Mondialisation.ca, 16 mai 2014
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L’émotion soulevée par l’enlèvement et la séquestration de 200 jeunes filles nigérianes est compréhensible et légitime.
Mais, quand cette émotion est en
quelques heures instrumentalisée mondialement, elle devient un objet
politique de grande magnitude qui mérite d’être analysé rationnellement.
L’émotion planétaire est
orchestrée au plus haut niveau : Michelle OBAMA lance elle-même la
campagne aussitôt suivie par ses clones parisiennes : Carla Sarkozy et
Valérie Trierweiler. La propagande se décide dans les lieux de pouvoir
et le casting se fait directement dans les alcôves présidentielles.
Cette mise en scène intervient au moment même où le premier ministre chinois Li Kexiang est reçu par l’Union Africaine à Addis Abeba et confirme l’intensification des relations économiques politiques et sociales sino-africaines.
Pendant que Michelle Obama
effectue sa prestation, son mari s’occupe lui de la gestion de
l’après-émotion. Pas de grand show à la George Bush, le personnage est
plus roublard ou plus fourbe, mais la décision quasi immédiate d’envoyer
dans le ciel nigérian des drones pour lancer la chasse aux ravisseurs.
Le parallèle avec Septembre 2001
est instructif, la dimension de l’évènement est moindre la réaction
l’est aussi mais elle était préconçue comme l’était l’assaut stérile et
meurtrier sur l’Afghanistan.
Pendant que Michelle Obama
effectue sa prestation, son mari s’occupe lui de la gestion de
l’après-émotion. Pas de grand show à la George Bush, le personnage est
plus roublard ou plus fourbe, mais la décision quasi immédiate d’envoyer
dans le ciel nigérian des drones pour lancer la chasse aux ravisseurs.
Le parallèle avec Septembre 2001
est instructif, la dimension de l’évènement est moindre la réaction
l’est aussi mais elle était préconçue comme l’était l’assaut stérile et
meurtrier sur l’Afghanistan.
Explication :
La néo-domination de l’Afrique
par les puissances impérialistes néocoloniales, Etats-Unis en tête
suivis avec un entêtement persistant par le clone américano-sioniste
« Hollando-Fabiusien » qui gouverne à Paris, est à l’ordre du jour
depuis la percée économique chinoise sur le continent et l’adhésion de
l’Afrique du Sud aux BRICS.
Elle s’est concrétisée, comme
toutes les options stratégiques des Etats-Unis qui prennent
systématiquement et prioritairement la forme d’un projet de domination
militaire par la création en 2008 d’AFRICOM commandement militaire US
intégré pour l’Afrique (Egypte exclue).
Depuis cette date, sans faire
beaucoup de bruit, l’armée US a déployé une activité régulière et
diversifiée sur le continent et le refus de façade des dirigeants
africains d’accueillir sur leur territoire le commandement d’AFRICOM qui
reste en Allemagne n’a en rien entravé son action.
1- Création d’une « base
lourde ». Par « base lourde il faut entendre une installation permanente
en dur où peuvent stationner des milliers de personnes : militaires,
« mercenaires » au sens de personnels contractuels participant à des
opérations militaires et personnels civils de service. Telle est la base
de Djibouti où progressivement la présence US sous l’appellation de
« EAST AFRICA RESONSE FORCE » éclipse l’ancienne présence française en
recul. De Djibouti peuvent partir des avions de transport (par exemple
pour acheminer des soldats français en Centrafrique) des drones (par
exemple pour bombarder au Yémen ou en Somalie) des forces spéciales (qui
vont partout) et des instructeurs chargés de former ou d’encadrer des
forces armées africaines (voir plus loin).
2- Création de « bases
légères » : il s’agit d’installations légères, démontables, discrètes à
l’occasion pouvant accueillir quelques dizaines de soldats mais bien
équipées en matériel , bien ravitaillées, bien connectées aux réseaux de
transmission et dotées d’une piste d’atterrissage. D’après l’enquête
conduite par l’essayiste étasunien NICK TURSE de telles bases existent
aujourd’hui
NICK TURSE prend en compte les
forces spéciales qui sont hors statistiques militaires officielles
(lesquelles minimisent les chiffres en ne comptant que les militaires
stricto sensu, sans les « mercenaires » et sans les forces spéciales)
et aboutit à un effectif global d’AFRICOM en Afrique plus proche de
10000 hommes que des 1500 affichés par le Pentagone. « Base » ne
signifie pas vaste installation mais au moins lieu fixe de casernement,
de ravitaillement et de raccordement au réseau de transmission
utilisable par des dizaines voire des centaines d’hommes.
- une base aérienne à Ouagadougou
- deux bases en République centrafricaine à Obo et Djeme
- une base au Congo à Dungu
NICK TURSE s’intéresse
également aux bases de drones qui se trouvent au Niger, en Ethiopie et
aux Seychelles et aux postes où sont stationnées les forces spéciales de
la Marine installées au Kenya et en Ethiopie qui peuvent être dotés de
pistes d’atterrissage pour les gros transporteurs Hercules
3 – Accords de coopération permettant à l’armée US d’utiliser des aéroports civils dans des dizaines de pays africains.
Pour cette activité des accords
ont été passés avec les gouvernements du Sénégal, du Maroc, du Nigeria,
du mali du Botswana du Ghana de la Tunisie d’Egypte pour utiliser les
aéroports internationaux de ces pays : au total la logistique militaire
US a porte ouverte dans 29 pays d’Afrique.
4 – Actions de formation
d’armées africaines : la création d’Africom a permis de passer d’une
période où la formation d’officiers africains se déroulait dans les
écoles militaires aux Etats-Unis même et gardait donc un caractère
élitaire et onéreux à une formation de masse, de base et à coût allégé
directement dans le pays concerné. Ces formations sont organisées et
encadrées par des contractuels privés et les militaires sont réservés
aux cours et à la mise en pratique. Les formations sont diversifiées. Il
peut s’agir de formations au combat classique, à la recherche de
renseignements (espionnage), au maintien de l’ordre, ou aux opérations
humanitaires. De cette façon et avec l’aimable complicité des dirigeants
africains concernés les militaires US fabriquent des supplétifs pas
chers, formés à leurs standards, utilisant des matériels étasuniens,
anglophones a minima et dépendants à la fois pour la logistique et les télécommunications des réseaux militaires US.
Sous le label ACOTA Les actions
de formation aux opérations de maintien de la paix et aux opérations
qualifiées d’humanitaires ont lieu dans de nombreux pays :
Benin, Botswana, Burkina Faso,
Burundi, Cameroun, Djibouti, Ethiopie, Gabon, Ghana, Kenya, Malawi,
Mali, Mauritanie, Mozambique, Namibie, Niger, Nigeria, Rwanda, Sénégal,
Sierra Leone, Afrique du Sud, Tanzanie, Togo, Ouganda et Zambie.
Les limites entre la formation à
froid et la formation « sur le tas » dans des opérations en cours sont
difficiles à tracer. Il semble que la seconde formule soit à l’oeuvre au
Sénégal, au Tchad, au Congo, et en Ouganda.
Ces actions de formation ont lieu dans des locaux et casernes financés et équipés par les Etats-Unis.
La formation au renseignement militaire a lieu en Guinée au Niger et au Tchad
Une opération géopolitique de grande envergure
Cette politique de contrôle
militaire indirect des pays africains s’était, dans ses débuts,
concentrée sur la bande sahélienne. La destruction de la Lybie,
l’alignement ancien du Maroc et le changement de gouvernement en Tunisie
lui ont permis d’étendre son influence sur tout le Maghreb. Cependant
les généraux algériens, sans repousser l’aide militaire US et disposant
à la différence de la plupart des généraux africains de budgets
confortables, s’efforcent de la maintenir dans les limites d’une
coopération pas trop inégalitaire.
Le sud du continent africain où
n’existe pas, jusqu’à présent, le prétexte de lutte contre le terrorisme
est resté assez à l’abri des ambitions et des missions d’AFRICOM mais
NICK TURSE sur son site en ligne TOM DIPSATCH considère qu’AFRICOM
intervient dans 49 Etats africains sur 55.
La crise des jeunes filles
nigérianes vient à point nommé pour permettre à AFRICOM de venir
encadrer de plus près ce pays et son armée, une armée nombreuse mais
ravagée comme le pays tout entier par une corruption extrême et qui a
été incapable de venir à bout depuis 10 ans de BOKO HARAM et
probablement pour en faire la place forte anglophone d’AFRICOM et le
coeur du dispositif néocolonial US remarquablement placé au centre du
continent. L’enjeu est de taille puisqu’il s’agit du pays le plus
peuplé d’Afrique – 175 millions d’habitants -, de la première économie
africaine, le PIB nigérian - environ 500 milliards $ – venant juste
de dépasser le PIB sud-africain. (Un
chiffre sur le niveau de développement du Nigeria pourtant gros
producteur de pétrole et de gaz : la consommation d’électricité par
tête d’habitant au Nigeria est de 1/100° de celle des Etats-Unis –
dans sa grande commisération, Michelle Obama aurait aussi pu le dire) et d’un gros vendeur de pétrole aux Etats-Unis.
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