Mondialisation.ca, 16 mai 2014
Url of this article:
http://www.globalresearch.ca/terreur-fasciste-en-ukraine/5382547
http://www.globalresearch.ca/terreur-fasciste-en-ukraine/5382547
Dans notre première entrevue publiée le 16 avril dernier dans Marquetalia nous signalions que de la manière dont évoluaient les choses,
«le scénario le plus probable n’est pas une guerre civile [en Ukraine]
mais bien un génocide perpétué contre les minorités ethniques, par les
puissances étrangères (la Russie inclue) se déroulant pendant que l’on
regarde d’un autre côté ». Malheureusement, cette
prévision se voit confirmée par les faits qui se sont déroulés le 2
mai. Notre objectif dans ces lignes est de donner l’information le plus
précise possible sur ce qui s’est réellement produit dans les
régions en contre-insurrection en Ukraine (entendu au sens où elles
s’opposent à l’insurrection de Maidán et son gouvernement putschiste) et
de le dénoncer face
à l’opinion publique, en particulier les lecteurs conscients de la
désinformation qui, comme c’est le cas depuis le début de la crise
Ukrainienne, s’est diffusée en Occident.
Nous commencerons par répliquer à l’intervention des représentants de plusieurs pays européens
face à l’assemblée de l’ONU lors de sa session de ce même 2 mai, qui
ont accusé les activistes du Donbass de « terroriser la population
civile » et d’être des troupes russes infiltrées appuyées par « de rares
manifestants ». Il serait difficile d’être moins informé ou moins
trompeur, parce que la résistance du Donbass, dont les membres,
là-bas s’appellent « volontaires » (opolchentsy) est composée justement
de cette même population civile et quiconque détient de l’information
de première main sait que la seule terreur qu’on les habitants de
Donbass est celle de voir débarquer les troupes des milices néonazies de
Praviy Sektor, ou selon leur version officialisée, de la Garde Nationale.
Quand à la présence de l’armée russe, rappelons simplement que jusqu’à
l’amiral finlandais Georgij Alafuzoff, ex chef de l’intelligence
militaire de Finlande et Directeur du Renseignement de l’Etat Major
de l’Union Européenne a reconnu le 15 avril dernier qu’il la
considérait comme « improbable », et selon nos informations, sauf
peut-être à Slaviansk, elle est inexistante.
“Terrorisme” et double standard
Les furieuses protestations de l’Occident, qui pour le moins donnent dans la caricature, n’apportent rien d’autre que la mise en évidence du double standard qui, selon ce qui est habituel en politique, et particulièrement en politique internationale,
s’applique dans ce cas. Et l’on se demande en quoi se différencie la
prise d’édifices publics, l’installation de barricades ou
l’appropriation des armes de la police pendant Maidán, où ces actions
furent applaudies, et dans les régions sud-occidentales (que nous nous
refusons à qualifier tendancieusement de « pro-russes ») où ces mêmes
actions sont condamnées sans recours. Les premiers, malgré qu’ils aient
utilisé des cocktails Molotov depuis janvier de l’année en cours – ce que n’ont pas encore fait les contre-insurgés – et plus tard des armes à feu, ont été encouragés et applaudis à chaque moment
depuis l’Occident. Les seconds qui n’ont réagi qu’après le coup d’état à
Kiev et qui n’ont pas utilisé jusqu’à présent la mortelle combinaison,
sont qualifiés de « terroristes » et toutes les forces armées
ukrainiennes et l’opinion publique occidentale s’excitent contre eux. En
résumé, les moyens et les circonstances qui conditionnent l’utilisation
de ce terme s’avèrent en soi non pertinents et ont pour fins celles qui
conviennent à la partie intéressée, dans le cas présent l’axe
Berlin-Washington.
Concernant la qualification de
terrorisme, il faut également mettre en évidence les déclarations de
l’actuel Ministre de l’Intérieur ukrainien, Arsén Avákov, qui sur les réseaux
sociaux, a signalé que « Ils ont donné l’ordre aux groupes terroristes
de se vêtir de noir et de tirer contre des civile, imitant les actions
de la milice ukrainienne. Je demande aux citoyens de Kramatorsk et
Slaviansk de ne pas sortir dans les rues et j’ai donné l’ordre aux
commandos du Ministère de l’Intérieur d’en finir avec la provocation ».
Selon les informations que nous détenons, l’unique groupe qui pourrait
agir de cette façon (et selon tous les
indices et d’après ce dont ils se sont montrés capables à Maidán),
c’est le Pravyi Séktor, les milices néonazies émanant des partis ultra
nationalistes de l’extrême-droite Trizub de Iarosh et Svoboda de
Tiahnybok. Ils sont aussi les seuls qui ont les moyens de se procurer le
genre de fusils qu’utilisent les francs-tireurs, sauf que du matériel
de ce genre a été découvert et saisi dans un véhicule intercepté dans un
contrôle routier à proximité de Slaviansk la nuit du 19 au 20 avril, au
début de la période pascale, un événement qui s’est conclu par un solde
de cinq morts. L’accusation lancée par Avákov, délibérément floue, vise
bien les prétendus infiltrés russes (dont la présence, nous l’avons dit
n’a pu être démontrée par personne), elle vise aussi les prétendus
« terroristes » et « séparatistes » du Donbass, mais il serait
préférable de la lire comme un prétexte et non des moindres dont le but
est de couvrir ses arrières si, finalement les véritables terroristes,
autrement dit, les miliciens de Pravyi Séktor ou leurs collaborateurs
étrangers (une possibilité que nous aborderons plus loin), arrivent à
prendre position, et commencent à assassiner des gens.
La réaction en Transcarpathie
Avant de nous préoccuper des
régions qui font l’objet de l’offensive de la Junte, comme les
mouvements de résistances ont baptisé l’auto-proclamé gouvernement de
Kiev (en comparaison avec les
gouvernements putschistes d’Amérique Latine des 70), il faut préciser
que la menace fascistoïde est ressentie non seulement dans les régions
sud-orientales à majorité russophone, mais également dans les autres régions. C’est ce qui se passe
dans la région extrême orientale du pays, la Transcarpathie
(Zakarpastka Óblast’), dans laquelle il y a une notable présence
« ethnique » de Ruthènes, Hongrois et Roumains, entre autres. Là, comme
dans d’autres régions, les ultra nationalistes ukrainiens ont pris le
contrôle de la situation, occupant les édifices publics, et, dans un
putsch localisé, le gouvernement régional, contre la volonté de la
majorité de la population. D’après une enquête récente, 80,8% des
personnes interrogées soutiennent l’initiative qui vise à exiger du
gouvernement de Turchynov, la libération des immeubles occupés : 80%
pensent qu’il faut mener une enquête contre les assaillants et les
participants au putsch régional, et le même nombre
exige que le Service de Sécurité d’Ukraine (SBU, successeur ukrainien
du KGB) suspendent les poursuites concernant ceux que les dites
autorités de fait qualifient de « séparatistes ruthènes ».
La résistance régionale, ancrée
dans le Congrès de la Ruthénie Carpatique, qui avait déjà proclamé en
2008 la République de Ruthénie Subcarpatique (Podkarpatska Rus’), a
rendu public un manifeste, divulgué également sur les réseaux sociaux,
dans lequel elle exige du gouvernement de Kiev et ses alliés
l’application de l’accord conclu à Genève le 17 avril passé, celui qui
inclus la remise des armes par les formations paramilitaires illégales,
la libération de tous les
édifices administratifs illégalement occupés , ainsi que des voies
publiques bloquées, et l’amnistie de tous les prisonniers politiques
sans délit de sang. On se souviendra des exigences de la part de “la
Junte” demandant que les activistes sud-orientaux exécutent l’accord
unilatéralement, étant donné qu’eux ne se sentaient pas concernés, niant
la principale raison par laquelle traité pour un moment, pouvait
désactiver la spirale de violence. A ce sujet, la résistance ruthène
considère que le dialogue pan-ukrainien sans participation de la
République Populaire de Donetsk (Donetskaia Naródnaia Respúblika) ou la
République de la Ruthénie Subcarpatique manque politiquement de sens.
En plus d’exposer ces exigences
générales, le manifeste inclue les exigences suivantes concernant le
cas de la Transcarpatie spécifiquement : la libération immédiate des
édifices occupés de la région, l’ouverture d’enquêtes judiciaires contre les
assaillants de ceux-ci, et que soient abandonnées les poursuites à
l’encontre des « séparatistes ruthènes », le désarmement en application
del’article 17 de la constitution d’Ukraine, de tous les groupe
illégaux, à commencer par Pravyi Séktor, les reconnaissances des
ruthènes comme « ethnie subcarpatique avec les droits politiques et
culturels annexés à la condition d’ethnie officiellement reconnue,
l’interdiction du SBU et d’autres organes de persécutions ethnique des
Ruthènes ainsi que de représailles contre eux, et finalement la présence
d’observateurs internationaux pour contrôler ce processus.
Óblast de Zakarpatia (La Transcarpatia)
Bassin minier de Donetz (Région du Donbass)
La région considérée comme Donbass est la zone de couleur rose, mais les frontières officielles de la région (óblast) sont les lignes de couleur noire.
Les événements d’Odessa
Le 24 avril, lors de la session de l’assemblée du Gouvernement Régional
d’Odessa, le chef de la Direction Régionale du Ministère de
l’Intérieur, Piotr Lutssiuk, signale aux députés la nécessité de faire
quitter la région aux groupes paramilitaires qui, s’étaient maintenus à
Kiev sans aucun contrôle, et furent envoyés par les nouvelles autorités à
Odessa pour se débarrasser d’elles provisoirement. Selon ce que
rapporte Lutssiuk, ces groupes (qui d’après certaines sources,
atteindraient les 3OOO membres)
ont établi dans la région 12 postes de contrôle routier illégaux. Dans
lesquels, montent la garde, par tournante, environ 1 500 personnes. En
plus, la semaine précédente à la session à laquelle il est fait
référence, la police
locale a découvert à Odessa un dépôt d’arme appartenant à Pravyi
Séktor, lequel contenait des balles, armes blanches, matraques,
bouteilles de cocktails Molotov et des paquets d’explosif.
*Les médias locaux ont pour
leur part rendu compte de multiples conflits qui ont eu lieu aux postes
de contrôles illégaux entre des miliciens néonazis et des voyageurs
d’Odessa ou des visiteurs de la ville. D’après ce qui a été dénoncé, les
premiers rompaient les vitres des automobiles,
maltraitaient les voyageurs et exigeaient de l’argent pour accorder le
passage. Du coup, le gouverneur nommé par les illégales autorités de
Kiev, Vladimir Nemirovsky, a tenu un discours en défense des dits
contrôles qui, selon son opinion, sont nécessaires pour contrôler les activités de la police. (sic !!!)
C’est dans ce climat qu’ont eu
lieu les tragiques événements du 2 mai, dont les antécédents sont (en
plus de la pré-mentionnée arrivée massive de membres
de Pravyi Séktor), d’une part, l’existence préalable d’un camp
d’activistes anti-Maidán à Kulivovo Pole (un parc au centre de la
ville),qui avait déjà souffert de nombreux assauts de la part tant de la
police que d’éléments nationalistes radicaux, et d’autre part la
convocation d’une manifestation nationaliste des supporters des factions
ultra-nationalistes radicales des deux équipes qui jouaient ce jour là à
Odessa, le Chernomórets local et le Metallist de Járkov. Au début, on
supposait que ces manifestations allaient rester pacifiques. Dans une vidéo qui montre les débuts de la marche on peut voir
un bien connu « centurion » de Pravyi Sektor (à Maidán ces groupes
s’organisaient dans des groupes de cent néonazis. – NdT) revêtu d’un
gilet pare-balles, parler avec quelqu’un, d’après le contenu de la
conversation, on a supposé que son interlocuteur aurait pu être le
ministre Avakov lui-même, qu’il trompe sans vergogne en disant que ses
« gars » étaient désarmés et que lui-même avait été blessé par une
pierre envoyée par les « séparatistes » encore que ces deux derniers
faits soient démentis par cette vidéo (antérieure au début des
affrontements) et celles qui furent enregistrées pendant l’assaut de
l’édifice des syndicats. Là déjà, parmi des individus revêtus de tenues
de camouflages et armées de bâton et de barres métalliques, un des
gardes du corps du « centurion », en uniforme paramilitaire, dit à un
policier : « Faites nous faire un bout de chemin et nous ferons notre
travail ». Il est donc hors de doute que la manifestation ait été
planifiée comme une attaque organisée.
Pendant de temps des activistes
de la dite Odésskaia Druzhina ou Masnada Odesita, (mouvements de
contre-insurgés) campaient à Kulikovo Pole, en recevant des nouvelles de
cette
manifestation, ils se divisèrent entre ceux qui pensaient qu’il valait
mieux rester pacifiquement dans le campement et ceux qui se décidèrent
de partir à la rencontre (de la manifestation) car ils pensaient, et
avait bien raison, que l’objectif réel de la marche était un nouvel et
définitif assaut du campement. Ainsi alors que 100 à 150 personnes sont
restées au camp, un autre groupe de 150, est parti rejoindre la
manifestation, identifiés par des rubans de l’Ordre de Saint-Georges qui
sont utilisés comme signes distinctifs de la contre-insurrection (car
ils sont associés à la victoire sur les troupes nazies de la Seconde
Guerre Mondiale). Ce groupe, portant des objets contondants et dans
certains cas protégés par des casques et des boucliers comme en
utilisent les anti-émeutes, s’est dirigés vers les manifestants qui
s’étaient regroupés sur la place Sabórneia, lesquels étaient occupés à
crier des slogans ultra-nationalistes de types fasciste Slava Ukraiiny !
et lançant des slogans contre les moskaly (littéralement
« moscovites », appellation exprimant le profond mépris dans lequel les
ukrainiens tiennent les russes). Ceux qui arrivèrent de Kulikovo Pole se
trouvèrent là, face à quelques 1 500 personnes, c’est pourquoi, lors
des affrontements qui ont suivi, ils ont eu la pire part.
C’est alors que se déroule la
partie la plus confuse des événements, pour laquelle les témoignages
sont, c’est logique, contradictoires. Les manifestants nationalistes
accusent la police d’avoir agit en faveur des « activistes pro-russes »,
les défendant en constituant un bouclier humain. Même comme cela, les
deux parties commencèrent à se lancer mutuellement des pierres et
n’importe quel objet lançable qui leur tombait sous la main. Ceci
suggère que la police tenta sans succès d’établir un cordon de sécurité
entre les deux groupes, mais que finissant par être débordée, elle
décida de se tenir à l’écart. Cependant dans une autre vidéo on
constate que le comportement de la police (dont quelques membres
portaient des brassards rouge, comme certains des nationalistes) est
extrêmement déconcertant, parce qu’on les y voit ouvrir une brèche dans
le dit cordon, permettant le passage à l’un et l’autre des groupes qui
s’affrontaient.
De là, nous avons déduit que
leur intention était de chauffer l’ambiance de manière à ce que les
hostilités dérivent d’elles-mêmes sur un assaut du campement cité, mais
ce qu’ils n’ont pas bien calculé c’est que le point d’ébullition serait
atteint aussi rapidement avec des résultats tellement dramatiques.
Confirment ce point de vue les images de cette même vidéo dans laquelle
on voit le chef de la police d’Odessa mêlés aux manifestants et la
disparition des participants au ruban rouge (ceux-ci réapparaîtrons
parmi les assiégeants de la maison des syndicats) quand les manifestants
nationalistes s’achemineront enfin vers Kulikovo Pole. Quoiqu’il en
soit, ce qui n’admet aucun doute, c’est la passivité ultérieure des
forces de sécurité ; ce qui constitue un des catalyseurs de la
tragédie.*
Dans le feu de l’action, les
nationalistes ont poursuivi leurs adversaires dans ce parc et une partie
de ceux qui étaient là à camper, plus quelques passants non prévenus,
finirent par se réfugier dans le bâtiment des syndicats, où ils se
retrouvèrent encerclés par les manifestants de signe contraire. Selon le
témoignage d’un de ces derniers, en conséquence des mouvements
spontanées des affrontements, une partie des « agresseurs pro-russes »
s’est réfugié dans le dit édifice entre les feux croisés des cocktails
Molotov. Dans l’une des vidéos diffusées
sur internet il y a quelques images, à première vue confuses, dans
lesquelles on voit comment un cocktail Molotov, soi-disant lancé par un
des réfugiés dans le bâtiment, tombe sur un appareil d’air conditionné,
ce qui aurait provoqué l’incendie, donnant aux nationalistes la
possibilité de parler d’auto-immolation. Selon cette même version, la
police est restée sur place et les pompiers ont accompli leur mission, pendant que
les membres de « l’autodéfense de Maidán » (autrement dit ceux de
Pravyi Sektor) auraient aidé les gens à sortir des flammes, les
défendant des coups des supporters furieux.
Cependant, les multiples vidéos
enregistrées, plus ou moins en caméra cachée, pendant l’assaut,
révèlent une situation très différente. Commençons par la vidéo
mentionnée comme preuve par les manifestants nationalistes, là, il est
évident que le rez-de-chaussée et la porte principale de l’édifice sont
déjà en train de brûler quand le cocktail Molotov est lancé. En plus,
même en ne prêtant pas grande attention, on constate parfaitement que la
trajectoire de la bouteille n’est pas verticale mais décrit une
parabole, dans laquelle elle tourne plusieurs fois sur elle-même,
jusqu’à aller s’écraser contre l’appareil d’air conditionné, ce qui
prouve factuellement qu’elle a été lancée depuis l’extérieur. En plus,
sur l’omniprésent et quasi omniscient internet nous pouvons trouver des
photos de joyeuses jeunes filles qui posent pendant qu’elles préparent
des cocktails Molotov pour Pravyi Séktor, photos qu’elles diffusent
elles-mêmes sur les réseaux sociaux, fières de leur travail au service
de la patrie ukrainienne. En ce sens il n’y a pas le moindre doute que
l’immeuble fut incendié par ses attaquants et le fait qu’ils ont
commencé par incendier les portes révèle l’intention d’empêcher la
sortie des occupants. De fait il y a une autre vidéo dans laquelle on entend un des assaillants crier : « Ecoutez, nous allons brûler ces putains de pédés dans le bâtiment ».
Dans ce même enregistrement, on
entend clairement les coups de feu répétés et on voit les manifestants
nationalistes, plusieurs d’entre eux en uniforme paramilitaire incluant
des casques de l’armée, armés de bâtons et pour la plupart, portant un
masque. On remarque aussi le dit « centurion » de Pravyi Séktor (sans
blessure aucune, pour sûr) qui tire
plusieurs coups de son pistolet en direction de la corniche du second
étage où un des assiégés tente de fuir les flammes. sans qu’aucun des
assiégeants lui vienne en aide, alors que de nouveaux cocktails Molotov
frappent continuellement contre les portes et la façade de l’édifice et
que l’on entend l’un des assiégeant dire à quelqu’un qui tentent de fuir
par les fenêtres. “Tiens ! Prends pour te rafraîchir !”, cri qui
s’accompagne clairement du lancement d’un autre cocktail Molotov. Ce
type d’action explique pourquoi dans le bâtiment certains des corps, ont
seulement la tête et les mains brûlées, et pas le reste du corps. Dans
une autre vidéo ont
entend une femme qui appelle à l’aide depuis une fenêtre de dernier
étage, peut après, on voit trois manifestants nationalistes s’accouder à
cette
fenêtre, arborant un drapeau ukrainien. Grâce à la position de la
fenêtre, la femme qui criait a été identifiée, dans les photographies
prises postérieurement du cadavre d’une femme enceinte, étranglée avec
un fil électrique, il s’agit d’une travailleuse des syndicats qui
étaient sur place pour réaliser des travaux d’entretien. Pendant tout ce
temps, la police brille par son absence, soulignée par la voix off de
l’auteur de la prise de vue, qui se réfère régulièrement aux assiégés
comme « les 300 Spartiates », en claire allusion à ceux qui sont tombés
face aux Perses en défendant le défilé des Thermopiles. La police
anti-émeutes arrivera seulement lorsque que certains des assiégés ont
commencé à sauter depuis l’immeuble en flammes, ce qui indique qu’elle
était dans les environs, mais n’osait pas intervenir (ou avait l’ordre
de ne pas le faire jusqu’à ce que la situation devienne tout à fait
insoutenable. Pour rendre justice à tous, il faut reconnaître qu’alors
la police et une partie de ceux qui entouraient l’édifice (parmi
lesquelles il y avait des gens
en attente en plus des manifestants) tentèrent de créer un couloir pour
évacuer avec sécurité les assiégés qui arrivaient à sortir du bâtiment
(une sécurité telle que la plupart on été arrêtés sous inculpation de
terrorisme, 69 d’entre eux ont été libérés le lendemain par la foule en
colère. NdT), pendant
qu’une partie des assiégeants continuaient à lancer des pierres contre
les rescapés, en criant Slava Ukraiiny !. L’opérateur de la vidéo
demandent alors qu’ils aident ceux qui tentent de sortir et quelques-uns
de manifestants lui répondent « Ces chiens !à Kiev, on leur coupe la
tête aux activistes et à leur pute de mère ! » ; ce qui se référant aux
habitants d’Odessa est une accusation qui n’a pas de sens , en plus de
fait, on a pas constater qu’à Maidán quiconque ait été décapité, ce qui
révèle la haine absolue et irrationnelle qui a rendu possible la
tragédie.
Toutes les circonstances, d’un
autre côté sont loin d’avoir été mises en lumière. D’après les
témoignages de plusieurs survivants, a l’intérieur du bâtiment il
pourrait y avoir eu, non par une cinquantaine de victime, chiffre
reconnu jusqu’à présent, mais au moins 200, vu qu’au début de son
occupation, les membres
de Pravyi Séktor ont poursuivit « les activistes pro-russes » et ont
abattu à coups de feu plusieurs d’entre eux, ce qui explique également
les photos des cadavres, plusieurs présentent à la tête des blessures
par armes à feu. Selon les dire des témoins, plusieurs réfugiés auraient
été conduit dans les caves où ils ont été exécutés ».
Par conséquence, l’incendie
n’aurait pas eu pour but unique d’en finir avec ceux qui étaient
encerclés dans le bâtiment, mais bien aussi de faire disparaître les
traces des assassinats qui ont été perpétrés là-bas. Il est évident que
pour faire toute la lumière sur ce qui s’est passé, il faudrait
l’intervention d’une instance compétente et neutre, mais les actuelles
autorités putschistes ukrainiennes qui ont célébré de manière réitérée
l’action de leurs « patriotes » dans cette « action antiterroriste »,
jamais ne vont autoriser une enquête approfondie examinant les détails
de la tragédie. Pour le moment, qui se sentirait capable de le faire
peut voir les terribles images captées
à l’intérieur de l’édifice, ainsi que les doutes, questions suscités
par les mêmes concernant le déroulement des faits, au sujet desquels
nous n’avons pas la compétence nécessaire pour nous prononcer, mais qu’il serait très éclairant de voir contestés par quelqu’un de qualifié.
A tout cela on peut ajouter les
enregistrements faits par les assiégeants à l’entrée de l’édifice,
après que l’incendie soit éteint, on les voit qui pillent les cadavres
et qui se moque des missels et icônes miniatures que certains portent dans
leurs poches. Pour compléter le tableau, dans les pages web
pro-nationalistes il a été diffusé pour se référer aux morts la
dénigrante désignation de la « centurie enfumées » en claire et ironique
contre-désignation de la « centurie céleste » c’est-à-dire les victimes
(martyrs dans leur terminologie) des actions de Maidán. Les
déclarations faites au sujets de ces événements par des politiciens
opportunistes comme Yulia Timoshenko, où d’authentiques fanatiques
ultra-nationalistes comme la députée de Svoboda Irina Farión, ne font
rien d’autre que d’augmenter le climat de haine ethnique le poussant à
l’exaspération de même que le communiqué du SBU sur la présence
complètent fausse de « provocateurs russes’ qui seraient en train de
« déstabiliser » Odessa, Donetsk et d’autres villes ukrainienne offrant
ainsi aux illégitimes autorités surgies du coup d’état du 22 février et à
ses bases armées, les milices ultra-nationalistes d’extrême-droite,
l’excuse pour déchaîner la présente vague de terreur, dont la victime
potentielle est l’ensemble de la population qui ne partage pas l’idéal
fascistoïde. En définitive, c’est une excuse pour assassiner leurs
propres citoyens.
Tout en reconnaissant
l’imprudence de la contre-insurrection d’Odessa (encore qu’il soit
possible qu’à la fin la mesure n’aurait pas été une meilleure parade),
il est clair que ce qui s’est produit dans l’immeuble des Syndicats
d’Odessa constitue un lynchage en bonne et due forme, qui est totalement
inadmissible même s’il avait concerné un authentique groupe terroriste,
puisque la présomption d’innocence et le droit à une justice équitable
font partie des plus élémentaires des droits humains. Mais il est
évident que dans la situation actuelle de l’Ukraine, nous sommes
confrontés au plus absolu mépris de ceux-ci, a fortiori de l’état de
droit. C’est seulement de cette manière que l’on peut comprendre que le gouverneur Nemirovsky ait « promulgué » depuis sa page facebook ( !!!) une « édit » prenant date ce jour
même du 2 mai, dans lequel il déclare à l’encontre de toute loi et de
tout principe éthique, que « Toute action des habitants d’Odessa qui
sera dirigée vers la neutralisations et la détention des terroristes
armés sera considérée comme légale ». Comme il fallait le rédouter la
chasse est ouverte.
La réaction dans les régions sud-orientales
Le 7 avril, la
contre-insurrection de la région de Donetsk proclame la souveraineté
nationale de la République Populaire de Donetsk (Donétskaia Naródnaia
Respublika), ce qui immédiatement a permis au gouvernement de fait
ukrainien de taxer de « séparatiste » quiconque dans cette
région s’oppose à ces actes ou qui exprime l’idée de la fédéralisation
du pays, même quand cela n’a rien à voir avec l’auto-proclamée
république souveraine, sinon tout le contraire. Avec le prétexte de la
proclamation de la RPD, a commencé l’occupation par certains des
contre-insurgés des bâtiments de l’Administration et toute la population
dans la rhétorique officielle des autorités de Kiev est devenue
immédiatement “terroriste” oubliant les actions similaires dans la
capitale avant le coup d’état. L’expédient est facile et commode ;
amalgamer dans le même schéma presque onze millions de personnes sans
faires de nuances, ni, par dessus tout, s’embêter à comprendre le
pourquoi ou, encore mieux, à l’assumer parce qu’il paraît impossible
qu’ils ne se rendent pas compte, malgré l’aveuglement congénital du
nationalisme de tout ce qui, de leur côté de la barrière identitaire,
permettrait d’expliquer cette situation aberrante.
Le gouvernement de Kiev, euphorique grâce à l’approbation consentie par l’Union Européenne et les États-Unis, au moment
même auquel il procédait à la destitution de Ianoukovitch, a
complétement oublié qu’il n’était qu’un gouvernement provisoire ce qui, –
même s’il avait été légitime – l’oblige à limiter ses fonctions aux
tâches courantes de maintenance du pays et à la préparation des
élections présidentielles prévues pour le 25 mai. Les nouvelles
autorités n’ont pas entendu que le sud-est du pays, qui s’est tu pendant
qu’elles manifestaient à Maidán, agissait ainsi, non pour un plein
soutien à ses exigences, buts, motivations et actions, mais parce qu’il
ne considérait pas comme possible qu’un gouvernement démocratiquement
élu puisse être destitué de cette manière, ni ne pensaient que le
soutien de l’Occident en viendrait à être aussi éhonté ni qu’une fois
que ce serait produit le coup d’état, ils oseraient s’immiscer dans les
régions dont les activités industrielles constituent la base économique
du pays, celles qui lui apportent la moitié de son PIB.
La première vague d’indignation
parmi la population russophone (qui n’est pas ethniquement russe et
encore moins par définition « pro-russe ») a eu lieu quand, au lieu de
se préoccuper de résoudre les graves problèmes économiques dont souffre
le pays, la Rada ou Parlement, dirigé par des éléments putschistes et
sous la menace des armes de Pravyi Séktor, a supprimé la loi des
langues, qui garantissait un statut spécial au russe, parlé par
l’immense majorité des populations de ces régions, ainsi qu’à d’autres
langues minoritaires comme le hongrois, le transcarpatien (mais pas le
ruthène considéré comme un dialecte de l’ukrainien) ou au
roumano-moldave à Chernivtsi et Odessa. Cette décision, prise le 23
février, fut répudiée y compris par le commissaire de l’OSCE
(Organisation pour la Sécurité et la Coopération Européenne) pour les
affaires des minorités ethniques, qui averti qu’une telle initiative
parlementaire pourrait aggraver la situation du pays, par-dessus tout
dans les régions dans lesquelles la question de la langue est considérée
comme importante.
Pour sa part, la porte-parole du Conseil de la Fédération de Russie,
Valentine Matviienko, prévint alors que cette décision allait constituer
le début du séparatisme en Ukraine. Ce sujet, aux yeux de beaucoup
d’habitants d’Europe, ne constitue pas une
raison suffisante pour un affrontement comme celui qui s’est produit.
Cependant, les citoyens ukrainiens russophones dès le début de Maidán
recevaient des signaux verbaux et graphiques du parti-pris idéologique
de l’opposition qui ensuite deviendra le gouvernement provisoire. La
symbolique fasciste qui apparaît sur les drapeaux, les peintures, les
vêtements et les pancartes de beaucoup d’activistes de Maidán démentent
les déclarations de cette opposition qui prétend agir au nom de toute
l’Ukraine – et ce malgré la participation du parti ultra nationaliste
Svoboda – et que son objectif serait d’unir toute l’Ukraine
indépendamment de l’ethnie, dans une avancée vers des valeurs
démocratiques. Malgré tout, les gens se sont armés de patience et ont
attribué l’usage des slogans et emblèmes de type fasciste d’avantage à
la ferveur patriotique de l’opposition qu’à ses véritables intentions
d’exécuter le programme politique de Svoboda, dont le contenu pour
quiconque connaît un peu l’histoire remonte au Munich de 1933 et au Lvov
de 1942.
De toute façon, cela a été
démenti, dès leur accès au pouvoir, par la dite abolition de la loi des
langues et parce que le gouvernement provisoire au lieu de désarmer les
unités paramilitaires néonazies de Pravyi Séktor, leur a permis
pratiquement de contrôler les régions occidentales d’Ukraine, sans
exiger qu’ils abandonnent les bâtiments occupés et, pour abonder dans ce
sens, tente de les légaliser comme partie de la Garde Nationale, en une
sorte d’éruption schizoïde qui prétend unir les unités militaires du
Ministère de l’Intérieur du dissous Bérkut avec ses adversaires
antérieurs dans les rues de Kiev. Conjointement à cette
offensive, de manière tout à fait évidente pour qui connaît la
situation de l’Ukraine, se produit la signature précipitée, sans
autorité légale ou morale pour cela des sections politiques (Titre I et
II) de l’accord contesté d’association de l’Ukraine et de l’Union
Européenne, qui pour les mineurs et les ouvriers de l’industrie du
Donbass signifierait (en cas d’application de sa partie économique) la
fermeture des entreprises correspondantes et la perte de leur poste de
travail, comme cela s’est produit en Espagne, dans des circonstances
similaires lors de ce qui est appelé par euphémisme la « reconversion
industrielle ».
Ainsi allèrent les choses, le
28 février, le leader de la contre-insurrection Pavel Gubarev
comparaissait devant l’assemblée régional de Donetsk, appelant les
députés a réagir face aux autorités putschistes de Kiev et à défendre la
région de “la Junte” sans aucun résultat. Le premier mars, pendant
une manifestation, la multitude à élu Gúbarev comme « gouverneur
populaire », contre le gouverneur imposé par Kiev, l’oligarque Serguéi
Taruta, mais le 6 mars il fut arrêté, accusé de « actions dirigées vers
le changement forcé, et la vulnération de l’Ordre Constitutionnel ou
assaut au pouvoir de l’état », ainsi que d’attentat contre l’unité et
l’inaliénabilité de l’Ukraine », ce qui ne laisse pas d’être ironique
venant d’un gouvernement coupable précisément de ces mêmes charges.
Cette inculpation fut sans doute une des premières démonstrations du
double standard employé depuis systématiquement par le nouveau
gouvernement et un catalyseur pour le développement du mouvement de
résistance à “la Junte”. D’un autre côté, Gubarev appelait à la
fédéralisation de l’Ukraine et pas à la Sécession du Donbass, une
opinion qui était encore majoritaire fin mars, selon une enquête
réalisée entre le 16 et le31 de ce mois par Ukrainian Sociology Service,
qui révèle que seulement 18% de la population des régions orientales
est partisane d’une sécession. Cette proposition de fédéralisation, que
propose pour la première fois le 30janvier de 2013 le député pour le
parti des régions Vadim Kolesnichenko, fut la première tentative de la
part de la population des régions sud-orientales d’offrir une sortie
rationnelle et pacifique à la situation de la part de quelques citoyens
qui pour des raisons expliquées lors de l’entrevuecitée au début de ces lignes, ne veulent pas en venir à faire partie de la Russie, ni être citoyens de seconde Zone dans leur propre pays.
Cependant, à cause du rejet par
l’assemblée régionale des propositions de Gubarev et ensuite de sa
détention, les manifestations à Donetsk ont commencé et elles ont
grandi. Alors la Rada, alors que la sécession de la Crimée s’était déjà
produite, adopta immédiatement une posture d’extrême agressivité et le
13mars, elle changea la loi électorale pour l’élection présidentielle, à
laquelle fut ajoutée une clause : « La Commission Électorale centrale
est obligée d’établir les résultats des élections présidentielles
indépendamment de la quantité de districts électoraux dans lesquels les
élections ont été menées à leur terme », autrement dit, elle élimine la
nullité des élections faute de quorum, à manoeuvre grossière au sujet de
laquelle tout commentaire serait superflu. De surcroît, l’amendement
suivant a été adopté “Si les élections ne sont pas menées à leur terme
dans certains districts électoraux, les résultats des votes au jour des
élections pour le Président de l’Ukraine s’établiront à partir des
résultats des autres districts électoraux”. Il a également été établi
que « le jour même des élections ne pourront être célébré aucun
référendum ni de l’état, ni locaux ». Le fondement de ces modifications
légales est constitué par la sécession non reconnue de la Crimée, où il y
a près d’un million d’électeur, et aussi la possibilité d’un boycott
électoral dans les régions du sud-est, en plus d’offrir la possibilité
de manipuler les résultats électoraux, cherchant des excuses pour
invalider les votes « inconvenants » de districts déterminés, sans avoir
à recommencer les élections. Ces dispositions furent suivie d’action de
protestation qui dans certains cas se sont terminées par l’occupation
de bâtiments officiels, en prenant précisément comme modèle celles qui
furent menées lors du Maidán, mais à la différence de ces dernières,
celle-ci furent taxées de « séparatistes », en application de la morale
de double standard. D’autre part, ces accusations semblent pouvoir
s’enraciner dans la profusion de symbolique pro-russe parmi la
contre-insurrection sud-orientale. Pour comprendre ce phénomène il faut
comprendre que malgré que les autorités de Kiev et leurs médias affins,
le nient constamment, le schéma de leurs actions révèle l’application du
programme de l’extrême-droite nationaliste ukrainienne, c’est pourquoi
dans les dites région on l’appelle « la Junte » et ses actions sont
considérés quasi unanimement comme fascistes. Dans la mémoire collective
de ces régions, fortement affectées par l’occupation nazie, la
libération elle-même est associée de manière indélébile à l’armée
soviétique (de là l’emploi mentionné du ruban de Saint-Georges, l’unique
décoration tsariste reconnue par le régime soviétique). A son tour,
l’armée russe est considérée de manière plus ou moins consciente, comme
son héritière. De là l’adoption d’une symbolique qui, quoique dans
certains cas elle corresponde réellement à une volonté séparatiste, pour
la majorité des gens, elle exprime seulement un principe, son profond
sentiment antifasciste.
L’“opération antiterroriste” du Donbass
Le 13 avril, les autorités de
Kiev ont annoncé le lancement de l’opération antiterroriste contre les
régions du Sud-est, après la prise le 12 avril, de la mairie de
Slaviansk par la contre-insurrection. Avant de poursuivre, il est
indispensable de se demander : de quel terrorisme sommes-nous en train
de parler ? Jusqu’à ce moment, dans les dits territoire, il n’y avait
pas eu de prises d’otages, aucune explosion n’avait été provoquée, ou
séquestration, il n’y avait pas eu de morts, sauf celle du porte-parole
de Svoboda dans le Donbass, causée par un coup de poing au cours
d’un affrontement entre des activistes pro et contre Maidán. Il est
clair donc, que parler dans ce cas de terrorisme c’est simplement avoir
recours au mot magique qui au moins depuis le 11 septembre, justifie en
occident n’importe quelle classe de violation de droits.
De fait, le premier
affrontement de la population civile avec les unités de l’armée s’est
produit le 17 avril, quand les gens, surpris face à la grande affluence
de véhicules militaires sur les routes se placèrent face à une colonne
de tanks. Avec les débuts de cette
opération, la population civile, qui fondamentalement était restée
tranquille, par pure inertie, même si son opinion coïncidait avec celle
de activistes commença à s’alarmer, d’autant plus que tout le monde
savait que les troupes ne peuvent être mobilisées sans la déclaration
préalable de l’état d’urgence. En plus, les troupes qui tenaient
mobilisées avaient leurs quartiers à Dnepropetrovsk, elles étaient
basiquement composées par les recrues originaires de la région de
Donetsk, Lugansk et Jarkov. Les gens se rendaient compte que le
gouvernement, au lieu d’agir ponctuellement contre les occupants de
certains bâtiments généraux, envoyait directement l’armée, dont on ne
savait pas comment elle allait agir.
Ainsi, malgré ce qu’affirmait
le gouvernement de Kiev, les gens qui sont sortis pour arrêter les chars
n’étaient ni armés, ni achetés par personne, il ne s’agissait pas non
plus de Russes infiltrés ou d’agents à la solde de Moscou. Quelle serait
la réaction de n’importe quelle population du monde que son
gouvernement déclarerait « terroriste » dans son ensemble et le
lendemain lui enverrait l’armée ? Faut-il supposer que quelqu’un les a
achetés pour qu’ils tentent de faire quelque chose ? Les gens qui ne
voulaient pas que cela dégénère en conflit sanglant sont sortis, hommes,
femmes, enfants, désarmés et le visage à découvert, pour demander aux
militaires qu’ils partent de là. Dans certains cas, comme à Kramatorsk,
le 16 avril, les soldats, qui n’avaient aucune idée d’où on les envoyait
ni de qui les envoyaient, se sont indignés et sont passés à la
contre-insurrection. Dans d’autres cas, les soldats, sans présenter de
résistance et pour démontrer qu’ils n’allaient pas entreprendre d’action
militaire, ont démonté leurs armes, confiant à leur commandant les
verrous. Dans certains cas, les gens s’en sont allés avec des caisses de
munitions qu’ils ont remises à la police. Nous ne pouvons pas non plus
garantir qu’il n’y ait pas eu des cas dans lesquels les contre-insurgés
ont conservé les armes réquisitionnées, mais nous ne l’avons pas
constaté, parmi des centaines d’enregistrements et commentaires qu’il y a
sur internet au sujet des événements. Les uniques affrontements ont eu
lieu durant cette première phase de l’ « opération anti-terroristes »,
ce sont produits
aux barrages routiers (presque tous sans armes et à visage découvert)
pour éviter la venue des commandos paramilitaires de Pravyi Séktor.
Quand leurs troupes étaient détectées, le feu était mis au pneumatiques
de la barricade pour aviser les groupes d’autodéfense, qui, eux oui,
étaient armés. C’est ce qui s’est produit dans l’escarmouche de la nuit
du 19 au 20 avril près de Slaviansk, qui fut le plus grave des
événements jusque là.
Face à l’échec de cette
première offensive, le gouvernement de Kiev, déclarant qu’il ne
lancerait pas les troupes contre la population, a renforcé la Garde
Nationale avec l’équipement de l’armée et a commencé à organiser des
groupes irréguliers qui normalement s’identifient comme Pravyi Sektor,
quoique en réalité on ait aucune certitude quand à leur composition
réelle. De fait, de nombreux témoins signalent que parmi eux on a
détecté des participants étrangers qui parlent en anglais et en
polonais, et des rumeurs circulent concernant le recrutement des
mercenaires de l’entreprise internationale Greystone, mais
il n’y a pas de preuves avérées de cela. Ce qui est confirmé, oui,
c’est que le gouverneur de Dnepropetrovosk, Igor Kolomoiskyi, forme à
ses frais une unité de volontaires pour combattre les « séparatistes ».
Une fois ses effectifs
réorganisés, le gouvernement de Kiev a décidé de lancer une seconde et
puissante offensive le 2 mai passé. Alors que les gens du village de Adréievka,
situé entre Kramatorsk et Slaviansk, conscients de ce que le même jour à
Slaviansk les contre-insurgés livraient de durs combats contre la Garde
Nationale et « compagnie », décidèrent d’arrêter une colonne de
véhicules blindés qui se dirigeait vers une colline où se trouve la tour
de la télévision, qui n’était pas en soi l’objectif, mais la position
même, vu qu’elle est un des rares lieu en hauteur ou pouvait être
’installé l’artillerie, tant visant Slaviansk que visant les quartiers
ruraux de Kramatorsk. De fait, ce fut déjà une position importante et
disputée pour cette
raison, lors des batailles de la Seconde Guerre Mondiale. Depuis les
premières heures de la matinée jusqu’au crépuscule, la majorité de la
population de Andréievka, complétement désarmée, a tenté de convaincre
les effectifs de la Garde nationale de se retirer, alors qu’eux
répondaient qu’ils venaient uniquement pour les terroristes, à quoi les
habitants répondaient que les uniques terroristes qu’eux connaissaient
sont ceux de Pravyi Séktor et le gouvernement putschiste ukrainien, et
que les gardes feraient mieux de retourner à Kiev pour la nettoyer des
nazis armés qui se baladent dans les rues, alors qu’ici, c’est-à-dire
dans le Donbass, il y a seulement des gens normaux, qui veulent qu’on
respecte leur droits. Pendant ce temps, les gens amenaient de l’eau pour
donner à boire aux gardes, vu que, il faut le faire remarquer, les
autorités de Kiev ne se sont pas préoccupées d’assurer le ravitaillement
de leurs propres troupes. Cela c’était déjà produit lors de la première
d’offensive, pendant laquelle les « séparatistes » et les
« terroristes » ont du alimenter (par charité pour le dire ainsi) les
troupes envoyées de Dnepropetrovsk.
Quand au crépuscule, les gardes
décidèrent de faire demi tour, les habitants leurs demandèrent de
remettre leurs armes, pour garantir contre le risque d’une attaque dans
le dos. Et ils proposèrent en échange, pour ne pas qu’ils soient accusés
d’avoir déposé les armes de vider les chargeurs en tirant en l’air. A
ce moment, alors qu’il faisait déjà sombre, quelqu’un lança un feu de
Bengale faisant du bruit et de la lumière (de ceux qui faisaient partie
de l’équipement de la Garde, et on n’a pas constaté qu’il y en avait
entre les main de la contre-insurrection), ce à quoi dans la multitude
quelqu’un répondit en lançant un cocktail Molotov, en plus, à ce moment,
on voit apparaître un garde avec une blessure au cou, ce qui a provoqué
la réaction des autres gardes qui ont ouvert le feu. A partir d’ici les
versions divergent. Selon le commandant de la garde nationale, les
terroristes étaient cachés dans la multitude d’où ils tiraient à la
kalachnikov (ce dont nous constatons que c’est faux), avec pour résultat
deux
gardes morts et aucun civil. sD’après les habitants, ceux qui ont
provoqué l’affrontement, ce furent les « commissaires politiques »
incorporés à cette colonne. Selon Viacheslav Ponomariov, le leader de la
résistance de Slaviansk, il y a eu 15 morts, parmi lesquels 4
militaires et 11 civils, plus des dizaines de blessés. D’après son
communiqué ceux qui ont commencé à tirer, ce furent plusieurs radicaux
d’un groupe de Pravyi Sektor qui faisaient partie de la colonne, qui ont
tiré quand ils ont vu qu’elle allait se replier.
Cet affrontement peut être
considéré comme déterminant, parce que jusqu’à ce moment la
contre-insurrection appliquait la politique de ne pas tirer contre les
membres des forces de sécurité de l’état, en partant du principe
qu’elles étaient en service commandé, et de ne le faire que contre des
unités paramilitaires. Cependant, en conséquence de cet affrontement,
les soldats et les membres de la garde nationale ont été avertis que cette
immunité a été suspendue. Cet affrontement a aussi initié les attaques
des troupes régulières contre la population, celle-là même qu’ils
étaient supposés venir défendre contre les « terroristes ». En
parallèle, les habitants de Slaviansk et Kramatorsk ont dénoncé les
actions indiscriminées des francs-tireurs, parmi les victimes desquels
on trouve par exemple Iuliia Izotova, une aide sanitaire abattue d’un
tir dans le dos pendant qu’elle tentait de s’aligner d’une escarmouche à
un poste de contrôle de la route dans lequel elle travaillait comme
infirmière volontaire.
Réflexion finale
Nous ne
prétendons pas que notre version soit absolument indiscutable ni que
nous disposons de suffisamment d’information pour détenir la vérité,
d’autant plus que dans tout conflit chaque partie à sa propre vérité qui
n’est pas toujours dénuée de fondement. Cependant, il est clair qu’en
mettant l’information dans la balance la partie qui coule dans ce cas,
c’est la version des autorités de Kiev, et de ses partisans qui, avec
l’intervention et l’aide pour le moins complaisante de l’Occident,
diffuse une vision pour le moins partiale, quand elle n’est pas
totalement fallacieuse, de la plus grande
partie des événements d’Ukraine, afin de justifier ses actes, qui sont
eux terroristes, contre ceux de ses propres concitoyens qui ne sont pas
disposés à se soumettre à un gouvernement putschiste d’inspiration
néonazie, soutenu par la « dialectique des poings et des pistolets »
Ganna Goncharova et Alberto Montaner
Sources en espagnol :
Terror fascista en Ucrania
Traduction Anne Wolff
Ganna Goncharova est ukrainienne, socialiste, elle est née à Kramatorsk dans la région du Donbass en 1972 dans une famille de membres
du parti communiste de l’Union Soviétique (PCUS). Son grand-père
maternel et son père dirigeaient des organisations du parti dans les
universités où ils étaient professeurs. Elle fut membre du Komsomol dès
1986 jusqu’en 1991. Elle obtint la double licence en ingénierie et
économie à l’Académie de l’État du Donbass et obtint ensuite un master
en Direction d’Entreprises. Pendant un temps elle travailla comme
gestionnaire économique à divers postes de l’administration publique
ukrainienne et comme auditeur des comptes de l’état. Ensuite elle s’est
incorporée à l’entreprise privée et a travaillé comme directrice
financière. Après avoir épousé en 2009 Alberto Montaner Frutos,
professeur à l’Université de Zaragoza elle est venue vivre en Espagne.
Grande connaisseuse de la réalité politique de son pays, détenant de
l’information de première main, elle s’exprime à ce sujet dans deux entrevues avec Marquetalia.org | Artículos para la réflexion política ce texte-ci est chronologiquement le deuxième, s’il traite des derniers événements (avec le décalage de traduction), il nous donne
aussi une vision qui associe une bonne connaissance du terrain et nous
aide à mieux comprendre qui sont les gens en contre-insurrection en
Ukraine, pourquoi et contre quoi – le fascisme – ils se sont levés, pour
l’immense majorité, à visage découvert et sans armes, à cette
connaissance profonde de la réalité ukrainienne et aux information de
première main dont dispose l’auteure est associé un travail d’analyse,
une compilation de centaines de documents, de enregistrements vidéo,
blogs, commentaires de la récente et tragique actualité de l’Ukraine…
Δεν υπάρχουν σχόλια:
Δημοσίευση σχολίου