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Πέμπτη 6 Αυγούστου 2015

L' Europillage de la Grèce





mario-draghi
Dans une intervention effectuée lors du colloque Democracy Rising qui sest tenu à Athènes le 17 juillet dernier, léconomiste Costas Lapavitsas a souligné le fait que le conflit autour de lendettement de la Grèce nest pas celui dun État en butte à des dispositions purement techniques et dépolitisées mais, bien au contraire, le révélateur dun conflit de classes. En effet, a-t-il fait remarquer lors du référendum du 5 juillet, les riches ont voté « oui » alors que les pauvres et classes moyennes défavorisées ont voté « non ».
Une vérité accessible à tous et pas seulement aux économistes. Nous savons aussi que la route sera longue avant le retour de bâton qui permettra de tenir tête à lobstination des riches à tout vouloir sapproprier. Pas besoin dêtre économiste pour comprendre que les grandes lignes des traités qui définissent lUnion Européenne et lEurozone sont avant tout les dispositions qui donnent un caractère légal au pillage des États par le capital privé.

En effet, à quoi bon avoir supprimé les frontières si ce nest pour permettre la libre circulation des capitaux ? A quoi bon avoir déréglementé si ce nest pour permettre à ces mêmes capitaux de pénétrer dans des domaines auparavant protégés comme le social ou lenvironnemental ? A quoi bon maîtriser linflation si ce nest pour protéger les placements qui la craignent par dessus tout ? A quoi bon avoir créé une monnaie unique si ce nest pour permettre aux bénéfices réalisés par le capital de pouvoir être rapatriés sans crainte de laisser des plumes dans le vent imprévisible des variations des taux de changes (un fonds dinvestissement est rémunéré sur sa prestation finale) ? Enfin, à quoi bon exiger encore et toujours plus de privatisations si ce nest pour semparer enfin des profits autrefois réservés aux entreprises publiques ? Le capital est un chasseur qui chasse au bazooka sur des terrains parfaitement plats, déclôturés, sans arbres, sans un rocher derrière lequel ses proies pourraient se cacher, un level playing field offrant une visibilité parfaite et surtout pas de cages, pas de réserves dans lesquelles certaines espèces pourraient échapper à la dure règle dun struggle for life reconverti en chasse dopérette pour satisfaire les appétits féroces dun capital à limage de ces dentistes, magnats ou rois imbéciles qui, le sang à la bouche et des couteaux plein les yeux,  ne cherchent quà détruire, sous bonne garde car ils ne sont pas braves, tout ce que la nature a fait de beau, de grand et dinnocent, cest-à-dire lexact contraire deux-mêmes. En regardant bien ces possédés, on devrait voir les démons en essaims qui leur sucent la cervelle.
Daprès Costas Lapavitsas, les mesures prises par Tsipras sont injustes, ne serait-ce que parce que les impôts vont subir une augmentation de 2% du PIB, « le gros des recettes fiscales [venant] des impôts indirect », de la TVA, limpôt inégalitaire par excellence puisque pesant sur les produits de première nécessité et faisant retomber, de ce fait, sur les moins bien lotis, le poids des impôts que les riches ne paient pas grâce aux cadeaux fiscaux quon leur fait depuis 2001 et grâce à lévasion fiscale, ce couloir de liberté ouvert, à dessein, par le système bancaire pour permettre aux bienheureux de la mondialisation déchapper aux lourdes chaînes étatiques. Loligarchie grecque peut vraiment dormir tranquille « sous [les] vastes portiques que des soleils marins [teignent] de mille feux »* car elle est, en plus, protégée par ses pairs européens. « Les créanciers exigent notamment que limpôt sur la solidarité soit ramené de 8 % à 6 % maximum pour les revenus supérieurs à 500 000 euros » (Guillot) ce qui, il faut ladmettre, est loin dêtre une mesure révolutionnaire en prétextant quelle ironie ! que ce taux élevé encouragerait les possédants à... lévasion fiscale. Un prétexte, un classique, un de plus dans la série des prétextes qui, cousus bout-à-bout, ont permis de façonner la tunique de lempereur, décrire tous ces traités destinés à pérenniser et amplifier la rente des puissants. Car tout nest quaffaire de rente.
Une vulgaire affaire de rente, la mondialisation, assortie des contraintes nécessaires que sont les pressions, la dette, les coups dEtats en couleur ou en noir et blanc, les assassinats, les guerres et les exécutions médiatisées des tyrans ennemis car il y a des tyrans amis comme Pinochet et ses cinquante millions dormant dans les caisses de la banque Riggs. Elle est facile à comprendre lHistoire puisquelle est léternel retour du pillard contre lagriculteur, du pillard contre lartisan, du pillard contre le travailleur, et quaujourdhui, derrière le rideau javellisé des traités, cest bien le pillard qui guette, déguisé en capitaliste, et que rien narrêtera, surtout pas nos discours, puisquil possède toutes les violences, à commencer par celle des mots.
Mais lisez donc jusquau bout lintervention de Costas Lapavitsas.
Bruno Adrie
*Charles Baudelaire, « La vie antérieure », Les fleurs du mal, 1857
Sources :
« Lapavitsas Calls for Exit as the Only Strategy for Greek People », intervention de Costas Lapavitsas dans le cadre du colloque Democracy Rising, Athènes, 17 juillet 2015
Transcription en français de cette intervention sur www.okeanews.fr
Photo : Mario Draghi, vice-président pour lEurope de Goldman Sachs entre 2002 et 2005, gouverneur de la Banque dItalie entre 2006 et 2011, président de la Banque centrale européenne (BCE) depuis le 1er novembre 2011.
Copyright © Bruno Adrie, Le blog de Bruno Adrie, 2015

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