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Τετάρτη 25 Φεβρουαρίου 2015

Un Etat na jamais existé en Libye ?





Georges Napolitano
Photo : Georges Napolitano
Il nest pas vrai que la guerre de 2011 ait désagrégé lEtat libyen. Cest le président émérite de la République, Georges Napolitano, qui nous la expliqué, dans son intervention au Sénat : « Je considère que, au sens moderne de lexpression, un Etat na jamais existé en Libye ». Il y a quelques mois seulement, il avait qualifié la Libye d « Etat failli » (catégorie créée par le « Fond pour la paix » étasunien). Mais à présent il y a repensé : « Quon puisse parler aujourdhui dEtat failli suscite en moi quelque perplexité : lexercice du pouvoir autocratique et personnel du président Kadhafi sur la base dun système déquilibres avec la multitude des tribus, nétait pas un Etat ». Sur la rive sud de la Méditerranée il ny avait donc pas un Etat, la République arabe de Libye, née en 1969 après plus de 30 années de domination coloniale italienne et presque 20 dune monarchie succube de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis. Un Etat qui, une fois abolie la monarchie, avait fermé en 1970 les bases militaires étasuniennes et britanniques, et nationalisé les propriétés de British Petroleum. Un Etat qui -daprès la Banque Mondiale en 2010- conservait « de hauts niveaux de croissance économique », assurant ainsi (malgré les disparités) le plus haut niveau de vie en Afrique et donnant du travail à environ deux millions dimmigrés africains ; qui enregistrait « de forts indicateurs de développement humain » parmi lesquels laccès universel à linstruction primaire et secondaire et, pour 46%, à celle de niveau universitaire.  Un Etat qui avait rendu possible par ses investissements la naissance dorganismes qui auraient pu réaliser lautonomie financière de lAfrique : la Banque  africaine dinvestissement (en Libye), la Banque centrale africaine (au Nigéria), le Fond Monétaire africain (au Cameroun).

Dans une réécriture de lhistoire, tout ceci est effacé et la Libye de 1969-2011 se trouve représentée comme un non-Etat, une « multitude de tribus » (définition destampille coloniale) maintenues ensemble par le pouvoir de Kadhafi. Pouvoir qui existait indubitablement, fruit des phases historiques traversées par la Libye, mais qui sétait relâché et décentré en ouvrant la perspective dune évolution ultérieure de la société libyenne. La Libye, après que les USA et lUe avaient révoqué lembargo en 2004, sétait reconstruit une place au niveau international.
En avril 2009, à Washington, la secrétaire détat Hillary Clinton serrait chaleureusement la main à un des fils de Kadhafi, en déclarant vouloir « approfondir et élargir notre coopération ». Moins de deux ans après, cette même Clinton lançait la campagne internationale contre Kadhafi, en préparant la guerre.
Maintenant par contre, dans le cadre de la compétition pour les prochaines présidentielles, les squelettes sortent du placard : des preuves documentées (publiées par le Washington Times et examinées par la commission denquête du Congrès sur lassassinat de lambassadeur des USA à Benghazi en 2012) démontrent que cest Hillary Clinton qui a poussé ladministration Obama à la guerre contre la Libye « avec de faux prétextes et en ignorant les conseils des commandants militaires ». Pendant que Clinton accusait Kadhafi  de génocide, les services de renseignements étasuniens indiquaient à travers leurs rapports internes  que « Kadhafi avait donné lordre de ne pas attaquer les civils mais de se concentrer sur les rebelles armés ». On découvre aussi un rapport, envoyé en 2011 par les autorités libyennes à des membres du Congrès des USA, documentant les fournitures darmes aux djihadistes libyens de la part du Qatar avec l « autorisation de lOtan ».
A cette époque le président Napolitano déclarait que, « ne pouvant pas rester indifférents à la réaction sanguinaire de Kadhafi », lItalie adhérait au « plan dinterventions de la coalition sous conduite Otan ».
 Manlio Dinucci

Edition de mardi 24 février 2015 de il manifesto
Traduit de litalien par Marie-Ange Patrizio
Manlio Dinucci est géographe et journaliste. Il a une chronique hebdomadaire “L’art de la guerre” au quotidien italien il manifesto. Parmi ses derniers livres:  Geocommunity (en trois tomes) Ed. Zanichelli 2013; Geolaboratorio, Ed. Zanichelli 2014;Se dici guerra…, Ed. Kappa Vu 2014.
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