« Puisque
Strauss a enseigné que le déterminisme mettait naturellement “la
minorité éclairée” en position de diriger “la multitude bornée”, puisque
la vertu est déterminée par l’élite dirigeante, puisque la moralité
n’existe pas, puisque la justice est seulement l’intérêt du plus fort,
puisque le pouvoir de la minorité éclairée est absolu, autoritaire et ne
peut être remis en question, puisque la religion est “le ciment qui
tient la société ensemble”, utiliser la religion à des fins politiques,
mentir, tricher, dissimuler et intimider sont un bien nécessaire pour
atteindre les objectifs recherchés par le gouvernement. La manipulation
des “masses bornées” devient une fin en soi et la distorsion des mots et
des concepts devient la méthode de manipulation… » [William A. Cook] [1]
Lorsque le Coronavirus nous infecte [2]
à la manière de l’idéologie qui se faufile dans nos âmes, pour nous
convaincre qu’il y aurait une différence entre les idéologies « folles »
et les idéologies « meurtrières », et que la mort festoie parmi nous en
un carnaval terrifiant, comme si nous ne chancelions pas tels des
funambules entre cette idéologie infecte et celle du Boko Haram [3],
laquelle idéologie correspond à toute une dialectique portant sur
« l’obscurantisme fanatique » doctrinaire, politique, et stratégique
dans lequel Léo Strauss a prédit [4] que nous nous
enfoncerions jusqu’à l’ivresse ; nous sommes censés être dans
l’impossibilité d’envisager notre libre arbitre, ni par rapport à Dieu
vu l’interprétation barbare de ses Textes, ni par rapport à l’Histoire
dont nous ne retenons que les cris sanglants.
Ceci dit, nous sommes-nous
demandé pourquoi tant d’insistance pour que Dieu et l’Histoire ouvrent
leurs portes à un tel fleuve de sang ?
N’avons-nous pas noté qu’alors que le président Barack Obama se prépare à recevoir Ahmad al-Jarba [5]
– prétendument sans avoir consulté Robert Ford, son ex-ambassadeur en
Syrie, sur les « vertus exceptionnelles » du bonhomme – le boss de Boko
Haram, le dénommé Abou Bakr Chico, a signifié au monde entier : « Voilà l’Islam inventé par l’Amérique ! » ? [6].
Ne savons-nous pas qui a créé Oussama Ben Laden [7][8], le mollah Omar et Ayman al-Zawahiri ?
N’avons-nous pas compris qui a fabriqué le mouvement des « Taliban »
dans le but de protéger les gazoducs qui courent du Turkménistan à
l’océan Indien ?
N’avons-nous pas encore compris
qui a semé parmi nous « les us et coutumes des chameaux », pour nous
dresser telle une muraille face au communisme idéologique, avant de
transformer nos corps en théâtre de jeu au profit de ses seuls
intérêts ?
N’était-ce pas terrifiant de voir Abou Bakr Chico, censé être une
extension de nous-mêmes, se dandiner tel un hystérique en annonçant
qu’il vendrait les étudiantes mineures enlevées au Nigéria sur le marché
des esclaves ; vente qu’il inaugurerait en épousant deux d’entre
elles ?
En quoi ce loup est-il
différent de Abou Moussab al-Zarqaoui, de Abou Muhammad al-Maqdisi, de
Abou Bakr al-Baghdadi, de Abou Muhammad al-Joulani, et de tous les
« Abou »… [Père de..., en arabe, NdT] pour nous qui avons vécu, dans la
tourmente de l’ère palestinienne, la « malédiction de tant de pères » ;
celle d’Abu la terreur, puis celle d’Abu la mort, pour en arriver
maintenant à celle d’ « Abou l’arabe » qui se vante d’étaler son butin
de têtes tranchées sur son présentoir à légumes ?
Qui doute du droit du peuple
syrien à la justice et à la démocratie ? Mais que représente al-Jarba en
la matière, alors que nous savons tous qu’il est dirigeable de la même
façon qu’on dirige les chameaux ? En quoi ces résurgents de Houlagou, de
Dracula, ou de ceux qui ne sont pas encore sortis de l’Âge de pierre,
et qui sont définitivement incapables d’en sortir, peuvent-ils offrir la
démocratie aux Syriens ? En quoi sont-ils susceptibles de corriger les
défauts d’un régime prétendument seul coupable de la tragédie en cours ?
Al-Jarba peut bien applaudir
parce que Washington a accordé le statut de « mission diplomatique » aux
bureaux de la Coalition nationale syrienne [de là à parler
d’ambassade !!! [9], NdT]. Mais, a-t-il intégré que
cette mesure n’a aucun sens et surtout ne procure aucune immunité
diplomatique ? Et, que cherche ce révolutionnaire très visiblement
« halluciné » ?
Ne sait-il pas pertinemment
qu’il aura tout au plus une photo de lui en compagnie du maître de la
Maison Blanche et, si Dieu le veut, une poignée de dollars ? Il est vrai
qu’on parle de 27 millions de dollars destinés en grande partie aux
« révolutionnaires en hôtels cinq étoiles », lesquels céderont un peu de
mitraille aux mercenaires coincés dans leurs conduits souterrains [10].
Comme il est vrai qu’il a déjà réclamé des « armes efficaces » pour
détruire les avions et les blindés du « régime », dans l’espoir de
monter son chameau [blanc ?] avant de partir à l’assaut du palais
présidentiel, où il serait enfin sacré président de la République
syrienne par tous ceux qui sont déterminés à imposer définitivement leur
tutelle sur la Syrie.
Sage ! Sage bonhomme, parce que
ton rôle est celui du pantin. N’as-tu pas constaté l’allégresse des
sénateurs John Mc Cain et Lindsey Graham lorsque tu as atterri à
Washington? Ne sais tu donc pas que c’est ainsi qu’ils manipulent les
marionnettes qui exécutent, à la lettre, leurs stratégies meurtrières ?
D’ailleurs, ils ne se donnent même plus la peine de taire le rôle du
lobby sioniste rejoint par un autre lobby arabe, dans la préparation de
ta visite.
Quel autre prétexte leur reste
t-il pour justifier le recrutement d’une nouvelle armée de mercenaires
qui occuperait durablement l’Armée nationale syrienne ?!
Qui accepterait que tombe le
rideau ? Qui accepterait que la crise syrienne prenne fin ? Israël ? La
Turquie ? Ou les arabes ? Lesquels arabes, lorsqu’ils pointent leur nez
en dehors de leurs abaya et folie tribales, sont bien obligés de
constater que le mode de propagation virale par un coronavirus est
parfaitement superposable à celui de l’idéologie qui imprègne désormais
l’ensemble de nos sociétés ? Se sont-ils posé la question de savoir en
quoi Abou Bakr Chico était si différent des membres du réseau terroriste
récemment découvert au royaume d’Arabie saoudite [11],
lequel réseau est en liaison opérationnelle et logistique avec celui de
DAECH [EIIL : État Islamique en Irak et au Levant] qui opère en Syrie ?
Tout cela ne suffit donc pas pour que nous comprenions enfin où nous
irions et à quel point nous serions désintégrés si la Syrie venait à
être disloquée ou à disparaître ?
Le plus désolant est de voir
nos « intellectuels » débattre, encore et toujours, sur la nécessaire
démocratie en Syrie. Et uniquement en Syrie ! Quant à savoir pourquoi
Platon n’est invité à fouler que le sol du territoire syrien, et d’aucun
autre pays arabe, c’est une autre affaire.
Comment est-il possible que notre nation supporte une telle
manipulation alors que nous voyons nos terres se dérober sous nos
pieds ?
Est-il possible qu’Ahmad
al-Jarba ignore ce qu’il représente aux yeux des agences du
Renseignement des États-Unis ? Ne sait-il donc pas qu’il remplit la
fonction d’une allumette, ni plus, ni moins?
Tout un monde arabe et tout un
monde musulman résumés en Boko Haram ? Pas question de laisser Abou Bakr
Chico nous brader au marché des esclaves !
Nabih al-Borji
11/05/2014
Source : Al-Diyar
http://www.charlesayoub.com/more/747740Traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal
[1] Arracher le voile de la civilité israélienne
[2] Le coronavirus s’installe au Moyen-Orient
http://sante.lefigaro.fr/actualite/2014/05/08/22320-coronavirus-sinstalle-moyen-orient
[3] Boko Haram
[4] Politique de la peur
http://fr.wikipedia.org/wiki/Politique_de_la_peur
Extrait :
Leo Strauss, philosophe politique, développe l’idée que le peuple est divisé en « nombreux communs » (« vulgar-many ») et « peu de sages » (« wise-few »). Les sages ont pour tâche de maintenir l’ordre, et pour atteindre leur but peuvent user de « nobles mensonges » (« noble lies »). Si les « nombreux communs » sont laissés à l’individualisme, au libéralisme et au relativisme,
il ne peut en résulter que le chaos. Un mythe inventé par les
dirigeants servira à contrôler le peuple. En inventant ou en entretenant
une « guerre perpétuelle », le peuple pourra être mené pour son propre
bien22. Les néo-conservateurs américains se réclament de la philosophie de Leo Strauss
[5] Le chef de l’opposition syrienne à Washington[6] La vidéo du leader de Boko Haram / par « Le Monde »
http://www.dailymotion.com/video/x1taljq_la-video-du-leader-de-boko-haram_news
[7] Hillary Clinton: ‘We Created al-Qaeda’
[8] Hillary Clinton We created Al Qaeda
[9] La Coalition nationale syrienne a désormais une ambassade à Washington
[10] Syrie : Une guerre souterraine au propre et au figuré !
[11] Arabie saoudite : démantèlement d’un réseau “terroriste” lié à el-Qaëda
Monsieur Nabih al-Borji est un auteur et un analyste politique libanais.
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