration présidentielle du 2 Octobre 2013 ; que j’avais
favorablement accueilli quasi-immédiatement. Nombre des dispositions de
cette précédente décision figurent dans la résolution adoptée par le
Conseil d’aujourd’hui. Cette dernière résolution vient confirmer, sans
équivoque, la présence d’un terrorisme international sévissant en Syrie
et affilié au réseau d’Al-Qaïda ; ceci, après la négation injustifiée et
inexpliquée de ce fait depuis le début de la crise syrienne.
Il est sans doute temps
pour le Conseil de sécurité de faire son devoir en traitant,
sérieusement et fermement, les racines de la crise humanitaire syrienne
représentées par les exactions de groupes terroristes contre des civils
syriens, avec le soutien de gouvernements, d’individus et d’entités,
désormais connus de tous ! Un soutien auquel participent, ouvertement,
les forces d’occupation israélienne, en toute connaissance de la
direction des opérations de maintien de la paix sur la ligne de
cessez-le feu dans le Golan occupé [La FNUOD, NdT].
Les opérations de transfert
d’aides humanitaires à travers les frontières ne peuvent se faire d’une
manière qui transgresse la souveraineté nationale syrienne, laquelle
est garantie par la Charte des Nations Unies. À cet égard, nous mettons
en garde contre le non respect de ce qui est stipulé dans le texte de la
résolution 46/188 quant aux dispositions particulières concernant
l’assistance humanitaire.
Laisser croire qu’autoriser
des pays voisins – impliqués dans l’aggravation de la crise, le
soutien, l’entraînement, et le financement de Daech, d’Al-Qaïda, de
Jabhat al-Nosra, et de la Jabhat « islamiste » – à mettre en place des
« opérations humanitaires » par delà les frontières, peut solutionner le
problème et y mettre fin pour des milliers de Syriens, est une
tromperie risible destinée à endormir les enfants. Ceci, parce que ces
frontières limitrophes de pays voisins, dont nous parlons, importe le
terrorisme qui massacre le peuple syrien, en Syrie
Oui, Mesdames et Messieurs,
comme l’a dit ma chère collègue représentante du Nigéria, la violence a
atteint les frontières de l’irrationnel et de l’indicible. Ce qui est
vrai ! Mais reste à savoir pourquoi ce silence injustifié sur les
ingérences étrangères cruelles en Syrie ?
Malheureusement, la
mentalité dominante chez certains est celle de « la diplomatie des
hyènes », non celle du droit international et humain !
Une dernière remarque,
Monsieur le Président. L’un de mes collègues a déclaré que la délégation
de la République arabe syrienne à Genève a refusé le projet de l’ordre
du jour proposé par M. Lakhdar al-Brahimi. C’est officiellement que je
réfute ses dires, pour la bonne raison que je me trouvais dans la salle
et que j’ai donné, moi-même, notre approbation à ce plan une minute
après la proposition faite par M. Brahimi. C’est l’autre partie qui l’a
refusé. Vous pourrez interroger M. Brahimi sur ce sujet lorsque vous le
rencontrerez, prochainement, pour discuter des suites de cette
histoire !
Dr. Bachar al-Jaafari
Délégué syrien permanent auprès des Nations Unies
22/02/2014
Texte transcrit et traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal pour Mondialisation.ca
Source : Vidéo You Tube / TV Syria [al-Fadaiya]
Notes :
[1] Full text : UN Sécurity Council Resolution 2139
Communiqué / France
Diplomatie : Vote de la résolution 2139 du Conseil de sécurité sur les
questions humanitaires en Syrie (22.02.14)
[2] Syrie (Q&R – Extrait du point de presse – 21 février 2014)
Extrait :
« Nous soutenons la
coalition nationale syrienne et l’opposition modérée. C’est elle qui
incarne l’avenir de la Syrie et que nous considérons comme un
interlocuteur politique légitime. La France condamne en revanche les
groupes extrémistes et djihadistes – qui, en réalité, sont les complices
du régime syrien. » !!!
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