Mondialisation.ca, 28 février 2014
Une Pinotti[1]
rayonnante de joie, pour sa première sortie à l’OTAN (le rêve d’une
vie), a participé à la réunion des ministres de la défense qui s’est
tenue les 26-27 février au quartier général de Bruxelles.
Premier point à l’ordre du
jour l’Ukraine, avec qui –soulignent les ministres dans leur
déclaration- l’OTAN a un « partenariat distinctif » dans le cadre duquel
elle continue à « l’assister pour la réalisation des réformes ».
Prioritaire « la coopération militaire » (passe-partout avec lequel
l’OTAN a pénétré en Ukraine). Les ministres «félicitent les forces
armées pour n’être pas intervenues dans la crise politique » (en
laissant ainsi le champ libre aux groupes armés) et réaffirment que pour
« la sécurité euro-atlantique » une « Ukraine stable » (c’est-à-dire
stable sous l’OTAN) est fondamentale.
Les ministres ont ainsi traité le thème central de la Connected Forces Initiative,
qui prévoit une intensification de l’entraînement et des manoeuvres
qui, conjointement à l’emploi de technologies militaires toujours plus
avancées, permettra à l’OTAN de maintenir une grande «promptitude et
efficience dans le combat ». Pour vérifier la préparation, se déroulera
en 2015 une des plus grandes manoeuvres OTAN « live », avec la
participation de forces terrestres, maritimes et aériennes de toute
l’Alliance. La première d’une série, que l’Italie s’est offerte
d’accueillir.
On potentialise en même
temps la « Force de riposte de l’OTAN » qui, composée d’unités
terrestres, aériennes et maritimes fournies en rotation par les alliés,
est prête à être projetée à n’importe quel moment et dans n’importe quel
théâtre de guerre. Dans l’entraînement de ses 13mille hommes, un rôle
clé est tenu par le nouveau quartier général des Forces pour les
opérations spéciales qui, situé en Belgique, est commandé par le
vice-amiral étasunien Sean Pybus des Navy SEALs.
La préparation de ces forces
entre dans le nouveau concept stratégique adopté par l’Alliance, dans
le sillage de la réorientation stratégique étasunienne. Pour mieux
l’expliquer c’est le secrétaire à la défense Chuck Hagel qui est
intervenu à Bruxelles, après avoir récemment annoncé un futur
redimensionnement des forces terrestres USA de 520mille à 450mille
militaires. Mais pendant qu’il réduit ses troupes, le Pentagone augmente
ses forces spéciales de 66mille à 70mille, en ajoutant une allocation
de 36 milliards de dollars pour l’entraînement. Les USA, explique Hagel,
« n’entendent plus être pris dans de grandes, et prolongées, opérations
de stabilité outre-mer, à l’échelle de celles d’Irak et
d’Afghanistan ». C’est la nouvelle façon de faire la guerre, menée de
façon couverte à travers des forces spéciales infiltrées, des drones
armés, des groupes (y compris extérieurs) financés et armés pour
déstabiliser le pays, qui préparent le terrain pour l’attaque conduite
par des forces aériennes et navales. La nouvelle stratégie, mise au
point avec la guerre en Libye, implique un plus grand engagement des
alliés.
Dans ce cadre le ministre
Pinotti a eu l’honneur d’avoir à Bruxelles un entretien bilatéral avec
le secrétaire Hagel qui, lit-on dans un communiqué du Pentagone, « a
remercié Madame Pinotti pour son leadership et pour la forte
contribution de l’Italie à l’OTAN, mission Isaf incluse ». Hagel a aussi
exprimé le solennel « engagement de continuer à chercher des moyens
d’approfondir la relation bilatérale avec l’Italie ». On peut donc
attendre encore plus de la « relation bilatérale » avec les USA, outre
les F-35, le Muos de Niscemi, la potentialisation de Sigonella et des
autres bases étasuniennes sur notre territoire, l’envoi de forces
italiennes dans les divers théâtres de guerre aux ordres, de fait, du
Pentagone. Surtout maintenant que le ministre de la défense est Roberta
Pinotti, dont le « leadership » a contribué à faire grimper l’Italie à
la dixième place parmi les pays ayant les plus hautes dépenses
militaires du monde : 70 millions d’euros par jour, selon le Sipri,
tandis qu’on annonce de nouvelles coupes dans la dépense publique.
Manlio Dinucci
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