La Coordination National Solidarité Kurdistan (CNSK) qui regroupe notamment les associations kurdes, le Parti Communiste Français (PCF) et MRAP interrogent dans une lettre ouverte les candidats à l'élection présidentielle. « Quelles initiatives entendez-vous prendre afin de favoriser un règlement politique et pacifique de la question kurde?»
Cette lettre, signée par une douzaine d’organisations, demande aux candidats à l'élection présidentielle de répondre à trois questions, attirant leur attention sur la politique de répression anti-kurde en Turquie et de ses relais en Europe.
« Monsieur,
A l’approche des prochaines échéances électorales et plus particulièrement des élections présidentielles, d’intenses débats portent à la fois sur les politiques nationales à mettre en œuvre pour la période à venir et sur le rôle qui devrait être celui de la France dans le monde.

Nous souhaitons attirer votre attention sur la situation du peuple Kurde de Turquie, victime depuis de nombreuses années d'actes de répression et d’atteintes aux droits humains.
Le Gouvernement turc a fait interpeller depuis avril 2009, quelques semaines après le succès aux élections municipales du Parti pour la Paix et la Démocratie (BDP), parti légal pro kurde, plus de  9 000 personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants.
Plus de 6 000 d'entre elles, sont toujours en détention, pour la plupart militantes et militants associatifs, politiques dont 6 députés, 18 maires, des centaines d'élus locaux, des cadres dirigeants du BDP, une cinquantaine d'avocats, des personnalités comme M. Muharrem Erbey, Vice-président national de l'Association Turque des Doits de l'Homme (IHD), ou Mm Busra Ersanli, professeure, experte en droit constitutionnel.
En réponse à un courrier du 7 décembre 2011 de Mme Michelle Demessine, Sénatrice, ancienne ministre, M. Alain Juppé, ministre des Affaires Etrangères, indiquait que "la France suit avec intérêt et attention l'application du projet d'Union nationale et de Fraternité" du gouvernement turc. 
Force est de constater que celui-ci poursuit sa politique répressive dont sont victimes de nombreux journalistes dont plus d’une centaine sont aujourd’hui emprisonnés à l’exemple de M. Ragip Zarakolu, éditeur, journaliste, militant des Droits de l'Homme sans que cela ne provoque de réactions ou condamnation de la part la diplomatie de notre pays.

Cette politique répressive trouve des relais en Europe, à l’exemple de l’opérateur satellitaire Eutelsat Communication qui a cessé, il y a quelques semaines, la diffusion de la chaine kurde RojTV. C’est une décision politique extrêmement grave contre la liberté d'expression qui ne peut qu’encourager les autorités turques à intensifier la répression que subissent les représentants de la presse écrite ou parlée. On ne peut écarter l’hypothèse que cette décision soit une des conséquences du soutien de la France à Ankara, manifesté par l’accord de coopération sécuritaire à propos duquel Mr Claude Guéant, ministre de l'Intérieur déclarait "qu’il va bien au delà des accords que la France signe habituellement dans le domaine de la sécurité".

Il en est de même avec l’acharnement exercé à l’encontre des élu[e]s du BDP, significatif de cette atteinte quotidienne aux Droits de l’Homme, à la liberté d’expression et la représentation du suffrage universel. 

Le fallacieux prétexte de lutte contre le terrorisme ne peut être retenu pour justifier une politique autoritaire et contraire à toute norme démocratique communément admise en Europe.

S’il en était besoin, la démesure de la réaction turque à l’adoption par les parlementaires français du texte de loi punissant le négationnisme des génocides, les déclarations injurieuses et menaçantes des différents ministres du gouvernement islamiste de Recep Tayyip. Erdogan illustrent la nature même du pouvoir en Turquie. 
A ce jour, aucune initiative politique, aucun signe d’ouverture ou de dialogue n’ont été engagés par les autorités turques pour ouvrir une voie à une solution politique et pacifique à la problématique kurde en Turquie.
Pour notre part, nous pensons que la défense des droits humains, de la liberté d'expression, du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, devraient être au cœur des préoccupations du prochain président de la République française.

C'est pourquoi, si vous êtes élu[e] à la fonction suprême nous souhaitons connaître et faire connaître votre position sur les droits du peuple kurde en Turquie, en publiant notamment votre réponse à ces trois questions :

-Dénoncerez-vous les accords de coopération sécuritaire, signés avec la Turquie ? 
-Dénoncerez-vous au nom de la France les atteintes aux droits humains, à la liberté d’expression, aux droits de la défense et d’information constatées en Turquie, incompatibles avec les valeurs universelles de la démocratie ?
-Quelles initiatives entendez-vous prendre afin de favoriser un règlement politique et pacifique de la question kurde ?

Avec nos respectueuses salutations.
Pour les membres de la CNSK                 
Joël Dutto
Note:
Amis du Peuple Kurde en Alsace - Amitiés Corse Kurdistan - Amitiés Kurdes de Bretagne (AKB)-Association Iséroise des Amis des Kurdes (AIAK) - Centre d’Information du Kurdistan (CIK) - Fédération des Associations Kurdes en France (FEYKA) - Hauts-de-Seine Kurdistan - Mouvement de la Paix - MRAP (Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples) - Parti Communiste Français (PCF) Solidarité et Liberté (Marseille) – Union Démocratique Bretonne (UDB)